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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 12:33
"L'accord UE-Canada est un brouillon du traité transatlantique"

 

La fin des négociations portant sur le traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne doit être annoncée aujourd'hui à Ottawa. L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot, déjà à la pointe du combat contre le traité transatlantique, nous explique en quoi cet accord remet lui aussi en cause nos choix de société et notre souveraineté.

 

Un article paru dans Marianne.FR et propos recueillis par Alexandre COSTE.

Marianne : L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis, le TAFTA, les Français savent désormais de quoi il s'agit. Quelques (trop rares) médias, à commencer par Marianne,  s'en sont emparés ces derniers mois. En revanche, ça n'est pas le cas de l'accord de libre-échange UE - Canada. Mais le CETA (son acronyme), c’est quoi ?


Yannick Jadot : Le CETA, c’est un accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada qui couvre les échanges de biens, de services et d’investissements, et qui tente également de standardiser les normes et les règles entre ces deux marchés. Ces normes et ces règles peuvent parfois être très techniques, très administratives. Il est donc parfois intéressant de tenter de les harmoniser quand il y a trop de différences. Mais ces normes et ces règles sont souvent aussi des choix de société, démocratiquement construits, qu’il s’agisse du refus des OGM, de la protection des services publics, de la santé, des droits sociaux ou des libertés numériques…
 
Marianne: Quels sont, selon vous, les dangers d’un tel accord ?


Yannick Jadot: Il est dangereux à deux niveaux. L’objectif des négociateurs, qu’ils soient du côté américain ou du côté canadien, est de faire passer ces choix de société par la lessiveuse commerciale. Le but est que ces choix de société — encore une fois la protection de la santé, la protection des consommateurs, la protection des salariés — ne remettent pas en cause le développement des échanges commerciaux. Donc forcément, il y a une prime qui est donnée à la rentabilité commerciale, aux profits tirés des échanges, par rapport à la valeur qui est donnée à l’environnement, la santé, le droit social, la démocratie. Il y a un renversement de la hiérarchie des valeurs au profit du seul aspect commercial. La deuxième chose, qui est la plus dangereuse dans l’accord avec le Canada comme dans l’accord qui se profile avec les Etats-Unis, c’est l’idée que les investisseurs, les entreprises, pourront assigner les Etats devant un tribunal privé. Les entreprises pourront contourner les juridictions existantes (nationale, européenne, provinciale, fédérale…) et ainsi demander aux Etats des compensations lorsque les décisions prises par ces Etats remettent en cause leurs activités et leurs perspectives de profit. C’est sur cette base-là par exemple — puisque ce dispositif existe déjà dans l’accord qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique — que la société américaine Lone Pine attaque le gouvernement du Québec et lui demande 250 millions de dollars de dédommagement parce que celui-ci a fait un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste. On est vraiment — et c'est totalement inacceptable — dans le transfert de souveraineté de la société, des peuples, des collectivités, des Etats, vers les entreprises. 

 

Marianne: Les critiques faites au CETA sont donc similaires à celles qui sont faites au traité transatlantique…
 

Yannick Jadot: Absolument. En fait, si en ce moment il y a une focalisation (enfin !) sur le CETA (parce que nous, nous le combattons depuis cinq ans, depuis que les négociations sont engagées), c’est aussi parce qu’il apparaît comme un brouillon du traité transatlantique entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Et qu’il comporte, à une échelle un peu moindre — car l’économie canadienne n’est pas l’économie américaine —, la remise en cause de nos choix de société et de notre souveraineté.
 
Marianne: Pourquoi le CETA revient-il sur le devant de l’actualité ?

 

Yannick Jadot: On en parle parce qu’aujourd’hui, à Ottawa, il y a un sommet Union européenne – Canada et que Barroso, pour la Commission, Van Rompuy pour le Conseil européen et Harper, le Premier ministre canadien, vont annoncer la conclusion des négociations. La bonne nouvelle, c’est que pour l’instant, nous ne sommes pas encore rentrés — loin de là — dans le processus de ratification. L’accord est négocié, mais il va falloir que le Conseil européen valide, que le Parlement européen le valide aussi et il faudra, enfin, que les parlements nationaux des 28 Etats membres de l’Union le valident à leur tour. Aujourd’hui, nous avons probablement réussi à faire en sorte qu’au Parlement européen, une majorité rejette au moins la partie sur l’investissement.
 
Marianne: Les négociations sont donc arrivées à leur terme, mais c’est peut-être aussi le début de la fin pour ce traité…

 

Yannick Jadot: C'est bien ce que nous souhaitons. Sur le traité transatlantique, les Etats se cachent derrière leur petit doigt et disent : « Vous ne savez pas quel est le résultat des négociations donc attendez avant de critiquer. » Là, le résultat est sur la table, les dangers sont présents dans le texte et il va donc falloir que les Etats se positionnent vis-à-vis de leurs opinions publiques. Il vont devoir dire qu’aujourd’hui, leur stratégie consiste à exposer un peu plus les citoyens européens aux intérêts de sociétés privées et ils vont devoir assumer le transfert de leur pouvoir de construction démocratique au profit des entreprises. Ça ne va donc pas être facile pour eux... D'autant que nous comptons mettre toute la lumière sur les dangers du traité. Par cette mise en lumière et la mobilisation citoyenne, nous espérons que ce traité finira comme l'accord commercial anti-contrefaçon (ACTA) qui touchait aux libertés numériques, aux semences fermières, aux médicaments génériques et sur lequel le Parlement européen avait fini par voter contre et l’avait enterré.

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 16:37

COMMUNICATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

GUILLAUME LACROIX

À L’ISSUE DU BUREAU NATIONAL

DU 17 SEPTEMBRE
 

JEUDI 18 SEPTEMBRE 2014


Le Parti Radical de Gauche, dernier allié du Parti socialiste au sein de la majorité gouvernementale, souhaite plus que jamais faire valoir ses propositions pour redresser le pays. Lors du vote de confiance mardi 16 septembre il manquait 4 voix au groupe socialiste (253 voix) pour obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés (257 voix), la confiance n’aurait donc pas été accordée sans le soutien des radicaux de gauche.

Nous nous félicitons de la garantie, renouvelée lors du discours de Manuel Valls devant l’Assemblée nationale, du maintien des Conseil généraux dans les départements ruraux. Nous tenons également à saluer l’annonce de la revalorisation du minimum vieillesse et la création d’une prime exceptionnelle destinée aux retraités ayant des pensions inférieures à 1200 euros par mois.

Ce sont deux revendications que le PRG défend avec force depuis plusieurs mois qui ont été reprises par le Premier ministre.

Par ailleurs, nous soutenons le discours profondément réformateur et pragmatique de Manuel Valls qui a su rester ferme sur les valeurs de la République. Il était en effet indispensable, pour les radicaux de gauche, de rappeler notre union autour de ces valeurs fondamentales d’égalité, de laïcité mais aussi autour de la défense de notre modèle social. Nous sommes donc satisfaits tant par la reprise de certaines de nos propositions que par le ton et la détermination du Premier ministre qui a clairement exprimé sa volonté de continuer de réformer notre pays dans la justice.

Cependant, bien que nous ayons voté la confiance au Gouvernement Valls II, ce n’est en aucun cas un blanc-seing absolu. La continuité de ce soutien impose le maintien de la qualité du dialogue, du respect et à la prise en compte de nos propositions par notre partenaire socialiste.

Les mesures prises récemment et notamment le CICE et le Pacte de Responsabilité et de Solidarité vont dans le bon sens et participent au redressement économique du pays. Toutefois, nous attendons plus de contreparties et des actes clairs de la part du MEDEF afin que les efforts consentis par nos concitoyens servent véritablement l’emploi et la croissance. Ce redressement économique voulu par Manuel Valls est indispensable, mais les radicaux de gauche continuent de faire preuve de créativité et d’imagination afin d’aller plus loin dans le travail de réforme entrepris depuis le début du quinquennat.

Suite à l’annonce du Premier ministre, nous réclamons une profonde réforme fiscale. Pour les citoyens, afin que l’impôt soit plus lisible, plus compréhensible et donc mieux accepté avec la création d’un impôt personnel, unique et progressif par la fusion de l’impôt sur le revenu, de la CSG et des cotisations sociales salariées. Pour les collectivités territoriales, afin d’assurer correctement leurs missions et de continuer à remplir leur rôle central dans l’investissement et le soutien à l’innovation en leur octroyant des ressources pérennes et dynamiques comme une fraction de la TVA proportionnelle à leur population. Pour les entreprises, afin de mettre enfin en place la progressivité de l’impôt sur les sociétés selon leur bénéfice et favoriser ainsi nos PME. Il s’agirait concrètement de taxer les plus petits bénéfices à 15%, les bénéfices moyens à 25% et les bénéfices plus importants à 35%.

Bien qu’ayant obtenu la confiance de l’Assemblée nationale, personne ne doit nier la fébrilité des institutions de la Vème République face à la crise.

Dans ce contexte il est urgent d’agir et de refonder notre République.

Notre projet de VIème République répond à ce constat et le Forum Républicain intitulé « Pour une République moderne » que nous organisons les 17,18 et 19 octobre prochains sera l’occasion de finaliser et de détailler nos propositions à ce sujet. Elles seront l’objet d’initiatives législatives de la part de nos groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée national.

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 12:37

L'Equateur sur le chemin d'un salaire maximum ! 

Il a osé le dire !
 

Mercredi 17 Septembre 2014 à 19:00

Patricia Neves

Il a osé le dire !


Rafael Correa, le président équatorien, l'a annoncé ce week-end : il envisage d'instaurer un salaire maximum dans les entreprises privées. Le rapport entre le plus bas et le plus haut salaire pourrait être fixé de 1 à 20. Des manifestations en réponse à cette mesure sont prévues cette nuit dans le pays.

«Si le directeur d'une banque veut gagner 60 000 dollars (près de 46 000 euros), parfait, mais ça n’excédera pas vingt fois le salaire de son travailleur le plus pauvre » a annoncé ce week-end le président équatorien, Rafael Correa, sans toutefois préciser s'il évoquait un revenu mensuel ou annuel... Sans doute, notre homme a-t-il avancé ce montant par pure provocation. Car l'important est ailleurs, dans le rapport de 1 à 20 retenu par le chef de l'Etat. Car c'est contre les « inégalités » que s'est érigé Rafael Correa, en faisant cette sortie dans son habituel espace de parole hebdomadaire, « Enlace Ciudadano », diffusé à la radio, sur les écrans de la télévision via les dizaines de chaînes pro-gouvernementales. Ainsi, si cette réforme voyait le jour, les salaires les plus élevés pourraient donc, selon nos calculs, ne pas dépasser 6 800 dollars (5 300 euros) par mois, soit vingt fois 340 dollars, le montant du Smic équatorien (262 euros), qui a plus que doublé sous la présidence Correa.

Calquée sur « Aló presidente », l’émission à succès de son ancien homologue vénézuelien et grand orateur Hugo Chavez, « Enlace Ciudadano » est diffusée depuis 2007, date de l’élection du président Correa, et ne vise pas seulement à tenir informés les électeurs des projets en cours ou en devenir mais à maintenir un lien direct avec la population. Qui d’ailleurs le lui rend bien. Avec 75 % de taux de popularité, Rafael Correa est en effet le dirigeant sud-américain le plus populaire.

Ce week-end cependant, l’annonce de l’instauration d’un salaire maximum tant dans le public qu’au sein des entreprises privées, a surpris. Elle intervenait de fait à quelques jours seulement d’une grande manifestation organisée à l’appel de plusieurs organisations syndicales, tous secteurs confondus, allant de la fonction publique aux peuples indigènes. Tous se réunissent aujourd'hui (cette nuit en France, ndlr) pour une « grande marche » contre la réforme du Code du travail, actuellement en préparation, qui inclura donc désormais le plafonnement des plus hauts salaires.

Un mécontentement auquel n’a pas tardé de réagir le chef de l’Etat. Sur Twitter, Correa a en effet anticipé cette semaine « difficile » et appelé ses sympathisants à se mobiliser eux-aussi, à Quito, la capitale. « S’ils sont 3 000 nous serons 30 000 » prévient-il. En face, les opposants déclarent ne pas vouloir « mesurer » leurs « forces » respectives. Ce sera pourtant l’occasion de le faire...

Car plusieurs autres mesures phares s’annoncent dans les prochains mois, comme l’augmentation possible du prix des transports publics dont les conséquences au Brésil, l'année dernière, ont été dévastatrices pour le parti des travailleurs (PT) de la présidente Dilma Rousseff. Jamais les Brésiliens n'avaient autant manifesté, par millions, dans les rues, sur les réseaux sociaux, poussant même le gouvernement à reculer. Mais un autre sujet inquiète : un amendement de la Constitution équatorienne est à l'étude. Celui-ci permettrait aux autorités en place, en particulier au président, de se représenter sans limite de mandats successifs. L'exemple du voisin vénézuelien, cette fois, est aussi éloquent. La mesure, soumise par référendum une première fois en 2007 puis en 2009 par Caracas est aujourd'hui encore et toujours contestée.

Demain, la mobilisation à Quito sera donc un test. Alors que la tension sociale est palpable depuis plusieurs mois. En témoignent les dernières municipales, tenues en février dernier et à l’issue desquelles les trois plus grandes villes du pays, Quito, Guayaquil et Cuenca ont toutes échappé à Alianza País, le parti au pouvoir.

En France, la question du salaire maximum n'est pas passée inaperçue. Sur le site internet du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon rappelle en effet qu'il en avait fait l'une de ses principales propositions de campagne, lors de la présidentielle de 2012. François Hollande, lui, promettait alors d'imposer un « écart maximal de rémunérations de 1 à 20 » aux « dirigeants des entreprises publiques ». Un décret de juillet 2012 fixe bien un « plafond brut annuel », mais à 450 000 euros, soit en fait un écart de 1 à 26 si l'on se réfère au Smic comme salaire le plus bas.

Mais quid d'un tel dispositif dans les entreprises privées ? En mars 2013, le Figaro rapporte un sondage selon lequel 83 % des Français se déclarent favorables à une « loi instaurant un "salaire maximum " pour les dirigeants d'entreprises privées. » Proposition rejetée en Suisse huit mois plus tard à 65 % quand bien même le pays possède l'un des plus grands écarts de revenus, derrière les Etats-Unis et le Canada. « En moyenne, écrit à l'époque France 24, un dirigeant helvète gagnait en 2012, 148 fois plus que son employé lambda. » C'est 108 fois pour la France...

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 18:13

DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE DU PREMIER MINISTRE

INTERVENTION DE ROGER-GÉRARD SCHWARTZENBERG

PRÉSIDENT DU GROUPE RRDP

 

ASSEMBLÉE NATIONALE, 16 SEPTEMBRE 2014



Monsieur le Premier ministre,


Voici donc votre nouveau gouvernement. Nous lui souhaitons évidemment de réussir. Dans l’intérêt de la France. Et dans la fidélité aux valeurs républicaines de justice et de progrès. Bref aux valeurs de la gauche.

Chacun connaît et apprécie vos qualités personnelles. Votre énergie, votre volonté, votre détermination à agir. Des qualités très nécessaires en ces temps de crise.

Mais, pour se prononcer dans ce vote, l’essentiel, c’est évidemment la ligne qui sera suivie, la politique qui sera mise en œuvre.

Le message du suffrage universel

En démocratie, l’arbitre véritable, c’est le suffrage universel. Et il faut être très attentif à ce qu’il exprime à travers les scrutins successifs.

C’est ce que vous avez fait dans votre précédente déclaration de politique générale, le 8 avril, en notant :

« Par leur vote ou leur abstention lors des dernières élections municipales, les Français ont dit leur déception, leur doute, leur mécontentement et parfois leur colère… Ils ont exprimé leur soif de justice. Ce message est très clair. »

Depuis, le scrutin européen a confirmé ces résultats.

Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas oublier ce message des électeurs.

Sinon, s’ils avaient le sentiment d’une indifférence à leur vote, voire d’un certain déni du suffrage universel, ils se tourneraient de plus en plus vers les partis extrémistes et leurs fausses solutions.

À côté du redressement des finances publiques, qui est évidemment nécessaire, il faut répondre aux préoccupations principales des Français et notamment de ceux qui nous ont fait confiance en 2012 : l’emploi, le pouvoir d’achat, les difficultés de la vie quotidienne.

 


SOCIAL-LIBÉRALISME ?

Face à ces enjeux, vous menez une politique que certains qualifient de « social‑libérale ».

Mais, comme la plupart des mots composés, le « social-libéralisme » peut apparaître ambigu. S’agit-il d’un socialisme, teinté d’un peu de libéralisme ? Ou bien s’agit-il d’un libéralisme, ayant conservé certains traits socialistes ?

Qu’est-ce qui domine dans cette formule mixte, dans cet oxymore, qui associe deux expressions habituellement contraires : socialisme et libéralisme ?

Reste-t-on principalement dans la tradition de 1981 ou de 1997 ? Ou bien s’inspire‑t‑on davantage de Blair et Schröder, qui seraient devenus les nouvelles figures de référence, les nouveaux totems à honorer ? Même si Lionel Jospin, chef de gouvernement au même moment, jugeait leur politique peu conforme aux attentes sociales.

Le soutien aux entreprises

Certes, en période de crise, il est normal de soutenir les entreprises. À l’Université d’été du Medef, vous avez rappelé les mesures prises dans ce but. C’est-à-dire le CICE, créé dès décembre 2012, et le Pacte de responsabilité, voté en juillet dernier. Soit au total, sur 3 ans, 41 milliards d’euros d’allégements des charges des entreprises.

Le Medef avance d’autres demandes. Sur la simplification du code du travail et sur les seuils sociaux.

Selon lui, ces seuils seraient un frein à l’embauche par les obligations légales qu’ils déclenchent. En particulier l’élection de délégués du personnel ou d’un comité d’entreprise, selon le nombre de salariés.

Pourtant, selon une étude de l’INSEE de 2010, la suppression des seuils sociaux n’aurait qu’un impact très limité sur les créations d’emplois.

Pourtant, renoncer à ces seuils, ce serait restreindre le droit des salariés à une véritable expression collective au sein de l’entreprise.

À cela s’ajoutent les dernières propositions du Medef : dérogations au Smic, à la durée légale du travail, suppression de jours fériés, etc.

Tout cela fait beaucoup. Et, à coup sûr, trop pour une majorité comme la nôtre, attachée à la situation des salariés.


DEUX MESURES

Par ailleurs, il serait très utile de préciser le dispositif du CICE.

Préciser le dispositif du CICE

La première concerne le CICE. Il doit certes continuer de s’appliquer, mais avec les « contreparties » prévues, alors que le Medef semble maintenant récuser ce terme.

M. Gattaz – qui continue de porter son pin’s « 1 million d’emplois » – doit jouer le jeu et respecter ses engagements. En partenaire de bonne foi.

Le CICE a été conçu avec un objectif précis : aider les entreprises à développer l’emploi et l’investissement. Et non pas pour d’autres fins éventuelles, choisies à leur guise. Comme augmenter les rémunérations et les dividendes.

Ce crédit d’impôt n’est évidemment pas un chèque en blanc attribué aux entreprises, qui l’utiliseraient à leur gré, à leur convenance, sans guère embaucher ou investir davantage.

Le chef de l’État a insisté sur ce point dans sa conférence de presse du 14 janvier 2014, en déclarant :

« Ces contreparties doivent être définies au plan national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des seniors… Un ‟Observatoire des contreparties” sera mis en place. »

Notre groupe a donc déposé un amendement au projet de loi de finances rectificative pour 2014, amendement devenu l’article 29 de cette loi, qui dispose :

« Le gouvernement remet au Parlement avant le 1er mars 2015 un rapport sur la création d’un ‟Observatoire des contreparties”, dont le rôle sera de suivre l’utilisation par les entreprises des allégements de charges et d’impôts consentis à celles-ci aux moyens du CICE et du Pacte de responsabilité. »

Cette transparence s’impose. Car, comme l’a constaté le ministre du Travail le 10 septembre, trop peu des 50 principales branches ont commencé les négociations entre partenaires sociaux, pourtant décidées dès le 5 mars, et une seule les a conclues : la chimie.

Pour le reste, 33 branches ont ou vont entamer des négociations. Et 17 autres n’en ont encore engagé aucune.

Cette lenteur extrême ou cet immobilisme ne sont pas acceptables.

Quand il s’agit de combattre le chômage, la démarche ne peut rester celle-là : tarder, traîner, temporiser.

Le CICE présente une seconde lacune, majeure : l’absence de sélectivité.

Ce soutien s’adresse indistinctement à toutes les entreprises, quelles qu’elles soient. Qu’elles soient industrielles ou non. Qu’elles soient exportatrices et soumises à la concurrence extérieure ou non. Qu’elles soient bénéficiaires, même largement, ou non.

Ainsi, la grande distribution profite amplement de ce crédit d’impôt. En 2013, son impact aurait été de 70 millions d’euros pour Carrefour et de 45 millions pour Auchan.

À l’évidence, il faudrait concevoir un certain ciblage du CICE et le concentrer sur les secteurs ou les entreprises qui en ont réellement besoin. Avec une attention particulière pour les PME.

Soutenir aussi la demande

Par ailleurs, à côté de l’offre, il faut aussi soutenir la demande.

Mario Draghi l’a souligné le 22 août dernier, en analysant la situation de la zone euro :

« Une stratégie cohérente pour réduire le chômage doit s’appuyer à la fois sur des mesures d’offre et de demande… La demande a besoin d’un coup de fouet. »

Le président de la BCE encourage donc les pays européens à prendre des mesures de relance.

De même, le FMI s’inquiète de la faiblesse de la demande européenne et recommande une rigueur moins prononcée.

La France ne doit pas se polariser trop principalement sur une politique de l’offre. Elle doit stimuler à la fois l’offre et la demande. En améliorant notamment le pouvoir d’achat des ménages modestes.

À cet égard, en avril dernier, le Premier ministre s’était engagé – en particulier envers notre groupe – à ne pas geler la revalorisation au 1er octobre des retraites inférieures à 1200 € par mois.

Mais la prévision d’inflation pour 2014, faite par l’État, s’avère aujourd’hui nettement moins élevée qu’initialement prévu. De ce fait, l’application purement technique du « coefficient de revalorisation » aurait conduit à un non-relèvement de ces pensions.

D’où le choix d’une autre voie, d’une autre démarche, recommandée vendredi par notre groupe : donner un « coup de pouce » à ces petites pensions pour permettre leur relèvement, très attendu par les retraités modestes.


LES RELATIONS GOUVERNEMENT-PARLEMENT

Un deuxième élément est important pour notre groupe dans ce vote de confiance : la conception de vos relations avec le Parlement.

Vous avez déclaré le 27 août : « J’aime l’entreprise. » Très bien. Puis le 31 août : « J’aime les socialistes. » Encore mieux. Il vous reste à dire : « J’aime le Parlement. » (Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP). Ce qui sera également très positif. (« Bravo ! » sur divers bancs).

Mais, il est vrai, vous l’avez presque déjà dit dans votre première déclaration de politique générale. Avec cette phrase : « Rien n’est possible sans l’écoute et le dialogue… Une démocratie forte, c’est un Parlement respecté. »

Vous annonciez alors une nouvelle méthode de travail, fondée sur une concertation accrue avec la majorité parlementaire.

Le gouvernement et sa majorité doivent en effet dialoguer pour s’accorder. Et ils doivent le faire le plus possible en amont des textes.

Bref, il s’agit de rompre avec certaines pratiques hégémoniques de la Vè République, qui auraient pu se résumer ainsi : « Le Gouvernement décide, le Parlement exécute. »

- Nous souhaitons donc l’usage moins fréquent de la procédure accélérée, qui oblige le Parlement à légiférer hâtivement et donc imparfaitement quand il s’agit de textes complexes qui nécessiteraient un examen approfondi.

Cette LGV, cette « Législation à Grande Vitesse », ne garantit guère l’efficacité des lois adoptées.

D’ailleurs, il vous arrive de remettre l’ouvrage sur le métier quelques mois seulement après la promulgation d’une nouvelle loi.

- De même, il importe de ne pas recourir aux ordonnances sur des sujets importants, comme cela avait été initialement envisagé pour le travail dominical. Car cette procédure reviendrait à esquiver, pour l’essentiel, le débat parlementaire.

Il faut se garder d’utiliser l’arsenal constitutionnel primitif de la Vè République, qui limitait le rôle du Parlement. En transformant les élus en simple machines à voter.

La vocation de la gauche, c’est, au contraire, de revaloriser le Parlement, qui est l’expression du suffrage universel.

Pas de vote automatique

Étant représentés dans l’équipe ministérielle, les députés de notre groupe accorderont leur confiance au Gouvernement, dans leur grande majorité. En étant solidaires sur les principaux choix.

Mais il s’agira d’un soutien lucide et réfléchi dans l’examen des divers projets de loi. Nous nous prononcerons texte par texte, cas par cas. Sans vote automatique ni mécanique.

Comme nous l’avons d’ailleurs fait ces cinq derniers mois. Il nous est arrivé, en effet, de devoir nous abstenir, voire de voter contre un texte pour pouvoir obtenir sa modification. Cela a été le cas sur la réforme territoriale, pour parvenir au maintien des Conseils généraux dans les départements ruraux.

D’ailleurs, l’Exécutif devra tenir compte de la nouvelle donne parlementaire, qui existe depuis quelques mois.

Le départ des écologistes du Gouvernement et les votes autonomes de certains députés socialistes donnent parfois des scrutins aux résultats plus aléatoires, plus incertains.

Dans cette situation parlementaire, contingente et difficile, les voix de notre groupe pourraient donc se trouver déterminantes pour l’issue de tel ou tel scrutin législatif. Elles seront souvent nécessaires pour l’obtention d’une majorité.


RASSEMBLER LA NATION

Un dernier point justifie notre soutien : la nécessité de rassembler notre pays, qui connaît beaucoup de fêlures, de fractures pouvant menacer son unité.

Notre société est devenue très fragile, très vulnérable. Et il ne faut pas la déstabiliser davantage en ajoutant la crise à la crise, ici au Parlement.

Une société fragile

- Fragilité d’abord avec 14 % de la population, soit 8.500.000 personnes, qui vivent sous le seuil de pauvreté. Parmi elles, on compte 3 millions d’enfants pauvres – soit 1 enfant sur 5 – dans notre pays, 5ème puissance économique mondiale.

- Fragilité avec 3.400.000 chômeurs, dont 540.000 jeunes de moins de 25 ans, devant qui semblent se fermer les portes de la société.

- Fragilité aussi avec les emplois précaires, qui se multiplient et qui génèrent l’incertitude de l’avenir.

- Fragilité avec la fracture territoriale entre les villes-centres et les banlieues populaires. Celles de la France périphérique, qui concentre toutes les difficultés sociales.

- Fragilité avec la montée du communautarisme, qui risque de fragmenter la société en entités particulières, repliées sur elles-mêmes.

- Fragilité, enfin, avec le retour du racisme, du rejet d’autrui, des slogans de haine des années 1930. Avec, en même temps, l’essor des partis extrémistes, qui pratiquent la démagogie et utilisent les pulsions collectives.

Unir

Avec le lien social qui se distend, la France devient une société inquiète, une société anxieuse, qui s’interroge, se défie et s’alarme.

Dans un tel contexte, la mission essentielle du Gouvernement, c’est de rassembler la nation. En recherchant le consensus. En surmontant les conflits et les tensions.

L’objectif, c’est une société plus apaisée et plus unie. Une société de concorde, qui pratique le dialogue, le débat, l’échange.

Les valeurs républicaines

Pour cela, il faut, comme toujours, en revenir aux « fondamentaux ». C’est-à-dire aux valeurs républicaines.

Justice et progrès. Egalité des chances sans distinction d’origine. Refus des discriminations. Tolérance et respect de chacun. Laïcité pour être ensemble, quelles que soient les appartenances confessionnelles. Fraternité pour bâtir une société plus solidaire.

Sur ces bases, notre pays peut retrouver la conscience commune d’un destin commun. Il peut retrouver « ce désir de vivre ensemble » par lequel on définit souvent une nation.

Sur ces bases, vous pouvez ouvrir des perspectives, « préparer l’avenir », selon la formule de Pierre Mendès France, et porter un nouvel espoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 10:06

Jean-Michel Baylet, nouveau "patron" de la majorité ! Enfin presque...
 

Mercredi 17 Septembre 2014 à 05:00

Bruno Rieth propose son analyse de la situation de la majorité qui se transforme dans Marianne.

Comme nous l’avions annoncé, Manuel Valls a passé le barrage du vote de confiance. Mais, s'il a bien reçu le nombre de suffrages suffisants pour éviter de se retrouver en minorité, ce scrutin démontre clairement une base politique qui se réduit à vue d’œil. Les "frondeurs" progressent, les écolos sont unis dans le doute et le PRG de Baylet joue presque désormais les arbitres des élégances. C'est dire...

Jean-Michel Baylet (et ses 0,64 % à la primaire de 2011) au côté de François Hollande et Manuel Valls - CHESNOT/SIPA

 

Cinq mois. Cinq petits mois séparent les deux votes sur la déclaration de politique générale du gouvernement Valls 1 et Valls 2. C’est peu cinq mois, et pourtant, durant ce court laps de temps, la situation s’est clairement dégradée pour le Premier ministre. Le 8 avril dernier, ils étaient 306 députés à lui accorder leur confiance et 239 à lui refuser. Le seul groupe socialiste (SRC) comptabilisait 279 votes de soutien, ce qui suffisait à Manuel Valls pour gouverner avec une majorité absolue fixée alors à 273. À l’époque, seuls 11 députés socialistes s’étaient abstenus. On retrouvait déjà Pouria Amirshahi, Fanély Carrey-Conte, Pascal Cherki ou encore Henri Emmanuelli. Pour résumer, principalement l’aile gauche du PS du courant Un Monde d’avance. Les écologistes, tout juste sortis du gouvernement étaient encore divisés sur la stratégie à adopter. Dans un vote dispersé, ils étaient 10 à soutenir le gouvernement (dont les deux co-présidents du groupe, Barbara Pompili et François de Rugy) et 6 à s'abstenir comme Sergio Coronado, Eva Sas ou encore Noël Mamère. Côté députés du Front de gauche, ils étaient 12 à voter contre en toute logique. Les radicaux étaient 13 à soutenir le gouvernement. Là aussi logique, les députés PRG ne pouvaient pas désavouer un exécutif comptant des ministres radicaux.

Mais voilà, depuis avril dernier, Manuel Valls n’a pas chômé. Poussé peut-être par un François Hollande persuadé du bien-fondé de sa politique envers et contre tous, celui-ci a préféré faire la part belle aux revendications de Gattaz plutôt que de tendre l'oreille aux revendications des députés de sa propre majorité, qu'ils soient « frondeurs », écolos ou même chevènementistes.

Résultat, un vote de confiance obtenu ce mardi 16 septembre mais qui, au regard des suffrages exprimés, risque de donner quelques sueurs froides à l’équipe du Premier ministre et annonce des « emmerdes » en perspective pour les prochaines discussions sur le budget.

Les conseils généraux sauvés pour Baylet ?

Pour ce vote, la majorité absolue était de 257 voix. Problème : au sein du groupe PS, ils n’étaient que 253 députés socialistes à voter pour la confiance. Traduction : Valls ne possède plus qu’une majorité relative à l’Assemblée. Pis, il lui faut désormais compter beaucoup sur les radicaux… Chez les « frondeurs », ils sont 31 à avoir franchi le pas de l’abstention rejoint par les trois chevènementistes du groupe SRC. « Un avertissement sérieux qui doit être pris par l’exécutif », selon l’un des abstentionnistes. C’est que pour un mouvement qui n’a véritablement que 5 mois d’existence, ils ont triplé leur effectif. Si aucun n’a osé le vote contre, il reste encore deux ans et demi à tenir. Vu les cinq derniers mois, il n'est pas sûr que cette question ne vienne pas un jour titiller certains.

C’est côté écolo que la surprise est de taille. Comme nous l'avions écrit, Manuel Valls a réussi à unir les écologistes… contre lui. Ils sont 17 à s’être abstenus mise à part la député Isabelle Attard qui a voté contre (elle vient tout récemment de rejoindre les rangs de l'organisation Nouvelle donne). Un vote de groupe donc. Incroyable pourrait-on dire. Valls architecte... de la réunification des députés verts, c’en est presque émouvant...

Finalement, le vrai grand (et inattendu) gagnant de ce scrutin se prénomme Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche et heureux détenteur de 0,64 % des voix à la primaire de 2011 ! Durant l’été, celui-ci a mis un « coup de pression » à Manuel Valls au sujet de sa réforme territoriale, menaçant de lui retirer son appui et par la même occasion, ses ministres. En cause, le projet de suppression des conseils généraux. Il faut croire qu'en vieux briscard de la politique, le patron de La Dépêche du Midi avait anticipé qu'il serait bientôt en position de force. Bien vu puisque le Premier Ministre, dans son discours de politique générale, vient d’enterrer la disparition pure et simple des conseils généraux. Logiquement, les députés radicaux lui ont donc accordé leur confiance. Ce qui, au final, se traduit dans les suffrages par 269 voix pour Manuel Valls contre 244 contre (ces derniers n'étaient que 239 lors du dernier vote).

Un vote de confiance acquis donc, mais à quel prix ? Alors qu’en avril dernier la différence entre les pour et les contre était de 67 voix, aujourd’hui, il n'y a plus que 25 voix d'écart… Vingt-cinq petites voix, une peau de chagrin. Surtout, les frondeurs, s’ils restent encore dans une logique d’abstention, progressent par rapport à leur situation d'il y a cinq mois. Sur un vote de confiance, ce n’est pas anodin. Enfin, le torchon entre le gouvernement et les Verts ne brûlent plus seulement. Il est calciné, réduit en cendre.

Conclusion, il y a des chances que, pour Manuel Valls, ce vote de confiance ne lui inspire pas vraiment… la confiance justement.


Tags : austérité, Hollande, libéralisme, Manuel Valls, Vote de confiance

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 18:52


"Nous pourrions nourrir deux fois la population mondiale, et pourtant..."

PASSER LE DROIT A L'ALIMENTATION DANS LA RÉALITÉ.


Le Point - Publié le 09/09/2014 à 11:08 - Modifié le 09/09/2014 à 11:54

 

Olivier De Schutter, ex-rapporteur spécial de l'ONU, dénonce l'inertie du système agricole mondial. Pour lui, le droit à l'alimentation est encore une fiction.


Elle tue plus que le cancer, la guerre ou les catastrophes naturelles. En 2014, la faim est toujours d'actualité. Plus d'un milliard de personnes souffrent de sous-alimentation. Deux milliards de plus sont mal nourries. En parallèle, on dénombre 1,3 milliard d'individus en surpoids ou obèses. Cherchez l'erreur !


Surtout quand on sait que la planète pourrait produire largement assez pour nourrir tout le monde. Après six ans de mandat, Olivier De Schutter a abandonné en mai son tablier de rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, remplacé par la Turque Hilal Elver. Le Belge a pris la coprésidence d'un nouvel organisme, Ipes Food. Un regroupement d'experts qui veut être à l'alimentation durable ce que le Giec est au climat. De passage à Paris au forum Convergences pour débattre de la production agricole durable, le juriste a accepté de répondre à nos questions.


Le Point : En 2000, un des Objectifs du millénaire était de diviser par deux la faim dans le monde d'ici 2015, on en est loin. Quels nouveaux objectifs et surtout, quels moyens, faut-il prendre pour les prochaines années ?

Olivier De Schutter : Il y a un consensus sur la nécessité de réinvestir dans l'agriculture, mais pas n'importe laquelle. Celle entre les mains des petits producteurs, qui souvent font appel à une main-d'oeuvre familiale, dans les pays où la productivité est la plus basse, notamment l'Afrique subsaharienne. Même si ce diagnostic est très partagé, les solutions proposées dans les Objectifs du développement durable en train d'être adoptés à New York (en remplacement des Objectifs du millénaire, NDLR) vont dans le mauvais sens. Je suis inquiet que l'on continue de prôner les vieilles recettes de la libéralisation des produits agricoles, qui ont prouvé qu'elles échouaient. Libéraliser, ça veut dire mettre en concurrence les agricultures du monde entier, sacrifier les moins compétitives et encourager une agriculture focalisée sur l'exportatrice
plutôt que sur les cultures vivrières.

Il faut aller vers l'autosuffisance de chaque pays ?

Pas nécessairement, mais il faut aller vers un rééquilibrage entre les marchés internationaux et locaux, qui ont été sous-développés. On n'a pas tiré tous les enseignements des crises alimentaires. Il y a une vraie tension entre l'objectif affirmé d'aider les plus petits et miser, encore, sur le développement du commerce international.

Le droit à l'alimentation est donc, encore aujourd'hui, une fiction ?

Malheureusement, oui, dans bien des cas. Pourtant, nous vivons dans un monde qui, si l'on gérait adéquatement nos ressources, pourrait nourrir pratiquement deux fois la population de la planète. On produit l'équivalent de 4 500 kcal par personne et par jour. C'est deux fois plus que les besoins journaliers de 7 milliards d'habitants...

Vous avez pris vos fonctions en pleine crise, en 2008. Dans quelle mesure l'agriculture mondiale est-elle devenue le terrain de jeu des spéculateurs ?

Cela a été très vrai entre 2008 et 2011, mais, depuis, les investisseurs sont moins intéressés aujourd'hui à l'idée d'accaparer les terres pour produire. Sur les marchés financiers, des mesures ont été prises pour limiter la trop grande volatilité des cours. Comme avec la mise en place du Agricultural Market Information System, coordonné par la FAO (sur le prix du riz, du blé, du soja et du maïs, NDLR).

Mais le cartel des céréaliers reste une réalité aujourd'hui...

On sait que quatre entreprises* céréalières majeures monopolisent pratiquement le commerce international. Leur poids est encore plus excessif dans certaines régions. Cela entraîne des rapports de force extrêmement inégaux dans les chaînes alimentaires, du producteur au consommateur. Renforcer les organisations paysannes face à leurs intermédiaires, c'est un tabou dont on ne parle jamais dans les sommets internationaux.

Comment faire en sorte que les paysans aient leur mot à dire ?

Il est frappant de voir que, quand les sont payés moins. L'organisation en coopérative peut aider à renforcer leur pouvoir de négociation, à mieux choisir leurs acheteurs. Il faut aussi qu'ils soient mieux informés des prix auxquels ils peuvent prétendre.

Dans les pays qui ont franchi le pas, peut-on dire aujourd'hui que le rôle des OGM a joué un rôle positif?

C'est un chiffon rouge, qui a beaucoup trop monopolisé l'attention. En réalité, les OGM ont été bénéfiques à certains agriculteurs, dans certaines conditions, comme aux États-Unis. C'est un type de technologie adapté à leur agriculture industrielle. Mais dans beaucoup de cas, les OGM ne sont pas soutenables pour l'environnement, appauvrissent la biodiversité et, contrairement à ce qu'on pense souvent, augmentent à terme l'utilisation des pesticides. C'est aussi une technologie chère, pas adaptée pour les petits paysans qui dépendent du rachat de semences brevetées.

La malnutrition n'est pas qu'une affaire de pays du Sud. Aux États-Unis, l'écart se creuse entre la qualité du régime alimentaire des plus riches et des plus pauvres... Comment expliquer ce "quart-monde" des mal-nourris ?

Dans les pays développés, ce sont les groupes sociaux les moins favorisés et les moins bien logés, ceux qui passent leur temps dans les transports, qui sont les moins bien alimentés. Ils sont les premières victimes de diabète, de maladies cardio-vasculaires, de cancers. J'ai longtemps pensé que le facteur décisif était le prix des fruits et des légumes. Ce n'en est qu'un parmi d'autres. Les plus décisifs sont le groupe social auquel on appartient, ses normes et aussi le temps que l'on a pour cuisiner des
aliments frais.

Êtes-vous toujours partisan de taxer plus fortement les produits trop gras et sucrés, à faible valeur nutritive?

Oui, ce serait un très bon signal. Comme pour le tabac et l'alcool, les sodas et les aliments que les Anglo-Saxons appellent les HFSS (à forte teneur en gras, sucre et sel) doivent être taxés pour en décourager la consommation. Ils sont nocifs pour la santé ! C'est ce que le Mexique a fait depuis novembre 2013, cela va
dans le bon sens.

Après six ans de mandat, quel est votre plus gros regret ?

J'ai sous-estimé le verrouillage et l'inertie du système existant. Dans mon rapport final que j'ai remis en mars, j'ai identifié les sources de ces blocages. Il faut plaider aujourd'hui pour une réappropriation par les citoyens du système alimentaire. Ils sont expropriés de ce système, ils n'ont guère les moyens de l'influencer. Les décisions prises le sont en faveur des lobbys, et non des populations. Le seul obstacle, au fond, n'est pas technique. Il est de nature politique.

* Soit Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et Louis Dreyfus - trois firmes américaines et une française -, surnommées les "ABCD companies".

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 16:04


L'affirmation nationale n'est pas un péché.


Réarmer la pensée républicaine.


 

Marianne : En France, la crise de confiance dans la parole et l'action politiques atteint un paroxysme depuis le remaniement. En cette rentrée surtendue, comment analysez-vous cette défiance ?


Jean-Claude Milner : Je retiens plusieurs raisons. Le quinquennat resserre le rythme et, du coup, souligne l'absence de contraste. La droite a été remplacée par la gauche ;
pourtant, à tort ou à raison, l'opinion ne perçoit pas de différence. L'alternance tourne à vide. Qui plus est, la coïncidence trop étroite entre élection présidentielle et élections législatives a retiré aux Français un moyen de corriger la trajectoire en cours de mandat ; la Constitution est devenue de ce fait une machine à produire des déconvenues. Dire que l'action politique est mise en cause, c'est un lieu commun, mais il y a plus : le doute s'étend aux institutions, je veux dire à la notion d'institution elle-même, ce qui relève à mes yeux du populisme. Toutefois, ces raisons n'expliquent pas tout.

Pourquoi ?


Parce que, plus profondément, le doute s'est installé dans l'esprit des Français sur le caractère national de leurs gouvernements.

Que voulez-vous dire ?


Aujourd'hui, l'esquisse même de réalisation d'un programme de type Front populaire serait tout bonnement impossible. A cause de l'Europe. Même le programme qui avait été défini par François Hollande lors de la dernière campagne présidentielle ne serait complètement applicable qu'à la condition de rompre avec plusieurs principes posés par l'Europe - je pense à la règle de libre concurrence qui interdit à l'Etat de soutenir des entreprises en difficulté. Or, la possibilité que l'Etat soit un acteur économique faisait partie de l'identité nationale.

Justement. L'Union européenne, comme vous le suggérez dans « La Politique des choses », fonctionne-t-elle comme une machine à « dépolitiser » ?


Oui, et les conséquences de cette dépolitisation sont particulièrement aiguës pour la gauche française. Elle tient à garder dans sa rhétorique une référence aux précédents de 1936 et de la Libération mais, à supposer qu'elle veuille s'en inspirer, elle se heurte, dans le réel, aux empêchements nés de traités qu'elle a elle-même ratifiés. On soutient que le Parti socialiste, à la différence de son homologue allemand, n'a pas fait son Bad Godesberg et n'a pas voulu assumer sa mue sociale-démocrate. C'est vrai, mais le PS a choisi l'Europe. Or, cela revient strictement au même. Sauf qu'on demeure dans le non-dit. Au lieu d'une révision idéologique explicite, on a préféré maintenir un idéal programmatique, en y juxtaposant une idolâtrie européenne qui, de fait, voue ce programme à du pur bavardage. Conclusion : les socialistes subissent un tiraillement maximal entre deux fantasmes.

La droite républicaine paraît aussi assez « tiraillée »...


Oui, mais à un moindre degré. Je ne parle pas ici des querelles de personnes. La droite de gouvernement est partagée entre le souvenir de la doctrine gaulliste en matière européenne et les effets de la déconstruction méthodique de cette doctrine, à partir de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, en 1974. Depuis lors, la droite se présente comme la plus européenne des formations politiques, mais cet engagement est contredit par la rémanence, toujours possible, de la thématique gaulliste.

C'est en raison de ces tiraillements structurels que triomphe aujourd'hui, au sommet de l'Etat, une certaine « acratie » ?


Oui, mais ce n'est pas lié à la personne d'un président en particulier. Tout le personnel politique français ne sait gouverner que dans le cadre de l'Etat westphalien ; il ne peut rationaliser son action que dans les limites de l'Etat-nation - un Etat doté d'un pouvoir central, qui homogénéise et rééquilibre le territoire ; cela requiert, entre autres choses, une économie animée par la puissance publique. Cet Etat non seulement stratège mais aussi investisseur est au cœur de notre modèle ; aujourd'hui, il est mis en échec par les traités européens. C'est pourtant lui qui a permis à notre pays, à de nombreuses reprises par le passé, de sortir des pires crises en lançant d'amples programmes de revitalisation de l'économie. De ma part, ce n'est en aucune façon un réquisitoire contre l'Europe. C'est un réquisitoire contre les hommes politiques. Aucun n'a eu l'audace de la clarté : si l'on veut maintenir le modèle français, il faudrait, dans les traités, une clause de préservation de l'Etat investisseur - ce qui conduirait à réévaluer la notion de déficit public. Si on juge cela inopportun ou nocif, alors il faut dire ouvertement que l'investissement public est devenu un luxe que la France ne peut plus s'offrir. Il faut choisir, or on ne choisit pas. D'où l'acratie dans ses deux variantes : soit le décisionnisme frénétique de Nicolas Sarkozy, soit la résolution de François Hollande de n'entreprendre que ce qu'autorisent les traités européens, pas davantage. A l'impopularité de l'un a succédé l'impopularité de l'autre ; sous des apparences opposées, la cause réelle est la même : le néant.

Etes-vous finalement devenu, comme Régis Debray ou Alain Finkielkraut, un nostalgique du général de Gaulle ?


Pas du tout ! Plutôt que la nostalgie du gaullisme, je ressens l'urgence du choix : ou bien le personnel politique français s'avise que sa méthodologie est liée à un modèle - celui de l'Etat-nation, stratège et investisseur - auquel il a lui-même renoncé, au nom de l'Europe, et alors il doit affronter la contradiction et la traiter d'une manière intelligente, ou bien il n'affronte rien, et le sentiment de ne plus être gouverné risque d'atteindre dans le peuple une intensité difficilement tolérable.

Plusieurs géographes et écrivains décrivent le face-à-face de deux France qui s'ignorent : celle, intégrée à la mondialisation, des centres-villes, et celle, laissée pour compte, des zones périurbaines. Quelle est votre analyse ?


Cette fracture est à mon avis la conséquence directe de la crise du mode d'intervention traditionnel de l'Etat. Encore une fois, un des mérites de la centralisation à la française tenait au principe d'équilibre qui la régissait.

D'équilibre entre les territoires... De recherche d'équilibre, en tout cas. L'Etat cherchait à rééquilibrer les régions entre elles par la redistribution, les services publics, etc. De la même façon, dans les agglomérations, la division entre centre et périphérie était compensée par l'implantation de sites industriels dans les banlieues (Citroën à Aulnay, Renault à Billancourt...). On ne peut pas négliger le rôle d'entraînement de ces entreprises nationalisées. Aujourd'hui, il n'y a plus un seul bassin d'emploi qui soit à la taille des zones périurbaines. Est-ce en réduisant le nombre de régions qu'on réparera cette situation ? Marianne a qualifié la réforme territoriale de « mille-feuille indigeste » - je crains de devoir ajouter : et inefficace. Etant donné la nature des pouvoirs exercés par les régions, qui tiennent plus de la gestion administrative que de la décision, il aurait fallu privilégier des évolutions de fonctionnement plutôt qu'un redécoupage. Faute de quoi, l'ancien centralisme dit « jacobin » se sera mué en un centralisme à centres multiples. Si le centralisme se définit comme pouvoir discrétionnaire d'un centre, la France de 2014 est plus centralisée qu'en 1981.

Comment, face à ces risques d'éclatement de la cohésion nationale, reconstruire du nous ?


Nulle part, sauf en France, le nationalisme n'est stigmatisé. Le mot nous choque. Le mot « patriotisme » nous fait sourire. Je parlerai donc d'indépendance nationale. On la permet aux pays émergents ; pourquoi serait-elle interdite aux pays vieillissants ? Le mot « national » sonne désagréablement, mais tant pis : il faut cesser de tenir l'affirmation nationale et l'indépendance nationale pour des péchés.

Pourquoi ?


Car il y a une manière non excluante de s'affirmer comme nation : les Allemands l'ont prouvé en menant à bien leur réunification.

Donc, pour vous, le préalable à la réaffirmation du nous, c'est la rupture avec le « french bashing », cette spécialité hexagonale ? Cela peut-il sérieusement endiguer le Front national?


Le FN a réussi ; il répond donc à des demandes. Au-delà de ces demandes, je discerne un désir d'histoire. Valéry Giscard d'Estaing avait tort : la page n'est jamais blanche. Se réapproprier, aujourd'hui, l'histoire d'un pays, ce serait entamer la reconstruction de ce que vous nommez le nous - l'appropriation républicaine des déterminations politiques. Sans mensonges, ni oubli, ni ignorance.

Il faudrait, aujourd'hui, rejouer une part de cette bataille ? En réarmant la pensée républicaine, c'est cela ?


Il faut, aujourd'hui, rejouer toute la partie. Pour une raison inverse de celle qui prévalait en 1875, au début de la IIIe République. La République est devenue une habitude. C'est presque pire.

En France, écriviez-vous dans « De l'école », « tout tient à quelques fragments de savoir ». Ce sont ces fragments de savoir qu'il faudrait remettre au cœur de notre actualité ?


Mais oui, car ces fragments de savoir et de culture spécifiques, liés à la singularité du modèle français, peuvent encore inspirer, en France, des décisions majeures. Un seul exemple : la neutralité de l'espace public. On ne peut que constater l'influence croissante du multiculturalisme ; elle s'appuie sur une donnée : la montée de l'islam politique, et sur une légende : les prétendus succès qu'auraient obtenus les modèles d'intégration fondés sur la juxtaposition et l'indifférence mutuelle des communautés. Or, ces modèles ont complètement échoué ; il suffit d'enquêter dans leurs zones d'influence : l'Europe du Nord et les nations anglophones. Quant à l'islam politique, plutôt qu'une menace, j'y discerne un rappel, qui n'a rien à voir avec l'islam. L'erreur, c'est de croire que les libertés démocratiques, la tolérance, l'autonomie intellectuelle sont naturelles ; elles ne le sont pas. Elles sont artificielles. Elles dépendent d'une machinerie compliquée, dont le meilleur artisan et le meilleur protecteur est un Etat ; quant à cet Etat, le meilleur moyen qu'il a d'intéresser ses citoyens à son perfectionnement, c'est de prendre appui sur l'indépendance nationale. C'est pour avoir négligé cette donnée élémentaire qu'on a laissé se développer de véritables zones d'extraterritorialité, où s'imposent des contre-modèles antirépublicains. Face à l'imminence des fractures, un propos commun doit être réarticulé ; si l'on veut que ce propos soit audible dans l'opinion, on ne peut y parvenir qu'en donnant toute sa place à la détermination «Etat-nation». L'articulation de la dimension nationale et de la dimension étatique va devoir être réinscrite au cœur de nos préoccupations.


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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 07:46


Comment faire passer pour un acte considérable,

une action inévitable, c'est le rôle de la COM ?

 

 


Les médias s'embêtaient peut-être alors il fallait occuper le terrain face à l'opinion. C'est fait ! Etablissons que F. Hollande et son premier ministre n'avaient guère d'autre choix que la démission du gouvernement après la quasi déclaration de guerre de quelques ministres d'importance.

Valls I est suivi par Valls II. Pas de gros changements. Si tout de même ! Un, nous récupèrons un banquier à l'économie, ce n'est pas forcément gage de réussite, mais c'est surement une victoire du lobby patronal et celui de la Finance. Certes on affuble M Macron du label social devant celui de libéral, appellation qui se veut rassurante. Mais qui dit clairement que nous n'avons plus de gouvernement de gauche.

E. Macron, ex secretaire général adjoint de l'Elysée, aurait "convaincu" F Hollande de faire baisser le coût du travail... Ce qui signifie : "rogner sur tous les postes du salaires des salariés". 

Il est probable que F Hollande n'exécutera qu'un mandat. Dans deux années, quels résultats significatifs pourra-t-il avancer pour l'emploi des jeunes, pour la remise en ordre (un meilleur contrôle) du monde de la Finance, pour la relance économique ? Pour cette dernière, le MEDEF - surement ravi de la tournure des évènements,  joue à fond l'attentisme sur le pacte de responsabilité: "on est dans le flou, on attend de voir, etc". Mais "on" ne se prive pas de pouvoir engranger la manne de 40 milliards d'euros associée au plan de responsabilité et ... de distribuer des dividendes aux actionnaires (entre 15 et 30 % de plus cette année selon les sources) par anticipation ? Les citoyens ont déjà commencé à faire les comptes et ils ont déjà distribuer les cartons jaunes, avant de changer de couleur.


Pour conclure, constatons, cependant, que la tendance de relocalisation de l'industrie se confirme, le résultat de l'action d'Arnaud Montebourg.

Quant aux Radicaux de Gauche ils restent au gouvernement. Loyauté oblige  mais surtout réalisme face aux prochaines échéances. D'ailleurs JM Baylet est persuadé qu'un autre remaniement interviendra selon des déclarations reprises dans la presse. Le point d'achoppement sera la conduite de la réforme territoriale.

La rentrée est là.


Erwan MARIE

PRG29


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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 07:59

Changement climatique : apocalypse now ?

Le Point.fr - Publié le 21/08/2014 à 08:17

Le magazine Le Point propose le compte rendu de la première conférence Mondiale sur la météorologie qui s'est tenue à Montréal (Québec). Le bilan est terriblement inquiétant, il vient corroborer d'autres études, d'autres alertes sur l'état de la Planète. Un scientifique ne disait-il pas récemment que "la planète était foutue" ? Le pessimisme est de rigueur, que peut-on attendre des USA, des chinois, des russes, des pays pétroliers du moyen-orient ? Rien ! Il nous reste à tenter de minimiser , retarder l'échéance finale de la planète qui arrivera probablement plus vote que les cinq milliards d'années qui lui restaient à vivre.

PRG29

Ce qui nous est promis  ? Températures extrêmes, vagues gigantesques... 

Turbulences aériennes accrues, épisodes polaires et caniculaires toujours plus importants, vagues géantes dans les océans : les spécialistes mondiaux du climat ont brossé un tableau apocalyptique de la météo des prochaines décennies lors d'un congrès international qui s'est conclu jeudi à Montréal. À l'initiative de l'Organisation météorologique mondiale, agence des Nations unies, un millier de scientifiques ont débattu autour du thème, "la météo, quel avenir ?" à l'occasion de cette première conférence mondiale sur la météorologie. Près de dix ans après l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la question n'est plus d'établir si le réchauffement de la Terre va avoir lieu. "C'est irréversible et la population mondiale continue d'augmenter, il faut que l'on s'adapte", observe Jennifer Vanos, de l'université Texas-Tech.

La première décennie du XXIe siècle a vu la température moyenne de la surface de la planète augmenter de 0,47 °C. Or, une hausse de 1 degré génère 7 % plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère, et comme l'évaporation est le moteur de la circulation des flux dans l'atmosphère, une accélération des phénomènes météorologiques est à prévoir. D'autant que les scénarios retenus par la communauté scientifique privilégient une hausse de 2 degrés de la température moyenne à la surface de la Terre d'ici 2050. "Les nuages vont se former plus facilement, plus rapidement, et les pluies vont être plus fortes", engendrant notamment davantage d'inondations soudaines, note Simon Wang, de l'université Utah-State. 

Turbulences

D'une manière générale, relève ce chercheur américain, la hausse des températures va avoir "un effet d'amplification sur le climat tel qu'on le connaît actuellement". Les épisodes de grand froid, tel le vortex polaire qui s'est abattu cet hiver sur une grande partie de l'Amérique du Nord, seront plus marqués, plus importants, tout comme les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse, ajoute-t-il. Le défi pour les météorologues est donc désormais d'inclure la "force additionnelle" créée par le réchauffement climatique dans des modèles de prévision toujours plus complexes, explique Simon Wang.

Pour ce faire, les météorologues des prochaines décennies auront besoin d'ordinateurs surpuissants, actuellement extrêmement peu nombreux. Météorologue à l'université britannique de Reading, Paul Williams a par exemple dû recourir au superordinateur de l'université américaine de Princeton, l'un des plus puissants au monde, pour étudier les impacts du réchauffement climatique sur les jet-streams, ces courants d'air rapides situés à une dizaine de kilomètres d'altitude, où les avions de ligne évoluent. Après des semaines de calculs, son verdict est sans appel : "Le changement climatique donne plus de force à ces courants. [...] D'ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des turbulences."

Vagues monstrueuses

Tout en notant qu'actuellement, en moyenne, seulement 1 % du temps de vol des avions commerciaux subit des turbulences, Paul Williams souligne que si la concentration de dioxyde de carbone augmente de façon exponentielle dans les prochaines années, "on ne sait pas comment les avions vont réagir" à ces masses d'air très agitées. Et pas question de se rabattre sur le transport maritime pour voyager en toute quiétude : il faut en effet s'attendre à des vagues monstrueuses sur les océans. "Les compagnies de transport maritime rencontrent toujours plus de vagues énormes", dont certaines font 40 mètres de hauteur alors qu'auparavant 20 mètres était exceptionnel, dit Simon Wang, de l'université Utah-State.

"Ce n'est que le début du changement climatique, car les océans auront beaucoup plus d'impact en libérant davantage de chaleur et davantage de vapeur", avertit-il. D'autant que l'épaisse calotte glaciaire du Groenland a commencé à fondre et pourrait à terme - "pas avant le siècle prochain" - engendrer une hausse de six mètres du niveau des océans, rappelle Éric Brun, chercheur chez Météo-France et auteur d'une récente étude sur le sujet. Devant tant de bouleversements, Jennifer Vanos, biométéorologue à l'université Texas-Tech, estime qu'il y a urgence à modifier l'urbanisme des villes et les modes de vie en fonction de cette nouvelle réalité, afin de tenter de protéger les populations.

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 16:44
Grand marché transatlantique
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© Tehos

Les élections européennes de mai 2014 ont témoigné du rejet grandissant qu’inspirent les politiques mises en œuvre sur le Vieux Continent. La réponse de Bruxelles à ce désaveu populaire ? Hâter la conclusion d’un accord négocié en secret avec Washington, le grand marché transatlantique (GMT). La croissance stagne, le chômage progresse et les inégalités s’envolent : les gouvernants occidentaux en déduisent que l’heure est venue de consacrer la supériorité du droit des multinationales (à dégager davantage de profits) sur le devoir des Etats (à protéger leurs populations). Mais rien n’est encore joué…

 

Voir les liens vers le dossier du Monde diplomatique ici : link

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