Agriculture - Benoit Biteau - Jean-Pierre Bernard

"Qualité de l'eau en Bretagne : La Bio avec vous pour relever le défi"

Les agriculteurs  de la bio-agriculture regroupés autour de la FRAB (Fédération Régionale de l'Agriculture Biologique)  et des GAB 22 et 29 ont organisé à Morlaix le 30 Novembre dernier un colloque sur le thème  :" qualité de l'eau en Bretagne : La Bio avec vous pour relever le défi" . Tenue dans les locaux de la CCi de Morlaix ce colloque a réuni plus d'une centaine de personnes quelques élus mais pas de parlementaires, ce que déplorera le préfet du Finistère venu assister aux travaux le matin ( une petite vengeance personnelle ?). Toutefois les Radicaux de Gauche étaient présents.

 Le Préfet du Finistère

L'assistance comptait des écologistes, des agriculteurs BIO, quelques techniciens de municipalités, des conseillers municipaux de différentes communes et les intervenants praticiens et scientifiques de qualité CNRS, IFREMER etc.

Pourquoi ce colloque ?

Pour les organisateurs il s'agit de mettre en évidence que la qualité de l'eau et l'agriculture BIO sont intimement liées pour le meilleure et sûrement pas pour  le pire. Il y a, selon eux, une prise de conscience à générer et à partager parmi les citoyens  et surtout les "décideurs" sur l'importance, je cite : " de la responsabilité sociétale et de la nécessité d'inciter l'action de l'Etat, en ce domaine, à mieux défendre l'interêt général".

La partie scientifique du colloque avec des intervenants pertinents  a mis en évidence que les causes de la dégradation de la qualité de l'eau sont parfaitement identifiées. Les études conduites sur la prolifération des algues vertes et d'autres, d'ailleurs, ont permis de comprendre et identifier les causes de cette plaie écologique. De plus, l'organisation de la gestion de l'eau pas les Sage(s) (Schéma d'aménagement et de gestion des eaux) en particulier en Bretagne  apparaît de mieux en mieux organisée et aborde désormais un phase d'optimisation et de consolidation. Par exemple, on sait désormais que l'imperméabilisation des sols fortement induite par l'urbanisation des territoires doit être maîtrisée. 

De la partie du colloque dédiée aux exemples de l'agriculture bio, on peut retenir que les agriculteurs bio peuvent bien gagner leur vie, qu'il est possible de réorienter une agriculture traditionnelle, conventionnelle, vers l'agriculture Bio ; que celle-ci, à n'en pas douter, protège de manière durable la qualité de l'eau en introduisant des pratiques agricoles non polluante et des pratiques agronomiques permettant de stimuler la vie du sol : rotations longues et diversifiées, intégration d'importantes surfaces en herbe ou d'engrais verts, amendements organiques modérés. .

Révéler les bénéfices

Le prix à payer n'est peut-être pas si élevé que cela si l'on y réfléchit bien. En effet, l'extension de l'agriculture BIO conduirait certes à une remise en cause de nos modes d'alimentation, mais elle aurait un effet induit sur l'amélioration de la santé publique, d'une diminution de notre dépendance à l'importation de  produits agricoles étrangers pour le consommateur  et de nutriments pour les animaux d'élevage ! Il est clair, pour l'agriculture Bio, qu'il faudra à terme reconsidérer l'élevage intensif  plus forcément nécessaire aujourd'hui. De plus, en reprenant la démarche du représentant du Commissariat général du Développement Durable, Olivier BOMELAER il est possible de "révéler les bénéfices de pratiques agricoles durables par la valorisation économique des services des écosystèmes aquatiques" . Ainsi dit-il, "peut-on mettre en évidence les bénéfices potentiels d'évitement des coûts des principales pollutions agricoles de l'eau et d'autre part les bénéfices potentiels des services économiques des zones humides".

Que retenir d'un colloque comme celui-ci ?

   Benoît Biteau PRG

Benoît BITEAU, Vice Président de la Région Poitou Charente , élu du Parti Radical de Gauche et homme de terrain, pointe qu'une volonté Politique  de mise en cohérence des pratiques agricoles et absolument indispensable. Il insiste sur la nécessité d'une réforme globale de la formation agricole, pour accompagner une approche vertueuse du développemnt agricole. Il ajoute que prendre en compte les changements climatiques est incontournable. Il souligne que la Politique Agricole Commune (PAC) au sein de l'Europe doit être regardée en terme d'accompagnement de l'activité économique. Il regarde comme une anomalie, par exemple,  que le budget agriculture pour le Poitou Charente est équivalent à celui de la Region Poitou-Charente. Enfin, il conclut que parmi les nombreux problèmes, voire les objectifs, soulevés par l'agriculture  celui de s'affranchir de plus en plus du pétrole sous ses formes diverses est essentiel.

  Thierry Burlot

Pour sa part le VP de la région Bretagne, Thierry BURLOT, estime que, malheureusement, nous avons une agriculture du gaspillage ; que le risque d'avoir une agriculture financiarisée, qui NOUS échapperait, existe bel et bien. Il constate en tant qu'élu que les communes rurales ne s'occupent presque plus de l'agriculture. Il est temps, dit-il, de construire des réserves foncières  et puis même si on peut s'appuyer sur le Plan Bio  porté par le Ministre de l'agriculture,  Stéphane LE FOL, l'agriculture BIO doit se mettre en place progressivement, le basculement immédiat est inconcevable.

Une surprise cependant, tout au long de ce colloque on n'a pas évoqué l'industrie agro-alimentaire et l'industrie pharmaco-chimique. Deux grands absents de poids dans ce débat qui commandent, avec les banques, une partie du processus de transformation de notre future agriculture. D'où l'importance du rôle du monde politique pour accompagner les évolutions de demain. Après tout c'est bien le rôle des femmes et des hommes politiques de sentir l'air du temps, d'écouter et d'imaginer en coopération avec les acteurs de la société les choix de demain. 

PRG29 - Jean-Pierre Bernard