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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 16:44

LE GROUPE RRDP NE VOTERA PAS
LA PROPOSITION DE LOI CLAEYS-LEONETTI

 

Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, président du groupe RRDP (Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste) de l’Assemblée nationale :

« Le groupe RRDP a déposé dès le début de la législature, le 26 septembre 2012, une proposition de loi ‟ relative à l’assistance médicalisée pour une fin de vie dans la dignité ”.

En revanche, il ne votera pas la proposition de loi Claeys-Leonetti qui correspond à une tout autre démarche.

‟ La sédation profonde et continue jusqu’au décès associée à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie ”, prévue par ce texte, présente plusieurs défauts majeurs.

D’une part, cette sédation accompagnée de l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation artificielles – désormais qualifiées non plus de ‟ soins ” mais de ‟ traitements ” par ce texte – peut parfois entraîner des effets très pénibles (faim, soif, etc.).

D’autre part, avec cette sédation continue, le décès intervient souvent seulement au bout de plusieurs jours, voire parfois d’une à deux semaines. Cette démarche peut donc ne pas éviter une fin de vie douloureuse, une agonie parfois lente et longue.

Enfin, cette sédation, qui est en fait une anesthésie générale, provoque ‟ une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès ”, comme le précise la proposition de loi. Ce qui rend impossibles les derniers contacts du patient avec sa famille, alors qu’il aspire à décéder entouré de celle-ci pour avoir une communication ultime avec elle.

Il faut donc accepter d’autres pratiques et en particulier l’assistance médicalisée active à décéder, strictement encadrée, si telle est la volonté du patient en phase terminale.

Il importe de respecter la liberté de décision du malade en fin de vie, ultime espace d’autonomie et de dignité. Choisir sa mort doit être la dernière liberté. » 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 07:48
"Il faut protéger la religion d'elle-même"
Il n'est pas certain que l'on doive se soucier de protéger la ou les religions d'elles mêmes, après tout, cela relève de leurs responsabilités internes propres. Mais constatons que les extrémismes développent les tensions qui conduisent aux meurtres et aux assassinats de masse et participent à la destruction des sociétés humaines.

Le concept de laïcité doit s'imposer. En séparant le rôle de l'Etat de celui de la religion et reléguant la religion à un rôle centré sur la sphère privé la laïcité restitue de fait les fondamentaux d'égalité, de liberté.

Note de JP Bernard pour le PRG29

La première menace contre la liberté religieuse est l'extrémisme religieux. Le monde doit l'admettre et agir en conséquence.

Dans le monde entier, la liberté religieuse ne cesse d'être menacée. À une autre époque, la foi subissait principalement l'hostilité des autocraties laïques ou des régimes totalitaires. Les choses ont changé. Aujourd'hui, les persécuteurs les plus actifs des religions minoritaires ou des dissidents religieux sont les extrémistes. Au cours de ce siècle encore jeune, le monde aura assisté à une augmentation spectaculaire du nombre de groupes extrémistes pour qui les «autres» religions se doivent d'être combattues en raison de leurs soi-disant transgressions.

Les États reconnus ne sont plus les seuls à commettre des abus, comme au temps de la Guerre froide. Au Moyen-Orient, l’État islamique est devenu le parangon d'une organisation terroriste épousant une odieuse idéologie, d'inspiration religieuse, et honnissant la diversité de pensée et de croyance. Ses attaques génocidaires sur les Yézidis, remontant déjà à l'année dernière, et le choix entre la «conversion ou la mort» offert aux chrétiens (documenté dans un article récent et très commenté du New York Times) en sont quelques preuves parmi les plus atroces. Mais les musulmans ne sont pas pour autant épargnés. Les chiites ou les sunnites dissidents peuvent aussi être condamnés à mort.

Le Moyen-Orient n'est pas la seule région du monde affectée par cette nouvelle tendance. En Asie du Sud, les talibans (que ce soit dans leur version pakistanaise ou afghane) s'en sont pris aux chrétiens et à d'autres non-musulmans, tout en attaquant de manière abjecte des sectes islamiques censées incarner les «mauvais» musulmans. En Birmanie, le Mouvement 969, formé par des moines bouddhistes radicaux, incite au lynchages de musulmans de la minorité Rohingya. Et ces moines extrémistes suivent le même programme que leurs homologues du Sri Lanka, qui prennent aussi pour cible les minorités chrétiennes et musulmanes de ce petit pays insulaire.

En Afrique, la violence de l'extrémisme religieux touche aussi un nombre croissant de pays. L'organisation terroriste Boko Haram s'en prend autant à des églises qu'à des mosquées qui s'opposent publiquement à son idéologie et à sa brutalité. En Centrafrique, des milices d'obédience religieuse auront commis des massacres dans les communautés chrétiennes et musulmanes. À divers endroits du continent, plusieurs extrémistes ont annoncé leur ralliement à l’État islamique, nouvelle franchise de la violence religieuse.

Une nouvelle réalité qui constitue un épineux défi pour la communauté internationale, et pour ses engagements en faveur des droits de l'homme et de la liberté religieuse. Ces groupes sont souvent hors de portée des canaux diplomatiques normaux. Ce que peut penser le monde leur importe peu, vu qu'ils cherchent activement à bousculer l'ordre international.

Consolider la lutte contre le terrorisme

Pour y réagir, il faut que les gouvernements réfléchissent à de nouvelles stratégies. Il n'existe pas de recette unique permettant de vaincre le sectarisme religieux. L'extrémisme religieux violent se nourrit de nombreux facteurs, souvent spécifiques à des contextes locaux. La réaction se doit donc d'être flexible, globale et coordonnée, elle ne doit pas se fragmenter entre divers bureaux et agences. La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), dont je suis le directeur chargé de la politique et de la recherche, a proposé l'an dernier une série de changements à appliquer au droit et à la politique afin de permettre aux États-Unis d'être en meilleure posture pour s'engager sur ces questions. Parmi ses recommandations, l'USCIRF conseille aux États-Unis de modifier sa liste des «pays particulièrement préoccupants» afin d'y intégrer les pires transgresseurs de la liberté religieuse même s'il s'agit d’États faillis ou d'acteurs non étatiques, d'augmenter les financements alloués aux recherches de terrain et d'accentuer l'importance de la tolérance et de la liberté religieuse dans ses campagnes de communication les plus stratégiques.

Le problème de la liberté religieuse est enchevêtrée avec bon nombre des défis auxquels les États-Unis doivent faire face en matière de politique étrangère. C'est ce qu'aura reconnu le président Barack Obama en février dernier, lors du sommet contre «l'extrémisme violent», lorsqu'il a souligné combien la véritable démocratie et la stabilité politique requéraient la «liberté de religion» –parce que, lorsque les individus sont libres de pratiquer la foi qu'ils ont choisie, «une société composée d'éléments divers peut rester unie».

Par ailleurs, une meilleure assimilation de la liberté religieuse dans les initiatives américaines visant à combattre Daech, et d'autres extrémistes, peut améliorer la lutte contre le terrorisme. En fin de compte, la liberté religieuse est une question de liberté de penser –le droit pour les individus de croire ce qu'ils veulent et d'appliquer ces croyances dans leur vie, tant que ces applications sont pacifiques et non coercitives. Les environnements qui soutiennent la liberté religieuse sont ainsi mieux positionnés pour rejeter les idéologies violentes. La liberté religieuse n'est évidemment pas une panacée. Mais elle peut consolider la lutte contre le terrorisme en protégeant l'espace civique alloué à la diversité de pensée et de croyance.

Reste que les États-Unis ne peuvent être les seuls à mener ce combat. Les défis sont transnationaux, tant les groupes extrémistes se moquent des frontières et mélangent idéologie et criminalité. Pour permettre une réaction efficace, les pays valorisant la diversité de pensée et de croyance doivent, eux aussi, œuvrer de concert. Il existe déjà des initiatives multinationales de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, à l'instar du Forum mondial de lutte contre le terrorisme. D'autres initiatives sont en cours de réalisation et visent à construire des coalitions de gouvernements partageant un même état d'esprit favorable à la liberté de religion. Un réseau de législateurs internationaux a su tirer profit du capital politique de ses membres pour protéger la liberté religieuse au Pakistan, en Birmanie ou encore en Indonésie. Quant à l'Union européenne, son nouveau plan d'action en faveur des droits de l'homme accentue la promotion de la liberté religieuse et la protection des minorités, en se focalisant sur les vingt-huit nations qui la composent.

Législation religieuse oppressive

Et si les États-Unis, comme d'autres gouvernements, ont besoin de nouvelles stratégies proactives, ils doivent aussi décourager les mauvaises politiques mises en œuvre par des gouvernements partenaires et susceptibles d'alimenter l'extrémisme. Des études menées par le Pew Forum on Religion and Public Life ont montré que, si le monde est très largement religieux, les restrictions politiques sur la libre pratique religieuse sont en augmentation. C'est une recette d'instabilité et de violences accrues.

Dans bon nombre de régions, la brutalité des gouvernements aura transformé des extrémistes en martyrs et suscité des frustrations alimentant les logiques insurrectionnelles. Un récent rapport du département d’État américain sur le terrorisme consigne cette dynamique, notamment dans plusieurs pays d'Asie centrale. Pour ne donner qu'un exemple, ses données relatives au Tadjikistan soulignent «l'impact négatif sur les libertés religieuses» des actions gouvernementales cherchant à juguler l'extrémisme religieux, en interdisant par exemple aux femmes et aux mineurs de se rendre dans les mosquées. Des abus susceptibles de provoquer de violentes réactions. En 2010, le Mouvement islamique d’Ouzbékistan tuait ainsi vingt-cinq soldats tadjiks en représailles à la législation religieuse oppressive en vigueur dans ce pays et limitant la libre pratique de l'islam.

Des groupes extrémistes peuvent aussi trouver l'inspiration dans les lois régressives des pays où ils opèrent. Prenez par exemple les lois contre le blasphème. Quand de telles lois sont officielles, des extrémistes se sentent souvent obligés de les faire respecter eux-mêmes. Au Pakistan, premier pays du monde en matière d'individus emprisonnés pour ce soi-disant «crime», la pénalisation du blasphème aura alimenté la violence extrémiste contre des défenseurs des droits de l'homme, voire suscité des lynchages contre des chrétiens ou des musulmans ahmadis. Sombre ironie de l'histoire, la pénalisation du blasphème renforce précisément les groupes extrémistes qu'une telle législation est censée combattre.

Des extrémistes religieux tuent des représentants de minorités religieuses ou des dissidents de leur propre foi, et représentent un danger aussi manifeste qu'actuel contre la diversité de pensée et de croyance. Ces groupes violents constituent, dans un avenir proche, un défi majeur pour les États-Unis et leurs alliés en termes de sécurité nationale, de préoccupations humanitaires et de droits de l'homme. À l'évidence, des régimes laïcs comme la Corée du Nord ou l’Érythrée poursuivront leurs abus, et les États-Unis comme la communauté internationale devront redoubler d'efforts pour exhorter ces régimes autoritaires à la réforme. Mais l'essor d'un extrémisme religieux violent nécessite une nouvelle perspective –un changement de cap qui verra les gouvernements reconnaître le problème, s'y adapter rapidement et œuvrer de concert afin de le résoudre.

Knox Thames in www.slate.fr

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 12:30

Graf de HOZ à Quimper

Fresque graffiti « Brevetage du vivant »

Les graffeurs Hoz et Phoaick réalisaient une fresque graffiti éphémère, sur les Quais du Steir à Quimper, ce mercredi 30 septembre 2015. Le thème retenu pour cette action était le brevetage du vivant.

« Nous ne sommes que locataires de cette planète ».

Pour revenir sur les faits et pour en savoir plus, voici un peu de lecture : - https://fr.wikipedia.org/wiki/Brevetabilit%C3%A9_du_vivant - http://blogs.mediapart.fr/blog/catherine-morand/100415/breveter-le-vivant-jusquou-jusqua-quand - http://information.tv5monde.com/info/europe-le-vivant-est-desormais-brevetable-29257 - http://www.infogm.org/faq-les-brevets-sur-le-vivant-et-les-OGM

photos

Amitiés radicale HOZ

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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 19:07

Deux semaines après avoir été porté à la tête du Labour avec 59 % des voix, Jeremy Corbyn a reçu, mardi 29 septembre à Brighton (Royaume-Uni), l’onction enthousiaste du congrès travailliste. Ovations debout répétées, acclamations, bras levés : le discours qu’il a prononcé et sa réception par les militants confirment que l’outsider radical de la primaire travailliste n’est pas l’accident de l’histoire que David Cameron et la majorité des médias se plaisent à décrire.

Désireux de balayer l’image du coupeur de têtes néomarxiste que renvoient les tabloïds, M. Corbyn s’est habilement présenté comme un homme à l’écoute, convaincu des vertus de la contestation et du « libre débat », porteur des valeurs ouvrières historiques du Parti travailliste et promoteur d’une société « plus douce, plus accueillante », capable de « prendre soin » des démunis.

« Diriger, c’est écouter », a-t-il lancé à l’adresse de tous ceux qui, en particulier chez les députés de son propre parti, combattent ses positions tranchées contre l’arme nucléaire et le plafonnement des aides sociales, et pour la nationalisation des chemins de fer. « Ne pas être d’accord, ce n’est pas la fin du monde, si on se retrouve à la fin pour défendre nos idées contre les tories », a-t-il lancé.

 

Depuis qu’il a été élu, l’homme a déjà montré qu’il savait mettre de l’eau dans son vin : après le scandale suscité par son refus de chanter le God Save the Queen, lors de la commémoration de la Bataille d’Angleterre, il a accepté de se conformer aux usages. Alors que son élection marque une victoire pour les eurosceptiques de gauche, il a aussi promis de défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum prévu d’ici à 2017.

Lire aussi : Jeremy Corbyn cherche à surmonter les critiques de ses détracteurs

 

Mardi, pour son discours-programme retransmis par tous les médias, il portait une cravate grenat mal serrée et lisait son texte sur un prompteur. Mais ses concessions ne se sont pas limitées au style : en évitant de trancher sur les sujets qui fâchent, en caressant largement les militants dans le sens du poil, il a manifesté un solide sens politique et de la synthèse, sans pour autant céder à la démagogie.

 

Dénonçant la revendication de David Cameron d’une exemption pour le Royaume-Uni en matière de droits sociaux européens, Jeremy Corbyn a défendu « une Europe de l’unité et de la solidarité ». Se posant en défenseur des droits de l’homme dans le monde, il a dénoncé le soutien de Londres et les ventes d’armes à des régimes comme l’Arabie saoudite. Convaincu qu’« un peu plus de bombes » sur la Syrie ne réglerait rien sans une « stratégie diplomatique », il a appelé à « tirer les leçons du passé », en particulier, la décision de Tony Blair d’engager le pays en Irak « sur la base de mensonges ».

 

Mais la principale cible du nouveau chef de l’opposition au gouvernement de Sa Majesté est évidemment David Cameron et sa sévère politique d’austérité. Accusé par le premier ministre de constituer « une menace » non seulement pour la sécurité nationale à cause de son opposition à la force nucléaire, mais aux familles britanniques en raison de sa contestation des coupes sur les budgets sociaux, Jeremy Corbyn lui a renvoyé la politesse. Maniant l’anaphore sur le thème « Où est la sécurité lorsque… ? », il a énuméré les situations d’insécurité sociale que vivent nombre de Britanniques : baux de location de six mois, impossible accès à un logement abordable, emplois précaires, réduction des aides sociales, recours aux banques alimentaires. Et d’appeler les militants à combattre ces injustices, afin de construire « une gauche moderne, une société plus juste pour tous ».

Lire aussi : Royaume-Uni : Corbyn réussit son grand oral face à Cameron

 

Le respect des opinions des autres, le fair-play, la solidarité, « ces valeurs que partagent la majorité des Britanniques, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles j’aime ce pays et son peuple », a insisté le leader, dont le patriotisme avait été mis en cause après l’épisode du God Save the Queen.

 

La référence appuyée aux fondamentaux de la gauche – la solidarité, le refus de l’injustice et des préjugés –, reléguée au second plan ces derniers temps au profit du sérieux budgétaire revendiqué, ne pouvait que déclencher des tonnerres d’applaudissements consensuels. Pour M. Corbyn, soupçonné de provoquer l’éclatement de son parti, c’était essentiel.

 

La revendication d’une renationalisation des chemins de fer – plébiscitée largement selon les sondages – et d’une gestion des établissements scolaires par les collectivités locales et non par des entités privées peut également facilement unir le « peuple de gauche ».

Lire aussi : Corbyn réveille les vieux démons du Labour

 

Mais le discours de Brighton a évité plusieurs sujets très clivants, notamment le déficit budgétaire et l’immigration, deux dossiers stratégiques sur lesquels les électeurs ne font pas confiance au Labour et qui divisent profondément le parti. Il n’a pas non plus clarifié la position du Labour sur des questions clés comme l’Europe ou l’arme nucléaire : M. Corbyn a seulement répété son opposition, tout en prônant la défense des emplois qui y sont liés, conformément à la position des syndicats qui soutiennent ardemment le nouveau leader.

 

Tous ces différends devront être tranchés, et M. Corbyn s’est dit « ouvert au débat ». Les élections locales, notamment à Londres et en Ecosse, au printemps prochain, constitueront un premier test de l’écho de la nouvelle ligne du parti auprès des électeurs. Ses opposants au sein du parti semblent avoir enterré la hache de guerre, pour l’instant. Mais font savoir qu’ils l’attendent au tournant.

 

Mais le nouveau leader travailliste a aussi rappelé le mandat clair « pour le changement » que la primaire lui a conféré. Avec 50 000 nouvelles adhésions enregistrées au parti depuis son élection, Jeremy Corbyn dispose d’une légitimité à se poser en chef de file d’un mouvement de masse, notamment parmi la jeunesse. Tous ses lieutenants l’ont répété à Brighton devant des audiences électrisées : il s’agit de transformer le vieux Labour Party en un vaste« mouvement anti-austérité ».

Lire aussi : Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?

 
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Publié par radicalisme-finisterien - dans Politique International
28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 12:43

Emmanuel Macron : "le libéralisme est une valeur de gauche".

Le Monde.fr | 27.09.2015 à 19h43 • Mis à jour le 27.09.2015 à 23h10 | Par Audrey Fournie

La salle était comble, ce dimanche 27 septembre 2015. Plutôt que d’arpenter un bitume parisien ensoleillé et débarrassé, pour quelques heures, de la majorité de ses voitures, près de 150 personnes sont venues écouter le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, se livrer à un exercice de pédagogie probablement jugé nécessaire face aux critiques dont il fait l’objet dans son camp.

Détendu mais offensif, il a répondu pendant un peu plus d’une heure aux questions du directeur éditorial du Monde, Arnaud Leparmentier, présenté au public par ce bon mot de Jérôme Fenoglio, directeur du quotidien : « Arnaud Leparmentier est au Monde ce qu’Emmanuel Macron est au gouvernement… » S’en est suivie une conversation courtoise mais animée pendant laquelle Emmanuel Macron a voulu convaincre : « Je suis de gauche, mais… »

«… Je vais continuer », a répondu le ministre après qu’Arnaud Leparmentier lui a demandé s’il « le faisait exprès » de susciter la polémique par ses sorties peu conformes à la doxa socialiste. « Il faut rénover la pensée profonde de la gauche, a-t-il martelé, j’ai rarement vu des gens aller au bout du bovarysme parlementaire », dénonçant l’inaction de ceux qui ne vont pas au bout de leurs souhaits de réforme.

«… J’assume qu’il y ait un libéralisme. Le libéralisme est une valeur de gauche. » Déterminé à montrer qu’il ne s’est pas trompé de famille politique, le ministre a exposé sa conception de la lutte contre les inégalités, qui n’est pas, selon lui, « la correction ex post de [ces] inégalités » mais « l’égalité des chances » et la « valorisation de la réussite ». Et de prendre en exemple l’ouverture des lignes d’autocar pour le transport des passagers : « On a rouvert de la mobilité, c’est une lutte contre l’inégalité. »

«… Les partis sont beaucoup moins dans la production d’idées. Est-ce que la pensée économique sort des partis aujourd’hui ? Beaucoup moins. » Faisant référence à la polémique consécutive à ses considérations sur le statut des fonctionnaires, il réplique : « Les réactions sur ce que j’ai pu dire montrent une gêne à accepter qu’un politique puisse réfléchir, en marge de son action. » Répondant à une question sur la place grandissante des discours clivants d’intellectuels comme Michel Onfray ou Eric Zemmour, il a d’abord précisé qu’il n’était pas sur la même ligne qu’eux, avant de souligner qu’on « s’affaiblit en refusant de voir ce que ces pensées disent de l’état du monde, de l’état de la gauche ». Reconnaissant que « ce pays a le paradoxe de surinvestir la chose publique et de la critiquer en même temps », il s’est toutefois prononcé pour « une culture de l’évaluation et du suivi » pour l’action politique.

«… J’ai été très heureux dans le métier de banquier. » « Rien ne me prédestinait à être ici devant vous », a-t-il ajouté, avant de rappeler ses origines – fils de médecins, ayant passé des concours « ouverts à tous ». Face aux procès en illégitimité qui lui sont faits pour avoir travaillé dans la banque, il a souligné qu’il avait été plus longtemps fonctionnaire que banquier, et regretté qu’aujourd’hui « on vous demande d’où vous venez plutôt que ce que vous faites ».

« L’Etat a parfois pris trop de place »

 

«… Nous devons penser à la réforme des fonctionnaires. » Emmanuel Macron persiste et signe : sans réforme, un jour viendra où le statut des fonctionnaires sera purement et simplement « déchiré ». « L’Etat a sa place, mais il en a parfois trop pris », avait-il déclaré quelques minutes avant, admettant néanmoins qu’on « ne peut faire une réforme dure sans la présenter au peuple ».

… Il faut réparer ce pays et l’ouvrir à la mondialisation », une mission impossible si l’on est « faible sur le plan économique et social ». Ces deux terrains sont pour lui ceux sur lesquels il y a le plus de « convergences entre la gauche de gouvernement et la droite de gouvernement ». « Il faut plus d’adaptabilité pour les entreprisesdéconflictualiser le travail, je me méfie beaucoup des tabous », a-t-il précisé, évoquant les accords sur le temps de travail, travail qui est selon lui « une valeur du progressisme » et dont notre économie manque en ce moment, « en quantité ».

«… Je n’ai jamais voulu être candidat. » La réponse est claire : pour l’instant, le ministre de l’économie n’a pas l’intention de briguer un quelconque mandat politique en 2017, et estime que le modèle de l’élu qui parvient aux hautes fonctions par le biais des urnes est « un cursus d’un ancien temps ».

Macron veut un « Parlement de la zone euro »

 

«… Si rien ne bouge, il n’y a plus de zone euro dans dix ans. » Très offensif sur les sujets européens, Emmanuel Macron estime que « depuis 10 ans, nous sommes dans une forme de langueur des idées » et que la crise des migrants, sans être un sujet purement européen, montre ses fragilités et ses vitalités. Plus inquiet sur le sort économique de l’eurozone, il a déclaré que « l’absence de proposition [était] un choix : c’est la sortie de l’Europe ». Pour ne pas en arriver là, il souhaite la création d’un poste de « commissaire responsable de la zone euro, ainsi qu’un Parlement de la zone euro ». « Le temps est venu de proposer pour l’Europe, à ne pas la penser on laisse le terrain à ceux et celles qui doutent », a-t-il averti.

«… La gauche doit réconcilier responsabilité et solidarité, réconcilier l’égalité et la liberté. » Lors de la courte séance de questions-réponses qui a suivi la conversation, le ministre a bouclé son exercice en se positionnant clairement du côté d’une gauche qui se veut moderne et renouvelée, débarrassée des totems et ouvertement adepte de la flexisécurité, terme qu’il a d’ailleurs employé dans un de ses derniers échanges : « Aujourd’hui la loi dit trop, il faut trouver la bonne flexisécurité sur le marché du travail. »

Visiblement, l’auditoire ne lui en tient pas rigueur, bien au contraire : le ministre quitte l’estrade sous les applaudissements et s’éclipse rapidement, non sans avoir donné une adresse e-mail personnelle à l’ensemble des participants afin qu’ils puissent leur soumettre leurs projets. Pédagogue jusqu’au bout.

Par Audrey Fournier

 

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/09/27/emmanuel-macron-le-liberalisme-est-une-valeur-de-la-gauche_4774133_4415198.html#EuvoT2o8ozojxd7h.99

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Publié par radicalisme-finisterien - dans Politique Economie Elections
21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 17:30

« Mes Chers amis,

Le Premier Ministre et tous nos invités comprendront qu’à la fin de ce beau Congrès, je m’adresse d’abord aux radicaux.

Surtout pour vous remercier, toutes et tous, de vous être mobilisés en nombre, une fois de plus, pour démontrer par votre présence militante et par la grande qualité de vos contributions, la vigilance civique, l’engagement public et l’actualité persistante du message radical qui éclaire la République depuis si longtemps. Contre tous ceux qui voudraient archiver le radicalisme dans la mémoire historique de notre pays, vous avez réaffirmé la modernité de nos idées et l’importance du rôle que vous entendez jouer, et que vous jouerez dans notre vie politique.

Merci aussi à notre fédération de l’Hérault, à ses voisines du Languedoc Roussillon, cette région promise au plus beau des mariages, celui du Grand Midi républicain, d’avoir organisé, avec les infatigables permanents du parti, notre grand rendez-vous, et de l’avoir fait dans les meilleures conditions.

Mais je voudrais surtout m’adresser au travers de nos fédérations et de leurs délégués, à tous les militants radicaux puisque j’ai sollicité la confirmation de leur confiance. Une fois de plus, dira-t-on peut être. Et bien oui ! Une fois de plus, et la dernière. Je réponds par avance à ceux qui pensent, dans le meilleur des cas, que je voudrais suivre l’exemple d’Edouard Herriot qui fut Président à vie, ou dans le pire, que j’ambitionnerais de battre le record de longévité de la reine d’Angleterre.

* *

*

Dans ma lettre de candidature, j’ai exposé les raisons du nouveau contrat que je vous propose pour trois ans et que vous venez d’accepter. Je veux vous exprimer mon infinie gratitude pour la confiance que vous venez de me manifester. J’aurai dans les semaines à venir beaucoup d’occasion de vous dire mon estime affectueuse en retour mais à l’heure qu’il est, devant nos invités et devant nos amis de la presse, je veux vous faire part tout simplement de mon bonheur. Merci, amis radicaux.

Bonheur immense d’être avec vous bien sûr je viens de vous le dire.

Bonheur aussi de recevoir le Premier Ministre de la France ici, ce matin, parmi nous.

Manuel, nous sommes sensibles à ton attention envers les radicaux mais aussi et peut être surtout, sensibles aux efforts courageux que tu fais pour redresser la France qui était en 2012, nous ne l’avons pas assez dit, dans un état critique. Merci au Premier Ministre d’être parmi nous. Pour la clôture de notre Congrès.

Permettez-moi aussi de saluer celles et ceux qui ont répondu également à notre invitation :

Le Parti Socialiste avec Christophe Borgel, Thierry Cotelle et Fatiha Boudjahlat du MRC, Jean-Luc Bennahmias du Front Démocrate, Robert Hue du MDP, Jean-Paul Alduy du Parti Radical, France Gamerre et Yves Pietrasanta, de Génération Ecologie,

Ainsi que les syndicats et les représentants associatifs qui sont également parmi nous ce matin.

Et je veux aussi saluer la présence de Damien Alary, Président de la région Languedoc Roussillon et de son vice-président radical, Didier Codorniou.

* *

*

Lorsque nous proclamons, dans un Congrès, que la période est difficile, les convulsions politiques inquiétantes, les tensions internationales explosives et les signes avant-coureurs de grands séismes repérables chacun peut avoir l’impression qu’il s’agit d’une figure de style, presque toujours la même.

C’est que notre monde, à notre porte, en France, en Europe et sur toute la planète est installé dans la crise. Comprenez bien, mes amis, nous appelions « crises » ce qui nous apparaissait comme des pics de désordre, des moments difficiles à dépasser, des séquences de syncope dans la circulation normale des hommes et de leur liberté.

Cette vision est aujourd’hui dépassée. Que les crises soient économiques, monétaires, énergétiques, environnementales ou migratoires, elles ne cesseront plus. La crise, c’est-à-dire le désordre, est devenu malheureusement notre cadre permanent.

Et j’y insiste en m’armant de l’humanisme des radicaux. Car pour nous, hommes et femmes de progrès, la problématique humaine est illimitée. Quels que soient les sujets, nous ne croyons pas aux prophéties de l’apocalypse, à ces pronostics d’un monde fini, incapable de répondre aux nouveaux défis, peuplé d’hommes incapables d’être sujets de leur destin et ballotés dans la fatalité du chaos.

Bien au contraire, la crise permanente qui nous bouscule nous impose de sortir de nos habitudes, d’abandonner nos dogmes, d’inventer des solutions nouvelles sans tabou et sans aucune peur. Oui c’est bien aujourd’hui qu’il nous faut réinventer l’idée de progrès.

Et cette approche, révolutionnaire pour les concepts et réformiste pour la méthode, nous devons l’adopter dans tous les domaines, même si les contraintes de notre agenda m’imposent de n’évoquer ce matin que quatre grandes questions : la situation politique de notre pays, le rôle de la gauche réformiste rassemblée, l’état de notre monde et de notre Europe, la crise migratoire enfin qui est le révélateur de tous les autres problèmes.

*

Voyons donc quelle est aujourd’hui la situation politique de la France.

Je le dis tout net, la République ne se reconnait plus.

S’il ne s’agissait que des grandes libertés publiques et des libertés individuelles, un simple démocrate pourrait s’accommoder de l’état de la France. Notre pays vote. Sa presse est libre. Toutes les opinions peuvent s’exprimer quand leur expression n’enfreint pas la loi. La majorité respecte l’opposition même si elle n’est pas payée de retour. Bref, la France est une démocratie.

Mais la République ne se confond pas avec la démocratie. Celle-ci est un état, celle-là est un projet. Un projet jamais achevé, toujours réinventé, un horizon qui s’éloigne à la mesure des avancées des hommes, une marche sans fin.

Et précisément, le chantier des libertés ne peut être sans cesse repoussé. A l’automne dernier, je vous ai dit, Monsieur le Premier Ministre, je t’ai dit, Cher Manuel, l’extrême souci qu’avaient les radicaux de voir la France progresser vers un véritable droit de mourir dans la dignité. Des affaires retentissantes ont montré que nous avions encore du chemin à faire.

Et je pourrais dire la même chose dans les domaines des biosciences où il faut vaincre nos peurs médiévales devant les espaces immenses ouverts par les recherches sur le vivant. Et tant d’autres sujets qui sont là pour nous prouver que nos libertés ne sont pas enfermées dans une cassette conquise en 1789 mais qu’elles constituent un incessant mouvement vers la lumière.

L’égalité républicaine souffre, elle aussi, même si les radicaux, attachés à l’égalité des droits, préfèrent parler de justice.

La crise économique et la récession durable qu’elle a engendrée ont mis à mal le principe d’égalité. J’entends bien ceux qui, de bonne foi pour la plupart, voudraient corriger sans délai les inégalités sociales en redistribuant tout ce que la France qui se redresse n’a pas encore produit. Je leur dis que c’est une illusion, que si nous ne nous engageons pas résolument sur la voie des réformes économiques et sociales qui désarmeront nos dogmes, il n’y aura ni New deal pour notre société ni Bad Godesberg pour notre vie politique.

Pourquoi d’ailleurs aller chercher dans le passé, 80 ans pour l’Amérique, bientôt 60 pour la gauche Allemande, nos espérances et nos références? C’est au contraire une égalité du XXIème siècle que nous devons inventer. Une égalité active, des droits assortis de devoirs, une réhabilitation du citoyen responsable et acteur du changement. L’égalité n’est pas un quelconque droit sur la société mais la juste rétribution de l’effort de chacun pour un grand élan commun.

La droite qui se prétend républicaine pense – et l’affirme désormais sans le moindre scrupule - qu’on peut redynamiser notre pays en supprimant les droits hérités des luttes sociales anciennes. Les extrémistes qui se prétendent de gauche ne craignent pas de soutenir qu’on pourrait initier le progrès social sans aucun égard pour les contraintes économiques.

Les radicaux pensent quant à eux, avec tous les progressistes réformistes, que c’est en mettant le développement de l’économie au service de l’épanouissement humain que nous aurons honoré notre dette politique envers la société.

Et que dire de la fraternité ? Quand on voit la droite courir derrière l’extrême droite pour exalter l’exclusion, toutes les formes de division et, à la fin, nourrir la haine de l’autre, puis la haine de l’autre Français, et, comme résultat, la haine de soi, de notre pays, de son génie, de son passé et de son potentiel d’avenir ?

La France a toujours été forte quand elle était unie. Elle s’est toujours affaiblie et parfois ruinée, quand elle se divisait. Ce processus délétère n’aura pas de fin si nous le laissons courir. Car lorsque nous aurons éliminé, ce qu’à Marianne ne plaise, l’immigré, l’étranger, le basané, le musulman, le plombier polonais, le voisin allemand, il restera toujours un autre à détester, cette figure de l’Autre qui résume l’unité fondamentale de la condition humaine.

Et je ne vois pas, pour ma part, de différence entre les allumeurs de tous les bûchers de l’intolérance et ceux qui nous invitent à un repliement dans l’inconfort de nos égoïsmes.

La frontière ? Elle est celle du nationalisme, elle sera demain celle du régionalisme, celle du communautarisme, celle des catégories sociales éternellement figées, et puis pourquoi pas celle des bruns et des blonds.

La fraternité devrait être une évidence, celle qu’on remarque, lumineuse, joyeuse, souriante, dans les cours de nos écoles désormais infiniment bigarrées. Elle n’est plus cette évidence qui caractérise l’humanité. Et la gauche moderne doit, là aussi, réinventer la fraternité de ce siècle sans faire la moindre concession aux professionnels de la division.

* *

*

Nous ne gagnerons aucune élection en admettant que ceux qui nient l’essentiel, l’âme même de la France peuvent avoir raison, si peu que ce soit. Ils ont tort,disons-le bien fort. La fraternité et la solidarité ne sont pas de simples devoirs ou des punitions. Elles garantissent notre progrès collectif. Dois-je citer Alexandre Dumas, Félix Eboué, Aimé Césaire, ou Gaston Monnerville pour prouver que celui-là même qui a les apparences de l’autre porte le meilleur de nous ?

Mais, en serions-nous là, libertés en plan, égalité gravement fissurée, fraternité presque oubliée si notre pays n’avait perdu en bonne partie son repère essentiel, je veux dire la laïcité ?

On me dira qu’on n’a jamais autant parlé de laïcité. C’est précisément ce qui m’inquiète. J’entends parler, ici et là, de laïcité positive, de laïcité moderne, de laïcité assouplie, que sais-je encore ? Notre laïcité n’a besoin d’aucun objectif. Elle est le principe vertébral de la République et les radicaux ne transigeront jamais là-dessus.

J’entends aussi parfois Mme Le Pen, croisée de la lutte contre l’Islam, Monsieur Sarkozy, l’homme du discours de Latran et tous leurs suiveurs se poser comme ses premiers défenseurs. Il faudrait en rire si nous ne débordions pas de colère.

Rappelons à ces laïcs de la 25ème heure que la pensée laïque n’est pas un outil de combat anti religieux. Elle est, au contraire, la garantie donnée par la neutralité des institutions publiques, de la liberté de conscience de chacun. Elle met l’école à l’abri des influences confessionnelles mais aussi des pressions idéologiques ou économiques. Notre laïcité est au service de l’intégration dans la communauté nationale et lorsqu’elle est brandie comme une arme d’exclusion c’est toujours par des malhonnêtes et des manipulateurs.

Les radicaux ont bien sûr à l’égard de la laïcité des devoirs particuliers pour l’avoir inventée. Sans céder en rien à l’air du temps, ils réaffirment leurs principes inchangés. Il n’y a là rien à moderniser et j’organiserai prochainement, en accord avec tous nos partenaires politiques, actuels ou futurs, un Tour de France de la laïcité pour réaffirmer qu’elle n’est pas le plus petit dénominateur commun des influences qui s’exercent contre l’école et contre la neutralité de nos institutions. Elle est synonyme de liberté et tient en une règle simple : la loi doit respecter la foi mais la foi ne doit pas dicter la loi.

* *

Ces réflexions idéologiques m’amènent à la question de l’état de la gauche et de ses responsabilités.

Et rappelons-nous d’abord les enseignements de François Mitterrand. Il nous l’a dit et nous l’a montré : la gauche est forte quand elle est unie et c’est seulement après avoir réalisé son unité qu’elle peut s’ouvrir à d’autres courants. C’est exactement le double travail qui nous attend.

Jean-Christophe Cambadélis a présenté, voici quelques jours, ses propositions, encore imprécises, pour ce qu’il appelle « une nouvelle gauche politique et citoyenne ». A cette occasion, il a surligné qu’il fallait, je cite, « dépasser le parti socialiste car nous estimons ses réponses et son organisations datées ». Je ne l’aurais sans doute pas dit aussi bien mais, après tout, on n’attend pas de moi que je sois plus socialiste que le parti socialiste…

Quant au projet d’une « nouvelle alliance », il m’est tellement familier que je me rappelle avoir publié, en 1985, un ouvrage portant ce titre.

Alors, soit ! On nous propose une « nouvelle gauche politique et citoyenne » et nous adhérons à ce projet. Mais il comporte plusieurs phases.

La première consiste à consolider nos accords actuels. A l’évidence, les radicaux sont les seuls partenaires loyaux des socialistes au sein de la majorité. Même lorsque le PS perd les voix de ses frondeurs sur les grands textes du quinquennat, il peut toujours compter sur la solidarité des parlementaires du PRG.

A ce titre, je tiens à remercier nos parlementaires qui œuvrent courageusement à l’Assemblée Nationale et au Sénat afin de porter haut et fort les valeurs du radicalisme, avec une mention toute particulière à Roger-Gérard et Jacques qui ont la lourde tâche de présider aux destinées de ces deux groupes.

Remercier aussi nos ministres : Sylvia, Annick et Thierry qui mettent leurs qualités remarquables, leurs déterminations et nos particularités, au service de la France. C’est une mission exaltante et il n’est pas exagéré de dire qu’ils sont tous notre fierté.

Pour autant, la constance des radicaux leur vaut-elle une gratitude politique et électorale ?

Je ne reviendrai pas sur les accords extravagants entre le PS et les Verts. Sans égard pour l’influence réelle des écologistes, on leur a accordé de véritables faveurs dont la contrepartie devrait être une solidarité sans faille au sein de la majorité. Nous connaissons le résultat de ce savant calcul.

Aujourd’hui, nous avons devant nous, dans moins de trois mois, l’échéance redoutable des élections régionales où les effets classiques de balancier et de désamour de la majorité en place sont aggravés par la persistance de la crise et le sentiment d’abandon qu’éprouvent nos concitoyens. Et ce sera aussi l’épreuve du feu pour les nouvelles régions voulues par le Président de la République et que les Français apprécieront au-delà des humeurs du moment.

Dans cette perspective et au prix d’efforts acharnés de nos équipes de négociation et de nos responsables respectifs, les radicaux et les socialistes sont parvenu à un accord équilibré. Encore faudrait-il l’appliquer scrupuleusement. Et nous en sommes toujours trop loin.

C’est la raison pour laquelle, vendredi soir, j’ai proposé au Comité directeur qui m’a suivi à l’unanimité, de reporter la désignation des candidats qui défendront nos couleurs aux élections régionales.

En effet, il semble bien qu’il y ait, même au 21ème siècle, des difficultés graves de transmission entre Solferino, les fédérations et les chefs de file socialistes en province.

Beaucoup prétendent ne pas être au courant de la réalité des accords conclus entre Jean-Christophe Cambadélis, et moi-même, au plus haut niveau après le travail difficile et remarquable de Guillaume Lacroix et Christophe Borgel. Et je veux rendre un hommage appuyé à Guillaume qui a rendu toute sa noblesse à la fonction de Secrétaire Général et qui ferraille vaillamment face au meilleur du PS en matière électorale.

Alors, je le dis ce matin, ici, à la tribune de notre congrès, avec force : quand on porte les couleurs de la gauche, la moindre des choses c’est de tenir ses engagements, de respecter la parole donnée et d’honorer les contrats scellés.

C’est ce que nous, Radicaux, faisons depuis 2012, avec le pacte majoritaire passé au soir du premier tour des primaires, et nous exigeons la réciproque à notre loyauté sans faille.

Alors, je l’espère sincèrement, après la consolidation de nos accords, nous pourrons passer à la deuxième phase, celle du regroupement de toutes les organisations et de toutes les personnalités qui appartiennent isolément à la majorité ou se situent à ses lisières. Je veux parler des communistes réformateurs, des écologistes sincères, des centristes déboussolés par l’alignement de la droite sur les thèmes de l’extrême droite, mais aussi de tous les élus, de tous les responsables associatifs aux syndicaux, et aussi des chefs d’entreprises, de toutes ces personnes authentiquement progressistes mais qui ne se reconnaissent dans aucun appareil.

Et déjà nous avions créé il y a 4 ans le Pôle Radical et Ecologiste avec nos amis de GE, et oui les radicaux ont toujours un temps d’avance. Car déjà nous avions compris eux et nous qu’il fallait œuvrer à la construction d’une écologie de Raison indispensable à la Gauche.

L’appel de Jean-Christophe Cambadélis est clairement adressé à tous ceux que je viens de citer. Mais je veux faire un rappel et poser une question aux dirigeants socialistes. Depuis la FGDS de François Mitterrand, le PS n’a jamais tranché une question stratégique pourtant cruciale.

Doit-il constituer une majorité de rassemblement en laissant vivre ses partenaires pour l’élargir ? Doit-il au contraire - et ce projet n’a rien d’infamant- faire le choix de devenir un grand parti démocrate et réformateur ayant à lui seul une vocation majoritaire ?

Vous l’avez tous deviné, la préférence des radicaux va vers la première solution qui multiplie notre efficacité en laissant vivre toutes les sensibilités. C’est pourquoi j’estime qu’il appartient aujourd’hui au PRG de prendre l’initiative du rassemblement de tous les non socialistes en respectant tous les courants de pensée et en proposant une organisation équitable, novatrice, non autoritaire et décentralisée. Pas une fédération ou une confédération pyramidale mais bien plutôt un réseau, de type coopératif et doté d’une organisation moléculaire.

Le PRG fera donc, dans les prochaines semaines, des démarches multiples pour aboutir à la constitution de ce réseau car au-delà des spéculations du moment, souvent vaines, nous estimons qu’aucune voix du camp du progrès ne doit manquer à François Hollande en 2017. J’en prends ici l’engagement.

Car ce rassemblement est urgent. Et c’est seulement lors de l’élection Présidentielle, comme toujours dans l’histoire de la Vème République, que viendra le temps de la troisième phase, celle de l’ouverture de la gauche ou plutôt de son recentrage.

Il s’agit d’un chantier capital : il faut déplacer le centre de gravité de la majorité. J’ai eu l’honneur de défendre cette position, en compagnie de Manuel Valls, lors des primaires de 2011. Avec un résultat modeste pour lui et médiocre pour moi. Et voilà que, quatre ans plus tard, les faits qui ne se laissent enfermer dans aucune idéologie, nous donnent raison. Il est devenu impératif de sortir des frontières de la gauche partisane pour dialoguer enfin avec tous les réformistes sincères.

D’ailleurs de façon très curieuse, le mot « réformateur » a, pour certain, un sens vaguement péjoratif. On trouverait, d’un côté, la gauche pure et dure accrochée à ses dogmes, comme la moule à son rocher et, de l’autre, une gauche social- traitre ou sociale-libérale qui aurait renoncé à ses catéchismes pour engager notre pays sur la voie de la réforme.

Pour ma part, j’ai déjà dit que j’acceptais très volontiers d’être considéré comme un libéral radical, si ceci renvoie à une culture politique de la solidarité comme ciment politique Français et si le vocable « libéral » fait référence à une vie économique enfin débarrassée de l’interventionnisme d’Etat et de ses excès.

Je comprends bien que l’on puisse avoir la nostalgie du Front Populaire, des ateliers protégés, et, plus près de nous, de la DATAR ou du Commissariat au Plan, symptômes entre autres de l’omnipotence d’Etat. Je respecte ce passé pour ce qu’il est mais je n’en ai pas la nostalgie. Et je dirai, si on me le permet une citation peu dans mes habitudes, ce que Poutine dit de l’URSS : ceux qui ne pleurent pas l’économie administrée n’ont pas de cœur ; ceux qui la regrettent n’ont pas de tête.

Car ce n’est pas faire œuvre de progressisme que d’accorder une sorte de statut de « vaches sacrées » aux entreprises publiques lorsqu’elles sont dans le secteur concurrentiel, au code du travail qui conserve toutes les moraines des temps anciens, au repos hebdomadaire lorsque les salariés exigent d’y renoncer, à la durée légale du travail lorsque, là encore, les employés eux-mêmes demandent plus de souplesse, ou même de sacraliser le dialogue entre les partenaires sociaux si les syndicats – ouvriers et patronaux- ne mènent pas, eux aussi dans le même, un travail de réforme en profondeur pour prouver qu’ils ne représentent pas seulement leurs propres intérêts.

Oh je sais que mes propos peuvent heurter beaucoup d’entre vous mais il n’existe pas de volonté réformatrice si nous ne sommes pas prêts à transgresser les tabous.

Et il s’agit là dune nécessité politique de court terme et de la responsabilité des radicaux dans la construction d’un monde meilleur.

* *

*

J’ai évoqué l’élection Présidentielle de 2017, et, vous l’avez compris, je l’ai fait avec un optimisme de militant. Ma conviction s’énonce facilement : je vois que l’addition des conservatismes – de droite, d’extrême droite, d’extrême gauche – peut produire une majorité arithmétique (les sondages nous le répètent quotidiennement) mais qu’elle ne peut générer une majorité de gouvernement.

Et c’est donc là, en 2017, que se dégagera ce vaste rassemblement des réformateurs de progrès. J’en suis certain. Et les radicaux doivent mettre toute leur force pour aboutir à cette nouvelle configuration politique qui ne sera pas centriste, mais centrale.

Je crois vraiment qu’il y va de l’intérêt du pays.

La globalisation de l’économie mondiale nous a en quelque sorte pris par surprise. Nous n’en avions prévu ni l’ampleur ni la soudaineté. La France, qu’il s’agisse de ses dirigeants, de ses citoyens ou de ses entreprises, a cru qu’elle pouvait se reposer sur des schémas éprouvés dans le passé.

Mais le monde ne ressemble plus à la vision que nous en avions. La communication universelle instantanée, la numérisation de toutes les informations, l’émergence puissante de pays concurrençant l’ancien monde développé, tout cela nous impose de réformer notre système d’administration publique, notre vision de l’entreprise et notre système de solidarité sociale.

Et c’est à ce prix, celui d’une réforme sans interdits, que la France conservera sa place dans le peloton des nations.

La réforme n’est évidemment pas une religion. On ne réforme pas pour réformer. Il y faut une méthode et c’est précisément celle des radicaux. La raison, le doute, l’expérimentation, tels seront les outils que nous apporterons à ce vaste chantier.

Vous voulez honorer Clemenceau et Jean Zay, Jaurès et Léon Blum ? Fort bien ! Mais relisez leur message. Ils n’étaient ni introspectifs ni commémoratifs, mais tournés vers l’avenir, un message d’ouverture. Soyons donc leurs dignes héritiers vers le progrès.

* *

*

En évoquant la nécessité impérative de la réforme, compte-tenu de la place de la France dans le monde nouveau, j’ai anticipé sur la troisième grande question que je veux aborder devant vous : quel est l’état de notre monde et de notre Europe, et quel doit être le rôle de la France ?

Disons-le d’emblée, le monde est plus inquiétant que jamais.

L’inquiétude que génèrent les bouleversements climatiques va bien au-delà des seules préoccupations écologiques : biodiversité, ressources en eau, inégalités d’accès à l’énergie, etc. Les enjeux vont beaucoup plus loin que la question souvent posée, à savoir quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?

Et il n’est pas exagéré de dire que le monde se rend ainsi en aveugle au rendez-vous de son avenir. C’est pourquoi les radicaux soutiennent très résolument les efforts du Président de la République et du gouvernement pour que la toute prochaine COP 21, dont les travaux préparatoires et les déclarations unilatérales de nombre d’Etats démontrent déjà qu’elle est l’occasion d’une prise de conscience universelle, soit couronnée de succès et marquée par des engagements concrets et contraignants.

L’humanité entière n’a peut-être jamais été en position de tenir son destin dans ses mains. Ne laissons pas passer cette magnifique opportunité.

Il est d’ailleurs remarquable et réconfortant que les engagements internationaux de la France fassent l’objet d’un très large consensus, si l’on veut bien traiter comme des détails les critiques permanentes de l’extrême droite et d’un ancien Président de la République, donneur de leçon, que sa propre expérience internationale devrait conduire à plus de modestie…

* *

*

Les engagements de la France sont nombreux, importants, et variés.

Je ne reviendrai que pour mémoire sur la promesse tenue de retirer nos troupes d’Afghanistan, même si l’état actuel de la démocratie et les libertés Afghanes autorisent quelques doutes sur l’efficacité d’une intervention qui ne protègera peut-être pas le pays du terrible vestige de l’émiettement tribal et des surenchères de la religiosité.

Mais de façon beaucoup plus décisive, François Hollande a sauvé l’Etat Malien et les équilibres de toute l’Afrique de l’Ouest gravement compromis par des offensives djihadistes. Il fallait du courage et de la fermeté. La stabilisation est acquise même si cette région n’est pas définitivement hors d’atteinte des entreprises terroristes.

Au passage disons que nos partenaires dans l’union devraient cesser de considérer que la France doit seule ou presque supporter les interventions extérieures menées pourtant au nom de l’Europe et de la civilisation.

Ce fut également le cas en Centrafrique, même si l’intervention militaire Française avait pour premier objet d’éviter un de ces génocides dont le précédent Rwandais a laissé le tragique souvenir. Mais là non plus nous ne pouvons pas éternellement remplacer les puissances régionales directement concernées et pas plus garantir une stabilité dont l’Union Européenne profite sans qu’il ne lui en coûte rien. Dans les deux cas, le PRG et ses parlementaires ont apporté au Président de la République un soutien sans faille.

Aujourd’hui, se trouve posée la question du niveau de notre engagement en Irak et surtout en Syrie. Jusque-là notre participation à la coalition internationale s’est faite avec efficacité et dans un partenariat respectueux avec nos alliés, spécialement les Etats-Unis.

Là encore, nous entendons des « va-t-en-guerre » exiger que la France fasse plus et s’engage dans des combats terrestres aussi bien à l’appui du fragile état Irakien ou des milices Kurdes que dans une invraisemblable bataille à deux fronts contre Daesh et contre Bachar-al-Assad.

Cette position est tout simplement irresponsable. Et d’ailleurs ceux qui raillent la prudence de la France étaient plus critiques encore lorsque François Hollande proposait en vain à Barack Obama et David Cameron de punir Bachar-al-Assad et de prévenir la montée en puissance de l’état Islamique.

Le Président de la République a donc fort justement décidé d’ordonner des vols de reconnaissance préalables à des frappes ciblées. Il a surtout lancé une ouverture en direction de la Russie, le 7 septembre dernier, car il sait que ni la création d’un nouvel équilibre politique en Syrie, ni le désenclavement diplomatique de l’Iran ne sont possible sans un dialogue ferme mais réaliste avec Moscou.

Et cela ne signifie bien sûr pas que la France passe la crise Ukrainienne par pertes et profits.

* *

L’Europe a fait également la preuve de son infinie faiblesse dans la crise Grecque.

Nous avons créé une union à 28 et une zone euro à 19 Etats membres. Même si, nous le voyons aujourd’hui, c’était excessif. Le débat est aujourd’hui largement dépassé. Il aurait fallu approfondir avant d’élargir et créer un gouvernement économique européen avant d’instaurer une monnaie commune.

Alors la crise a éclaté en Grèce après avoir frôlé la France, touché l’Espagne, le Portugal et Chypre.

Et elle n’est pas terminée même si elle est en voie de règlement. Et là encore, je veux saluer l’action très déterminée de François Hollande. On l’avait dit impuissant et presque soumis devant l’intransigeance allemande. C’est tout le contraire qu’on a pu voir.

L’Allemagne et le FMI prétendaient faire de la Grèce une sorte de protectorat financier. On envisageait même la sortie du pays de la Zone euro puis de l’Union, comme si l’Europe n’avait pas une dette particulière à l’égard de cette nation qui a inventé la démocratie.

Or c’est la France qui a permis de concilier les points de vue entre le souci légitime des équilibres budgétaires et la volonté populaire de sortir d’une austérité sans fin dont les banques prêteuses auraient été les seules bénéficiaires. Une monnaie commune suppose une solidarité ; et c’est la France qui a rappelé à l’Europe cette notion fondatrice.

* *

A peine cette crise était-elle rangée sur la voie du règlement, que l’Europe est confrontée à un nouveau défi d’une ampleur sans précédent. Le problème des réfugiés qui a surpris tous les dirigeants.

Il a pourtant des causes parfaitement identifiables.

- L’une, qui a été un véritable déclic, pour le flux de migrants et pour le développement du terrorisme, réside dans la politique très aventureuse de la France et de la Grande-Bretagne en Libye. On a voulu – pourquoi si vite ? nous le saurons probablement un jour – abattre l’ami d’hier, le Kadhafi qui plantait sa tente avenue Marigny, sans savoir ce qu’on ferait pour aider la Libye à se gouverner.

-l’autre, plus récente, tient dans la position anglo-américaine face à Bachar-al Assad. On nous dit aujourd’hui qu’il serait un moindre mal. C’est faux, il est le mal. Bachar et Daesh ne sont que les deux visages de la même barbarie.

- moins direct mais tout aussi certaine, une autre cause est à rechercher dans la déliquescence d’Etats entiers. La Libye, je l’ai dit, mais aussi la Somalie, l’Érythrée, le Sud-Soudan, ces deux nouveaux nés mal nés du morcellement de l’Afrique.

- et puis, venue de très nombreux pays du Sud, il y a l’immense clameur de la misère. Je sais bien qu’on ne pourra pas traiter comme des réfugiés politiques la foule de ceux qui rêvent seulement d’une vie meilleure. Mais nous ne pourrons pas tarir ni même ralentir les flux migratoires si nous condamnons la moitié de l’humanité à devenir spectatrice de notre développement et jalouse de notre prospérité.

* *

La crise migratoire s’est d’abord fixée sur quelques points réputés faibles : les enclaves, espagnoles au Maroc, l’ile de Lampedusa puis la Sicile. Mais elle s’est changée en tsunami avec le séisme de la crise au Moyen-Orient. La Grèce, déjà tellement éprouvée, a subi le premier choc, en bonne partie ; il faut le dire en raison de l’ambiguïté de l’attitude de la Turquie.

Ces mouvements de populations sans équivalence dans le monde depuis les transferts organisés par l’ONU naissante dans l’immédiat après-guerre appellent une réponse européenne très urgente et très difficile car elle doit être faite d’humanité et de sécurité.

Et c’est précisément sur la base de ce double principe de fraternité universelle et de maitrise politique, sans concession à la peur mais aussi sans naïveté, que la France s’est replacée au premier plan de la prise de conscience européenne.

Parlant d’une seule voix avec l’Allemagne, mais aussi avec l’Italie, la France a émis un message fort tenant en 6 points principaux :

. nous avons le devoir d’accueillir les réfugiés politiques ;

. cet effort doit être réparti entre tous les Etats de l’Union ;

. il faut à tout prix maintenir les accords de Schengen ;

. si l’ordre public le commande, nous rétablirons des contrôles à nos frontières ;

. l’Union doit aider les pays de premier accès (Italie, Grèce, Hongrie) à établir des centres d’identifications des bénéficiaires de l’asile ;

. elle ne se protègera qu’en aidant les pays d’origine à retrouver la stabilité.

Cette politique est la seule conforme à nos principes. Mattéo Renzi le disait encore jeudi : « l’Union Européenne n’est pas seulement une communauté de mémoire mais une communauté de valeurs et de destin ».

Et finalement, dans un grand élan transnational, la France montre le meilleur d’elle-même et invite l’Europe à redécouvrir enfin sa véritable dimension politique.

Contre une opinion initialement rétive, le Président de la République a rappelé que l’Europe valait mieux que sa bureaucratie vétilleuse et tatillonne, et qu’elle n’était jamais plus belle que dans le sursaut de sa volonté et dans l’union.

Et le miracle s’est produit.

Malgré toutes les difficultés que rencontre notre pays, malgré des craintes d’autant plus vives qu’elles sont nourries par tous les discours populistes, malgré la tentation toujours présente du repli identitaire et égoïste, les Français se sont eux largement mobilisés dans un grand élan de solidarité.

Qu’elle est belle cette France-là ! Celle qui rejette tout à la fois Daesh ou Boko Haram mais aussi l’islamophobie, la xénophobie et toutes les formes de haine de l’autre.

Et la simple et tragique photo d’un enfant mort sur une plage de Turquie nous a révélé une évidence : cet autre là c’est nous !

Alors dans ces moments où la conscience sort de sa somnolence, j’ai envie de sortir du constat que je faisais tout à l’heure. Oui, la République commence à se rassembler quand elle décide de se rassembler !

C’est cette République de la fraternité retrouvée que les radicaux chérissent et nourrissent depuis si longtemps.

Et c’est pourquoi je vous dis, à vous tous mes chers amis, enfants du radicalisme, mais aussi à nos alliés socialistes, et encore à toute la gauche que j’invite à se réunir, et par-delà cette gauche, à toutes les femmes et tous les hommes épris de progrès, que les radicaux seront toujours disponibles, utiles et même indispensables pour faire rayonner l’exigence républicaine.

Lorsque la France, l’Europe et le monde traversent des heures sombres, il nous revient de brandir plus fermement encore cette belle et fascinante lumière, où se mêlent le cœur et l’esprit, la raison et la passion, l’universel et le particulier, notre identité et notre universalité, cette lumière qui montre à tous un horizon plus vaste et plus accueillant.

Radicaux, cette flamme vous en avez hérité ! Ne vous lassez jamais de la porter. La République vous regarde ; elle a confiance en vous. C’est bien simple, elle vous aime et nous l’aimons. Alors, amis radicaux, debout ! et au combat ! »

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Publié par radicalisme-finisterien - dans Actualités du PRG National
17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 12:20


Depuis le temps qu'on le dit

que des solutions viables sont possibles.

Par Eric de La Chesnais  Publié le 16/09/2015 à 19:01 pour Le Figaro'fr
 


En sept ans, les surfaces cultivées en bio ont plus que doublé en France. Elles vont dépasser le million d'hectares d'ici fin 2015. Le phénomène s'accélère avec la baisse du lait et de la viande dans le système conventionnel.


La crise sans précédent que traverse l'élevage booste l'agriculture bio. Au cours des six premiers mois de l'année 2015, le nombre de fermes bio a augmenté de 8 % par rapport à la même période, l'an dernier. D'ici la fin de l'année, les surfaces bio devraient même augmenter de 10 % pour dépasser 1,25 million d'hectares, soit 4,6 % de la surface agricole. Un chiffre multiplié par deux en sept ans.


Cet engouement des paysans pour l'agriculture bio n'est pas dû au hasard. «L'environnement économique et notamment la crise de l'élevage a accéléré les décisions des agriculteurs pour passer du système conventionnel au système bio, souligne Élisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio. Il y a actuellement 200.000 hectares en conversion, soit 40 % de plus qu'en 2014». Il faut trois ans pour qu'un hectare conventionnel obtienne la certification bio, le temps que la terre élimine les pesticides.


Les agriculteurs, près de 30.000 aujourd'hui, qui ont fait le grand saut ne le regrettent pas. Comme par exemple Olivier Cesbron, éleveur laitier à Chanzeaux dans le Maine et Loire au sud d'Angers. «Notre groupement Biolait, 800 producteurs dans toute la France, valorise mieux notre production auprès des industriels que le système conventionnel. Je vends mon lait à plus de 40 centimes le litre et arrive à vivre correctement de mon métier avec moins de pesticides en plus», se réjouit Olivier.


«Avec les prix actuels du lait à 30 centimes le litre, les transformateurs vont tous nous mettre en faillite»


Philippe Grégoire, président du Mouvement national des éleveurs de nos régions
Son exemple a fait effet boule de neige dans le voisinage. «J'ai décidé de me convertir à l'agriculture biologique. Avec les prix actuels du lait à 30 centimes le litre, ce n'est plus possible. Les transformateurs vont tous nous mettre en faillite. Le prix du lait devrait atteindre d'ici de la fin de l'année entre 28 et 25 centimes le litre», s'insurge Philippe Grégoire, président du Mouvement national des éleveurs de nos régions (MNER).


En revanche, à l'autre bout de la chaîne alimentaire, le marché est porteur et la demande est en forte progression, quitte à payer plus pour la qualité. C'est le cas du secteur laitier où les écarts peuvent atteindre entre 20% et 30 % de plus pour un litre bio. Globalement, les ventes d'aliments bio devraient atteindre les 5,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, soit un nouvelle progression de 10 % en 2015. «Les ventes bio progressent dans tous les circuits de distribution et tous les produits, fruits et légumes, viande, lait et pains», se félicite Didier Péréol, président de l'Agence Bio.


Ce dynamisme permet aux consommateurs de disposer d'une offre bio très majoritairement française. «76 % des produits bio consommés en France sont «made in France», soit 20 % de plus qu'il y a 7 ans», remarque Elisabeth Mercier. L'Hexagone a même dépassé l'Allemagne dans ce domaine et se classe troisième pays bio de l'Union européenne, réunissant 10 % des surfaces bio cultivées de l'Union européenne.

Paysans de la FNSEA réveillez vous !

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 12:15

Le sénateur PRG Raymond Vall (groupe RDSE) n’a pu retenir son émotion lors du débat sur les réfugiés au Sénat, mercredi soir (voir notre article sur le sujet). En prenant la parole, il a pris une longue respiration, avant de se lancer : « Fils d’immigrés, de réfugiés politiques, ma famille fait partie de ces 500.000 espagnols qui ont traversé la frontière en 1939. Et je suis très fier d’être à cette tribune » a-t-il lancé (voir la vidéo), s’écartant de son discours.

« Fuir ce n’est pas de la lâcheté. C’est du courage. Laisser sa famille, son pays, sans savoir si un jour on les reverra, c’est quelque chose de terrible » a souligné Raymond Vall, réélu au Sénat après un scrutin partiel dans le Gers, suite à l’invalidation des comptes de campagne d’Aymeri de Montesquiou.

« Mais justement, c’est parce qu’il y a des hommes comme toi qui vont prendre la place des Français que je me bats »

Raymond Valls continue, évoquant la réunion au ministère de l’Intérieur des maires sur l’accueil des réfugiés. « Je voudrais vous rapporter Monsieur le ministre quelque chose qui s’est passé samedi dernier. Je faisais partie des 700 maires qui avaient répondu à votre invitation, une réunion positive, réussie, puis un bémol : une intervention inadmissible qui a été unanimement en quelque sorte refusée », raconte-t-il. Le sénateur du Gers fait référence à l’intervention de Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire, dans le Gard. Lors de sa prise de parole, l’élu s’est fait siffler par les maires. Il avait affirmé que « les Français n’en peuvent plus de l’invasion programmée de notre pays ». Une allusion à peine voilée à la théorie du grand remplacement que nombre d’élus FN défendent.

Raymond Vall continue son récit. A en croire le sénateur, la suite est pour le moins édifiante : « Puis au sortie de cette réunion, le hasard – mais il n’y a pas de hasard – j’ai croisé cet élu célèbre dans le Gard, appartenant à ce parti dont il y a deux représentants dans cet hémicycle. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller le voir pour lui dire "mais je ne comprends pas, c’est grotesque, c’est cynique. Je suis un fils de réfugié politique". Et là, la réponse, cinglante : "Mais justement, c’est parce qu’il y a des hommes comme toi qui vont prendre la place des Français que je me bats" ».

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 07:03

Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat,

sur l'engagement des forces aériennes

au-dessus du territoire syrien  

Intervention de Jacques Mézard

M. le président. La parole est à M. Jacques Mézard, pour le groupe du RDSE.

M. Jacques Mézard. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, voilà tout juste un an, le Gouvernement informait le Parlement de sa décision d'engager les forces aériennes françaises en Irak, en réponse à la menace croissante exercée par Daech.

 

Le 13 janvier dernier, le Parlement, dans un large consensus, autorisa la prolongation de l'opération Chammal. Aussi est-il logique aujourd'hui d'étendre cette opération à la Syrie.

 

Lors des différents débats, le groupe du RDSE, par la voix de notre collègue Robert Hue, avait approuvé la décision du Président de la République, une approbation qui fut toutefois, je le souligne, assortie de réserves.

 

Compte tenu de l'aggravation du chaos dans la zone irako-syrienne occupée par les djihadistes, on peut aujourd'hui s'interroger sur l'efficacité des réponses apportées par la communauté internationale.

 

Je ne remets pas en cause, bien sûr, le principe des frappes aériennes de la coalition anti-Daech en Irak, qui était indiscutable pour mettre rapidement un terme à la progression fulgurante des combattants djihadistes.

 

D'abord, les autorités de Bagdad avaient demandé à la France une intervention extérieure.

 

L'instauration, au cours de l'été 2014, d'un califat terroriste sur une partie de l'Irak et de la Syrie a constitué une entreprise sans précédent et très inquiétante pour la région : al-Baghdadi a réussi là où Ben Laden avait échoué.

 

Ensuite, vous l'avez souvent rappelé dans vos interventions, monsieur le ministre, Daech constitue une menace non seulement pour la région proche-orientale, mais également pour le monde entier, notamment pour l'ensemble des pays européens, au premier rang desquels la France. Les attentats commis à Paris au début de l'année l'ont illustré tragiquement.

 

Je n'oublie pas non plus la crise des réfugiés, ce drame humanitaire qui pose un important défi à l'Europe, en termes non seulement d'accueil, mais aussi de cohésion politique. La France a pris ses responsabilités. C'est ainsi que 700 de nos militaires effectuent depuis douze mois des missions aériennes, des frappes ciblées. Saluons le courage de tous ces hommes et toutes ces femmes fortement mobilisés en soutien aux forces irakiennes !

 

Seulement voilà : cette supériorité dans les airs montre ses limites sur le terrain. De fait, si la coalition anti-Daech a évité le pire, on ne peut pas dire – soyons lucides – que la situation se soit améliorée.

 

Daech possède une capacité de résilience qui a sans doute été sous-estimée, et chacune de ses conquêtes lui ouvre une manne financière qui la régénère, ainsi qu'un réservoir humain, car les terroristes peuvent s'appuyer aussi sur une partie de la population ; ils attirent par la terreur, mais nous savons qu'une partie des sunnites, éprouvés par la politique désastreuse de l'ancien premier ministre irakien al-Maliki, n'ont pas de mal à se laisser séduire : Mossoul s'est sentie plus libérée qu'envahie. Aussi le califat irako-syrien semble-t-il avoir de beaux jours devant lui, hélas !

 

La perte de Tikrit, en mars dernier, constitue la dernière défaite majeure de Daech. Depuis lors, l'organisation terroriste a conservé Falloujah à l'est, Mossoul au nord et, à l'ouest, elle s'est installée à Palmyre, en Syrie. Résultat : nous sommes au pied du mur.

 

Alors que la question des frappes en Syrie était restée taboue jusqu'à l'été, le Président de la République a annoncé la semaine dernière des vols de reconnaissance. Autant le dire : ils sont le préambule à des frappes. Autant dire aussi qu'un revirement s'est produit dans la position française.

Les sénateurs du groupe RDSE jugent eux aussi évident que la progression de Daech appelle un coup d'arrêt. Ils sont donc favorables à l'action entreprise, mais ils savent aussi que la réponse militaire ne suffira pas ; d'ailleurs, elle a déjà montré ses limites.

Notre groupe s'est souvent exprimé sur les questions du Moyen-Orient et du Maghreb par la voix de notre ancien collègue Jean-Pierre Chevènement, dont je tiens à saluer la connaissance et la vision lucide, à laquelle nous souscrivons pleinement. Comme lui, nous considérons Daech comme un danger effroyable, qui ne saurait être combattu d'un seul côté d'une frontière devenue virtuelle ; nous sommes favorables à l'extension des frappes, en considérant, comme lui, que cette intervention n'a de sens qu'avec un minimum de coordination avec le régime syrien, ce qui ne signifie en aucune façon que l'on excuserait les dérives et les atrocités de ce dernier.

 

À ce stade de mon propos, mes chers collègues, comment n'insisterais-je pas sur le désastre de la politique menée par les puissances occidentales au Moyen-Orient, et comment ne saluerais-je pas une fois encore la sagesse dont fit preuve le président Jacques Chirac en 2003 ?

M. Bruno Sido. Très bien !

M. Jacques Mézard. Notre groupe ne s'est jamais fait remarquer par son attachement au gaullisme de la Ve République… (Sourires.) Reste qu'il est plus que temps de méditer sur la pertinence du principe de non-ingérence dans les affaires des autres États. Les peuples ont une histoire, et ces histoires sont diverses ; penser que nous allons imposer nos conceptions démocratiques par la force est une profonde erreur.

 

Certes, en Afghanistan, c'est l'URSS qui a commencé. Mais la suite n'est pas glorieuse, et voici que les talibans sont de nouveau à portée de Kaboul. Quel est le résultat de la guerre de 2003 en Irak ? La destruction totale d'un État clé dans la région, que l'Occident n'avait pas hésité à utiliser contre l'Iran. Par ailleurs, si on ne peut défendre des régimes autoritaires souvent sanguinaires, était-il judicieux de détruire en Irak et en Syrie le parti Baas, seul parti laïc dans cette région du monde ?

 

Quant aux printemps arabes, le sécateur de l'islamisme et du djihadisme en a fauché les bourgeons avant floraison. Fait-il aujourd'hui rêver un seul peuple ? Songeons à l'Égypte, où les mitrailleuses ont fait taire les manifestants pour asseoir le nouveau pouvoir, ou à la Tunisie, où, pour préserver un équilibre fragile, le concours de tous est aujourd'hui nécessaire, y compris sur le plan financier – il y a urgence, monsieur le ministre !

 

Comment pourrais-je oublier la Libye ? Kadhafi achevé dans un tunnel, ce pays avec deux gouvernements et de multiples chefs de guerre n'a désormais rien d'un État, et il est devenu un couloir de migration pour l'Afrique. Quand notre politique étrangère est inspirée par un philosophe doré, elle est fragile par définition…

 

Il est des interventions armées qui sont fondées en droit et que nous soutenons sans réserve, des interventions qui découlent de l'application de traités bilatéraux conclus par la France ou de votes de l'ONU : tel est le cas de nos engagements au Mali et en Centrafrique.

 

J'ajoute que le volet politique compte davantage que le volet militaire. En effet, il est évident que le règlement d'un conflit passe par une stratégie diplomatique claire associant tous les acteurs, dans la région et même au-delà ; une telle stratégie suppose un agenda et une concertation avec toutes les parties prenantes, hors Daech et assimilés.

 

Pour élaborer une pareille stratégie, mes chers collègues, il faut naturellement un minimum de suite dans les idées. De ce point de vue, je regrette que la position française ait évolué au gré des événements.

 

Vous nous dites, monsieur le ministre, que l'on pourrait frapper en territoire syrien, mais que ces éventuelles frappes seraient menées sans concertation avec le régime du président Bachar al-Assad. Vous nous dites aussi qu'il serait question non plus du départ de celui-ci, mais de sa neutralisation : qu'est-ce que cela signifie concrètement en langage diplomatique, et plus encore en langage militaire ? Ce nouvel objectif préfigure-t-il enfin une position plus réaliste ?

 

Ainsi que l'a conseillé Clausewitz, « il ne faut pas faire le premier pas sans envisager le dernier ». Or nous savons très bien que la stratégie de sortie devra intégrer les autorités de Damas, car tel est le vœu de la Russie et de l'Iran, qui sont, comme vous le savez, des puissances incontournables dans la région – il suffit de se rappeler pourquoi Genève 1 et Genève 2 ont échoué.

 

Ensuite, soyons honnêtes concernant les résultats de la stratégie d'appui sur les islamistes modérés – deux mots assez difficiles à accoler. Force est de constater qu'elle n'a pas fonctionné, même si elle était plus souhaitable que le jeu dangereux joué par les États-Unis avec le Front al-Nosra, qui est tout simplement al-Qaida. Qui aurait imaginé, à la fin de 2001, que les États-Unis aideraient al-Quaida ?

 

Enfin, en éteignant un incendie ici, il ne faudrait pas en allumer un autre ailleurs. Je pense à la question kurde, qui rend nécessaire la pleine association de la Turquie à une stratégie de sortie.

 

Mes chers collègues, il me semble que la paix et une structuration politique sont possibles là-bas comme ailleurs. Le monde arabe a connu son siècle des Lumières : la Nahda, dont l'esprit a été perpétué par certains partis politiques arabes.

 

Monsieur le ministre, si des frappes militaires sont nécessaires pour stopper l'avancée de Daech, je répète que les membres du RDSE y sont favorables ; mais proposez-nous aussi un scénario de sortie qui serait mis en œuvre dans le cadre de l'ONU et rassemblerait toutes les parties prenantes, je dis bien toutes. Nous vous faisons confiance, monsieur le ministre, pour agir en ce sens, au service de la sécurité régionale et internationale ! (Applaudissements sur les travées du RDSE, sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain et sur la plupart des travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 06:36

« La laïcité, écrit Eddy Khaldi, dans son ABC de la Laïcité qui vient de paraître, est un mot aux interprétations multiples et sa définition l’enjeu de querelles politiques. » Mais l’idée de laïcité devient intelligible si on situe les valeurs en jeu, ainsi que les moyens et méthodes qu’on est prêt à mobiliser pour les faire prévaloir. C’est ce à quoi s’attache ce bon manuel.

Eddy Khaldi, illustrations d’ALF, ABC de la Laïcité, Demopolis, 2015, 27 €.

Eddy Khaldi, illustrations d’ALF, ABC de la Laïcité, Demopolis, 2015, 27 €.

À la suite des générations militantes laïques qui se sont succédé aux XIXe et XXe siècles, Eddy Khaldi identifie dans la liberté la valeur cardinale de la laïcité, qu’elle soit individuelle ou politique ; d’émancipation, de création, ou d’autonomie ; qu’elle combatte les oppressions, les aliénations, ou les fanatismes haineux et débilitants… À travers la laïcité, on voit combien la liberté de choix a besoin des lumières de la raison, et on comprend qu’une république émancipée des dogmes religieux attend de ses membres qu’ils accèdent au plus haut degré d’instruction.

La première partie, Qu’est-ce que la laïcité ?, croise une approche systématique et une approche historique. Elle évite ainsi le relativisme d’une dispersion des significations de la laïcité, et le dogmatisme d’une définition simpliste. L’ABC dégage les fondamentaux de la laïcité : la liberté de conscience, l’égalité de droits, la neutralité de l’État. Il fait saisir sans détours ses contraires et ses faux amis. Il y a plus d’un siècle, déjà, Buisson ironisait sur une laïcité comblée au point d’être encombrée par trop d’amis qui l’aiment quand elle renonce à l’essentiel de ses combats… Quelques-uns des préjugés à l’encontre de la laïcité sont battus en brèche, arguments et textes à l’appui. Non, la laïcité n’est pas une exception française mais un idéal universel qui traverse les peuples et les continents. Non, la laïcité n’est pas antireligieuse pas plus qu’elle ne serait une nouvelle religion ou une multi-confessionnalité. Car la laïcité se situe sur un autre plan que les options spirituelles, religieuses, agnostiques, ou athées, relatives au sens de l’existence et au sort des défunts. Son plan est celui du droit commun démocratique, qui permet de vivre autour de l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité. L’ABC de la Laïcité fournit des repères permettant de cerner le cadre juridique de la laïcité. Il fait apparaître, références précises à l’appui, trois étapes majeures de la séparation en France d’avec les religions : celles de l’état civil, de l’école puis de l’État. Il utilise la distinction très éclairante, introduite par Catherine Kintzler, entre l’espace relevant de l’autorité publique, celui de la société civile et celui propre à la vie privée. Cette tripartition permet d’éviter des malentendus et de démasquer des dérives symétriques, qui retournent la laïcité contre elle-même, qu’elles soient xénophobes, étatiques ou communautaristes.

La seconde partie, La Charte de la laïcité à l’école, est la plus remarquable. Alors que La Charte de la laïcité à l’école est entrée en vigueur il y a juste deux ans, elle n’a pas encore été l’objet d’une appropriation par les personnels et par les élèves, pour des raisons qui tiennent autant à la politique qu’à la pédagogie. La Charte est trop souvent passée sous silence du fait d’allergies idéologiques tenaces, quoique rarement avouées, à la laïcité et à la nouvelle Charte. Il arrive aussi que la Charte soit présentée de façon si édulcorée qu’elle apparaît lénifiante, valable seulement dans un monde de bisounours. Mais les oppositions sournoises ne sont pas seules en cause. Des obstacles pédagogiques expliquent également le retard pris dans l’appropriation de la Charte par les établissements scolaires. Car il faut trouver le langage approprié pour faire réfléchir les élèves. La Charte de la laïcité ne peut être enseignée valablement que de façon… laïque. Elle ne sera en conséquence ni prêchée ni inculquée, mais expliquée, discutée ou représentée, pour être identifiée et mise à l’épreuve à partir de ses enjeux et de ses tensions vivantes. L’ABC de la Laïcité propose une approche judicieuse de ce texte : chacun des quinze articles cités est suivi d’un commentaire personnel d’auteurs spécialistes de la laïcité ainsi que de références législatives ou réglementaires. Ainsi, le difficile article 10, qui dispose qu’il appartient à tous les personnels de transmettre le sens et la valeur de la laïcité, est-il remarquablement mis en perspective par l’historien Jean-Paul Scot, qui explique que l’éducation nationale n’est pas une simple administration d’État mais une institution publique investie de la mission de transmettre aux élèves des connaissances par l’initiation à la raison et à la science, leur permettant de devenir des hommes et des femmes libres et responsables. De même, l’article 14, qui fait référence aux règles de vie dans les établissements scolaires, est-il mis en rapport à la loi du 15 mars 2004 mais aussi aux questions relatives aux sorties et à la restauration scolaires. Ces deux questions sont l’une et l’autre clarifiées, quand on aperçoit qu’un accompagnateur scolaire tient le rôle d’un contributeur au travail de l’enseignant, non celui d’un promeneur ou d’un usager. De même, les querelles qui sèment fâcheusement la discorde à propos des cantines scolaires sont dissipées si l’on n’impose pas un menu unique et si l’on opte pour la formule moderne du self service. Dans tous les cas, on aperçoit que les exigences de la laïcité scolaire ne sont en rien le symptôme d’une irréligion d’État. Elles sont au contraire pleinement « inclusives », soucieuses de la bonne marche de l’école et de l’intérêt des élèves, tout en préservant du communautarisme qui aggrave les fragmentations et les désintégrations sociales

La troisième partie, La laïcité en éducation, complète les précédentes. Est montré combien le principe d’égalité est essentiel à la laïcité de l’école, à son universalité concrète. De même, voit-on que depuis ses origines jusqu’à la Charte de la laïcité, l’école laïque a vocation à préserver la liberté de conscience de l’enfant en n’imposant aucune vision de l’existence, et en lui permettant de les connaître de façon objective. Il n’en est pas de même de l’enseignement catholique dont le nouveau statut de 2013 déclare « travailler à faire connaître la Bonne nouvelle du Salut » et que le Christ est « le fondement du projet éducatif de l’école catholique ». Pourtant, l’école catholique est financée par la collectivité publique, au moins à égalité avec l’école publique et sans disposer des mêmes obligations. On est loin des principes d’égalité et de liberté qui président à la laïcité de l’enseignement public et à la séparation des Églises et de l’État.

Eddy Khaldi se garde d’un consensualisme stérile, en assumant les discussions et même les polémiques. Il évite aussi un sectarisme désolant, en faisant converger des perspectives différentes autour d’un volontarisme laïque. En contrepoint de la liberté et de l’égalité, il insiste sur la référence à la fraternité, quelque peu désertée ces dernières décennies par les laïques qui s’étaient confortablement installés dans le cadre juridique sécurisant de l’État laïque des Trente Glorieuses. Ces laïques avaient oublié que l’édifice juridique d’égale liberté risque de s’écrouler comme un château de cartes s’il se coupe de sa base sociale concrète. La fraternité républicaine et universaliste, et non pas communautariste et exclusive, rassemble concrètement, au-delà des dogmes qui divisent. Pour cette raison aussi, le manuel de Khaldi se situe au cœur des enjeux contemporains.

On mentionnera enfin les très bonnes illustrations d’Alain Faillat, dit ALF, intelligentes et drôles, dont certaines peuvent servir de support pédagogique.
En cette rentrée scolaire, tout citoyen, enseignant, éducateur populaire ou parent, qui veut disposer d’un bon manuel sur la laïcité, actualisé et fiable, bien fourni en ressources juridiques et institutionnelles, gagnera à disposer à portée de main de l’ABC de la Laïcité.

avec l'UFAL.

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