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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 19:02

« Il est encore temps de s'adapter au réchauffement climatique »

 

Le Monde.fr | 31.03.2014 à 14h10 • Mis à jour le 31.03.2014 à 14h38

 

Propos recueillis par Audrey Garric

 

Sécheresses, inondations, migrations, pénuries alimentaires, risques de conflit : les sociétés ne sont pas suffisamment préparées au changement climatique en cours, ce qui met en péril leur sécurité et leur stabilité, prévient le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans le deuxième volet de son cinquième rapport, publié lundi 31 mars.

 

Lire : Nouveau rapport alarmant du GIEC sur le réchauffement climatique

Dans un chat sur Le Monde.fr, le climatologue Hervé Le Treut, qui a participé à l'élaboration de cette synthèse, prévient qu'il faut mener de front limitation des émissions de gaz à effet de serre et adaptation aux conséquences d'une planète plus chaude.

Marie : Quelles sont les principales conclusions du 2e volet du rapport du GIEC ?

Hervé Le Treut : L'objet de ce deuxième volet, c'est d'inscrire le changement climatique dans une logique interdisciplinaire d'impacts multiples, comme par exemple les impacts sur l'eau, le vivant, les sociétés, la mer. Et de placer le réchauffement dans une logique territoriale, dans le but d'estimer les politiques d'adaptation à ces changements.

 

Emilie : N'est-il pas déjà trop tard pour s'adapter au réchauffement ? Des millions de personnes fuient déjà le bord de mer, comme au Bangladesh. Ne va-ton pas payer l'inaction et l'inertie des gouvernements ?

Hervé Le Treut : Il est tard, mais certainement pas trop tard pour tout. Il y a beaucoup de mesures encore possibles. Se préoccuper de l'adaptation est aussi une manière de porter un regard plus concret sur les changements à venir. Mais il est vrai qu'il y a déjà des changements inévitables à venir aujourd'hui.

A.M. : Comment inciter les gouvernements à prendre le virage écologique nécessaire et à réformer les politiques sociales et économiques en conséquence ?

Hervé Le Treut : Un des apports du groupe 2 du GIEC, c'est d'ancrer la réflexion de manière très concrète sur ce qui peut se passer dans les territoires et d'inciter à développer des politiques à un niveau, par exemple régional, comme cela commence déjà beaucoup à se faire. Ce qui va certainement inciter à des mesures également à un niveau national.

Clément : Une partie de l'inertie vient d'un manque de conviction de l'urgence à agir. Comment dépasser ce problème ? Y a-t-il une incompatibilité entre rigueur scientifique et communication ?

Hervé Le Treut : Ce n'est pas un problème de rigueur, parce que l'on a déjà suffisamment d'éléments qui permettent de définir des objectifs déjà très difficiles à atteindre. Par contre, il faut mieux aider la représentation concrète de ce que sera une planète plus chaude. C'est bien ce qu'essaie de faire ce rapport du groupe 2.

Florian : On parle de plus en plus d'adaptation au réchauffement et moins de lutte contre le réchauffement. Avons-nous déjà atteint un point de non-retour ?

Hervé Le Treut : Une partie des changements liés au réchauffement sera irréversible, mais cela ne veut pas dire que l'on a atteint un point où les actions deviendraient inutiles. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre sera toujours nécessaire pour éviter un réchauffement et des conséquences encore plus forts.

Adrien Couzinier : A-t-on un état des lieux précis des localisations des infrastructures humaines mondiales sensibles au réchauffement ?

Hervé Le Treut : L'attention prêtée à tous ces problèmes de vulnérabilité a beaucoup augmenté. Ils restent très variables d'un pays à l'autre, d'une activité à l'autre. Parmi les zones très vulnérables, il y a toutes les zones côtières, les zones de montagne et, dans certaines régions, les problèmes de disponibilité d'eau, d'impact sur le vivant et sur l'alimentation.

Nolwenn : Les animaux pourront-ils s'adapter ? Des scientifiques disent que beaucoup ne pourront pas se déplacer assez vite pour trouver un climat qui leur convient.

Hervé Le Treut : Les capacités d'adaptation sont bien sûr limitées par la vitesse du changement climatique et c'est pour cela que l'on ne doit pas opposer adaptation et diminution des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont deux démarches complémentaires.

Adrien Couzinier : Nous ne pouvons pas simuler localement les effets de changement climatique. Comment pouvons-nous nous préparer efficacement sans connaître précisément/localement les besoins ?

Hervé Le Treut : Le rapport essaie toutefois d'affronter ces difficultés en mettant en avant deux notions très importantes qui sont la notion de vulnérabilité (quels sont les systèmes économiques et écologiques climato-dépendants) et de résilience (comment on réduit cette dépendance).

Flo : Est-ce que l'évolution du climat sur un long terme s'oriente vers un réchauffement d'une partie du globe et un refroidissement de l'autre ? Comme l'on a pu le constater cet hiver notamment avec des températures au-dessus de la moyenne en France, et largement en dessous en Amérique.

Hervé Le Treut : Ce que nous avons observé cet hiver relève avant tout de la variabilité naturelle de climat, ce qui se manifeste à court terme d'une année sur l'autre. Toutes les projections de long terme montrent un réchauffement partout ou presque sur la planète.

Fabrice : La décroissance est-elle inévitable pour dépenser moins d'énergie au niveau du globe ?

Hervé Le Treut : Ce qui est nécessaire, ce sont des réductions d'émissions de gaz à effets de serre. La traduction politique est au minimum une traduction en termes d'économies d'énergie et de ressources naturelles.

Adrien Couzinier : Le GIEC prévoit une baisse de quelques pourcents de la production agricole. L'étude de Davis and Shaw de 2001 parue dans Science est beaucoup plus alarmiste. Il me semble que le GIEC ne fait qu'une étude statique des potentiels agricoles (tant d'hectares seront aptes à la production de blé ou de riz) sans se poser la question d'où seront ces zones ? (déplacera-t-on les agriculteurs et les infrastructures agricoles ? Qu'est-ce que cela représenterait et coûterait ?)

Hervé Le Treut : Le GIEC ne produit pas de travail scientifique par lui-même, mais il fait la synthèse d'études existantes. Les résultats donnés correspondent alors à un impact direct des températures sur l'agriculture.

Lire l'entretien : « Dans certaines régions d'Europe, la production de blé pourrait baisser de 20 % d'ici à 2030 »

Kervennic : Pourquoi les scientifiques ont-ils mis autant de temps à intégrer le réchauffement des couches profondes des océans dans leur analyse ?

Hervé Le Treut : Jusqu'au milieu des années 1990, l'océan profond n'était pas vraiment pris en compte dans les modalisations du climat car peu connu. C'est une des composantes du système sur lesquelles on a le plus appris dans les dernières décennies.

Reunargoylh : Pourquoi ne s'intéresse-t-on à ces problèmes que depuis une quinzaine, vingtaine d'années ? Est-ce dû à une pression des industriels ou des pouvoirs politiques occidentaux en place ?

Hervé Le Treut : Les premiers rapports sur les émissions de CO2 et leur impact climatique commencent dans les décennies après la seconde guerre mondiale. Le souci est ancien, mais la prise de conscience plus générale a pris du temps.

Audrey Garric


Journaliste multimédia

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