Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : LRDG 29 - Archives
  • : Bienvenue sur les archives des Radicaux de Gauche en Finistère.
  • Contact

Rechercher Dans Nos Archives

24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 09:24

Françoise Bouvier :

 

"peu de femmes utilisent l'avortement

comme contraception".

 

 

Docteur en droit et ancienne vice-présidente d'un conseil général en charge de l'économie puis de l'éducation, Françoise Bouvier est l'auteure de « Maternités et libertés: avortement, contraception, statut de l'embryon », un ouvrage sorti en mars dernier, en pleine campagne électorale. « Marianne2 » l'a fait réagir aux propos de la patronne du Front national concernant les " IVG de confort".

 

Nous reprenons ici un article de Marjorie Bouchard: 

 

Marianne : Durant la période électorale, Marine Le Pen a proposé de dérembourser l’avortement en cas de besoins budgétaires, de manière à privilégier les soins médicaux « qui ne peuvent pas être évités ». Qu’en pensez-vous ?

F.B. : Le Front national, avec tous les excès qu’on lui connaît, mène un combat d’arrière-garde : cette question était débattue dans les années 70 ! En 1975, lorsque la dépénalisation partielle de l’interruption volontaire de grossesse fut votée à l’Assemblée nationale – la fameuse loi Veil –, l’objectif était de ne pas encourager l’avortement mais de responsabiliser la femme en lui laissant financièrement à charge les conséquences de son choix : de la responsabilisation à la culpabilisation, iln’y avait qu’un pas… Mais en 1982, sur proposition d’Yvette Roudy, ministre des droits des femmes à l’époque, la couverture des frais afférents à l’IVG non thérapeutique fut votée à son tour. A partir de ce moment-là, l’avortement est devenu un acte médical « normal ». En infligeant à nouveau un sentiment de culpabilité aux femmes, la patronne du parti d’extrême droite s’enfonce dans la régression.

 

Dans votre livre, Maternités et libertés [1], vous souligner l’étrange stabilité des statistiques depuis 1975 : « Alors que la contraception ne cesse de s’améliorer, on ne constate pas de réduction du nombre d’avortements. » Un argument dont Marine Le Pen se sert pour justifier son projet…

F.B. : En effet, même si le nombre de grossesses non désirées décline grâce à la contraception, la propension du recours à l’avortement, au détriment d’autres solutions telles que l’accouchement sous X ou le choix de garder l’enfant, connaît une hausse. Ce qui se traduit par la constance des chiffres : chaque année, depuis 1975, on dénombre plus ou moins 200 000 avortements. Mais cela ne signifie pas que l’avortement se banalise : la hausse et l’allongement de la scolarité, de même que la généralisation de l’activité professionnelle et le recul de l’âge moyen de la maternité sont autant d’explications possibles. Par ailleurs, la vie sexuelle s’est libérée et peut être dissociée de perspectives conjugales. La société du XXIème siècle permet à la femme d’être maîtresse de la procréation : grâce à la contraception, elle décide des questions du quand, comment, avec qui, combien… Et l’avortement, qui est une démarche a posteriori, prolonge cette maîtrise. »

 

Cette capacité de planifier la maternité n’entraîne-t-elle pas des dérives ? Là encore, Marine Le Pen dénonce les « avortements multiples de confort » qui, à ses yeux, seraient pratiqués comme un moyen de contraception. Qu’en est-il dans la réalité ?

F.B. : Tout d’abord, un avortement n’est jamais confortable : qu’il soit chirurgical ou médicamenteux, il laisse forcément des traces. En revanche, on ne peut pas nier qu’une minorité de femme pratiquent l’avortement à répétition. Selon une étude effectuée à l’hôpital de Montbéliard, entre 1998 et 2008, 20 à 25% des IVG étaient une deuxième IVG, 5 à 10% une troisième. Et en 2009, plus de 5% des IVG étaient une quatrième, 1,5% une cinquième, et 1% une sixième.

 

Ainsi, l’avortement multiple existe, mais reste marginal. Il faudrait faire des études à ce sujet, mais je parierais fort que ces femmes sont en déshérence matérielle, culturelle et morale. En tout cas, la répression suggérée par Marine Le Pen est une grossière erreur : cela ne fonctionne pas, l’histoire l’a montré à maintes reprises. D’une certaine manière, ces clichés repris par le Front national montre son ignorance de notre culture.

 

Quelle(s) solution(s) préconisez-vous ?

F.B. : L’éducation, bien sûr. Il faut sensibiliser l’ensemble de la population, et notamment les jeunes. Ces derniers se plaisent à cultiver une forme de liberté et se retrouvent démunis dans une période de conduites à risque. Les adultes doivent être présents pour les responsabiliser en les informant. 

 

Par ailleurs, je soutiens la proposition du professeur Nisand de mettre en oeuvre la gratuité des contraceptifs pour les mineurs, reprise par François Hollande lorsqu’il était candidat à la présidence de la République. Ce sont des mesures comme celles-ci qui pourront faire diminuer le recours à l’avortement en France qui, selon l’ouvrage 220 000 IVG par an : que faire ? [2], coûte environ 160 millions d’euros à la collectivité chaque année.

 

[1] Maternités et libertés : avortement, contraception, statut de l'embryon de Françoise Bouvier, l'Harmattan, 208 p., 22 !.

[2] 220 000 IVG par an : que faire ? d'Elisabeth Sledziewski et Agnès Guy, Corlet, 207 p.

 

Source : http://www.marianne2.fr

Partager cet article
Repost0

commentaires