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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 17:34
FMI : ses économistes se plantent tout le temps !

C'est même à ça qu'on les reconnaît.

Jeudi 18 Juin 2015 à 5:00

Régis Soubrouillard

Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales

FMI : ses économistes se plantent tout le temps !

Une étude d'économistes du FMI présentée le 15 juin met en cause la théorie du "ruissellement", fondement depuis des dizaines d'années du libéralisme économique, et qui veut que l'enrichissement des plus riches profite à la croissance générale et par ruissellement à l'ensemble des couches sociales. A cette occasion, "Marianne" revient sur quelques théories économiques vendues comme implacables par le FMI et qui se sont révélées de parfaites supercheries, reconnues par le FMI lui-même. Ainsi, par exemple, de l'austérité basée sur une erreur de calcul...

L’économie n’est pas une science exacte, on le savait. Pour d’autres, de plus en plus nombreux, elle relève plus de la pensée magique dont les prophètes, sûrs de leurs évidences inaccessibles, assènent leurs pronostics de jours meilleurs à venir à condition pour les « petites gens » de toujours se serrer la ceinture. D’attendre et de voir. Les experts du FMI ne feront rien pour redorer le blason des élites économiques. Nombre de leurs ordonnances à respecter pour sortir de la crise se sont révélées d’énormes fourvoiements, dont on se demande d’ailleurs si le seul « droit à l’erreur » est une excuse suffisante quant à partir de ces diagnostics des centaines de millions de personnes ont été soumises à des politiques d’austérité pendant plusieurs années.

En janvier 2013, l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, gourou du FMI, tête pensant de DSK, alors à la tête de l’institution avait admis une faute : avoir sous-estimé les effets néfastes des cures d’austérité préconisées par le fonds monétaire depuis des années. Une simple erreur de calcul sur un coefficient multiplicateur. Trois fois rien. Le problème étant que c’est à partir de ce type de calculs fumeux et approximatifs que le FMI élabore de savantes théories économiques qu’il impose aux gouvernements du monde entier. A l’époque, Marianne avait fait sa une sur cette erreur de calcul aux conséquences dévastatrices : « Dans son “Panorama de l’économie mondiale” publié en octobre dernier, le FMI a d’abord reconnu, au détour d’une page repérée par les seuls spécialistes, que les multiplicateurs actuels pouvaient être compris “entre 0,9 et 1,7”. C’est-à-dire entre deux et trois fois plus ! (…) Les conséquences sont abyssales : en obligeant les gouvernements d’Europe du Sud à réduire drastiquement les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités, le FMI a fait plonger la demande intérieure deux à trois fois plus vite que prévu. La suite, hélas, est connue : faillites en série, explosion du chômage et manifestations monstres dans les rues d’Athènes ou de Lisbonne. Comme le dit le proverbe japonais, “Si votre seul outil est un marteau, tout ressemble à un clou” ».

"Une croissance plus forte des salaires est essentielle pour que les perspectives macroéconomiques [reviennent au vert]"

Ce qui aurait pu servir de leçon n’a en fait servi à rien. Régulièrement des études, produites par de grandes institutions financières américaines, que l’on pourrait juger complètement masochistes, viennent remettre en cause, les politiques économiques qu’elles préconisent mais sans jamais qu’il n’y ait la moindre évolution politique constatée. En septembre 2014, la banque Morgan Stanley publiait ainsi une étude qui démontrait qu’une augmentation toujours plus forte des inégalités salariales plombait tout retour de la croissance. « Une croissance plus forte des salaires est essentielle pour que les perspectives macroéconomiques (reviennent au vert), car cela aiderait à ce que les ménages dépensent plus largement et ce dans tous le spectre des revenus » écrivent les auteurs qui en appellent alors très clairement à une hausse générale des salaires dans leur étude destinée aux barons de la finance. Aussi vite publiée par la banque, aussi vite l'étude est-elle oubliée par les dirigeants politiques qui n’ont pour horizon économique que l’austérité...

Dans le même ordre d’idées, dans une toute récente étude sur les inégalités, des économistes du FMI se sont permis récemment une folie estivale : contester la théorie libérale du « ruissellement ». L’idée que l’enrichissement des plus riches par ruissellement — l’image est belle… — finit toujours par contribuer à la croissance et donc à la réduction des inégalités. Fumisterie ! Les économistes du FMI capables de penser contre eux-mêmes auraient désormais établi que plus la fortune des riches s’accroît, moins la croissance est forte. Selon leur calcul, si les 20 % les plus riches augmentent leur fortune de 1 %, le PIB global lui baisse de 0,08 %. « Cela semble suggérer (sic) que les bénéfices ne retombent pas » sur les plus pauvres, écrivent les économistes du FMI. Thatcher et Reagan doivent se retourner dans leur tombe et même faire un double salto car les économistes préconisent la mise en place d’une politique totalement inverse à celle recommandée jusque-là par les institutions libérales : une augmentation de 1 % de la part des revenus détenus par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 %.

Dans son édition du jour Le Monde cite, lui, une étude de l’OCDE parvenue globalement aux mêmes conclusions : « l’augmentation des inégalités entre 1985 et 2005 a coûté près de 4,7 points de croissance cumulée dans les pays avancés », compte tenu du sort réservé aux 40 % les plus défavorisés.

"En 2010, Europe et FMI ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes"

Dernier point, ces économistes hétérodoxes du FMI démontent une autre certitude du FMI et de toutes nos élites politiques et économiques en écrivant que « des règles plus souples d'embauche et de licenciement, des salaires minimums plus bas et des syndicats moins puissants sont associées à de plus grandes inégalités » ou encore qu’« une période prolongée d'inégalités plus élevées dans les économies avancées a été associée à la crise financière (de 2008-2009) en renforçant l'endettement par effet de levier (...) et en permettant aux groupes de pression de pousser vers plus de dérégulation financière ».

Même au sein du « board » du FMI, certains semblent douter de la stratégie mise en place pour sauver la Grèce, par exemple. C’est le cas du « frondeur » brésilien Paulo Batista. Comme nous le relevions en mars dernier et comme le remarque aujourd'hui la blogueuse-essayiste Coralie Delaume, celui-ci a récemment expliqué que les sommes reçues par Athènes avaient été principalement utilisées pour « permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes ». >Constat confirmé par Philippe Legrain, ancien conseiller économique de José Manuel Barroso, auditionné jeudi dernier par la « commission pour la vérité sur la dette grecque », mise en place par le Parlement grec. Il raconte qu’en « 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette était déjà insoutenable ». Comme le note encore Delaume, il était néanmoins indispensable de prêter à la Grèce, non pas pour sortir les Grecs de la crise, mais pour « aider les banques françaises et allemandes, principales créancières d’Athènes et respectivement engagées à hauteur de 20 et 17,2 milliards d’euros, à retirer leurs billes sans une égratignure ».

En plus de multiplier les erreurs théoriques, nos grands experts se plantent donc aussi, et c’est fort logique, quand ils passent aux travaux pratiques.

Peut-être faudra-t-il, un jour, demander des comptes à ces institutions internationales qui régulent l’ordre économique — et social — mondial sans aucun mandat politique venu des peuples, qui mettent la pression sur les gouvernements, imposent des règles indiscutables à des pays encore souverains à partir d’études pseudo-savantes, dont on voit assez rapidement les catastrophes sociales bien concrètes qu’elles produisent mais dont il faut des années pour en démontrer l’impéritie économique.

L’ensemble de ces études ne feront malheureusement pas évoluer les politiques économiques de ces gouvernements et institutions sûrs de leurs certitudes. Même si elles vacillent les unes après les autres. En juillet 2012, Mario Draghi déclarait dans un entretien au Monde « l’euro est irréversible ». Aujoud’hui, chaque jour, les marchés tremblent au rythme des alertes au « Grexit » qui feraient trembler cet euro, loin d’être aussi fort qu’on nous l’a survendu depuis les années 80. Après tout, Keynes avait sans doute raison « la seule chose dont on soit sûr c’est qu’à long terme, nous serons tous morts ».

Tags:

FMI, RUISSELLEMENT, LIBERALISME, e.net/tags/economistes.html">économistes, w.marianne.net/tags/morgan-stanley.html">MORGAN STANLEY, CROISSANCE, INÉGALITÉS

Source URL: http://www.marianne.net/fmi-ses-economistes-se-plantent-temps-100234641.html

Et on va continuer longtemps encore à accepter que ces organismes ne rendent aucun compte ?

Et allons nous continuer longtemps encore  à accepter que ces organismes ne rendent aucun compte ?

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 20:09
Chut ! Quatremer pour l'éclatement de la Troïka !
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

La Troïka n’a plus de raison d’être, et ses exigences irrationnelles, dans la négociation avec la Grèce, vont mener à la catastrophe. Ce n’est pas Tsipras qui le dit, ni Varoufakis, c’est Jean Quatremer, de Libération. Cela n’a aucun sens, explique-t-il, de demander à la Grèce à la fois le remboursement intégral de sa dette (comme l’ordonne le Fonds monétaire international) et une baisse des retraites et une augmentation de la TVA (comme l’exige l’Union européenne). Autrement dit, les exigences des créanciers à l’égard de la Grèce sont incohérentes. Dans cette dernière ligne droite, la Troïka (UE/FMI/Banque centrale européenne) se révèle prisonnière de ses propres contradictions.

Glose poisseuse

De l’importance de l’identité des locuteurs, dans un débat. Si c’était seulement Tsipras, qui soulignait l’irrationalité des demandes de la Troïka, on ne cliquerait même plus. Il la dénonce depuis des mois. Mais que cet argument soit repris par Quatremer oblige à tendre l’oreille. Certes, ce court article a été mis en ligne quelques heures après une analyse plus fouillée de Romaric Godin, de La Tribune (à écouter sur notre plateau) qui détaillait la genèse tortueuse de la position du FMI.

Mais dans la glose poisseuse de ces dernières semaines sur les « négociations de la dernière chance », qui se poursuivent avec la Grèce, dans la terreur indistincte du défaut et du Grexit, que ce soit Quatremer lui-même, dénonciateur historique des Grecs prodigues et fraudeurs, qui amène le pavillon de la Troïka, est un événement remarquable.

Certes, le scoop ne fait l’objet que d’un court billet, niché dans les pages éditoriales de Libé alors que la révélation publique de fissures apparemment irréductibles dans le front des créanciers de la Grèce, par son caractère inédit, mériterait amplement la une. Mais tout de même. Pour peu qu’on soit muni d’une bonne loupe, on arrive à suivre.

Alerte spoiler

Ces divergences ne sont pas nouvelles. Mais leur resurgissement dans une phase aiguë de la crise laisse prévoir à brève échéance des convulsions à l’issue imprévisible.

Si Quatremer, comme cela a été le cas dans le passé, trahit dans ses articles la pensée profonde de l’UE, en tant qu’institution, alors on peut interpréter son billet comme un « spoiler » de l’argumentaire en défense que brandira Juncker, quand le Titanic aura enfin rencontré l’iceberg.

Quoiqu’il en soit, oui la Troïka a du souci à se faire. Et la Grèce, et l’Europe, et le monde, qu’elle entraînera dans son naufrage.

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 08:50

Les rois nus

Dette grecque : préparez vos oreilles,
les révélations vont faire mal !

Alors que l’hypothèse d’un défaut grec se précise et que la plus grande confusion règne dans le camp des créanciers (le FMI et les « Européens » sont divisés, ce qui n’est pas nouveau) des langues commencent à se délier. Quand tout cela sera fini, on peut s’attendre à quelques aveux croquignolets qui risquent de décoiffer jusqu’aux mieux permanentés de nos européistes. Pour les plus impatients, voici déjà un avant-goût :

1) En mars dernier, un membre du FMI, le Brésilien Paolo Batista, déclarait sur une chaîne de télé grecque que la majeure partie de l’argent qui avait été prêté à Athènes l’avait été pour secourir des créanciers privés, en aucun cas pour aider le pays. « La Grèce a reçu des sommes énormes, mais cet argent a été principalement utilisé pour permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes » affirme-t-il dans la vidéo ci-dessous

:https://www.youtube.com/watch?v=3-kWcvaDh9g

2) Plus récemment c’est Philippe Legrain qui confirme la chose. L’ancien conseiller économique de José Manuel Barroso était auditionné jeudi dernier par la « Commission pour la vérité sur la dette grecque », mise sur pieds par la présidente du Parlement hellène Zoé Konstantopoulou. Il y a affirmé ceci : « en 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette était déjà insoutenable ».

Pourtant, il était indispensable de prêter à la Grèce. Pour quelle raison ? Pour l’aider à sortir du marasme ? Pour le bien de son peuple ? Pour sauvegarder l’idéal européen ? Pas du tout ! Pour aider les banques françaises et allemandes, principales créancières d’Athènes et respectivement engagées à hauteur de 20 et 17,2 milliards d’euros, à retirer leurs billes sans une égratignure. Ce qui fut d'ailleurs grandement facilité par la Banque centrale européenne. En effet, Legrain révèle ceci : lorsque la BCE se décide, en 2010, à intervenir sur le marché secondaire et à y racheter de la dette souveraine dans le cadre du programme SMP (Securities Market Program), c’est pour partie aux banques françaises et allemandes détentrices d'obligations grecques qu'elle rachète des titres. A un bon prix d'ailleurs, toujours selon l'économiste. Ce qui non seulement permet à ces grandes banques de ne rien perdre mais qui leur permet aussi.... de gagner !

3) Enfin, peut-être finira-t-on par se souvenir, comme on avait déjà tenté de l’expliquer ici, que l’argent ne se prête pas gratuitement. Ainsi, certains des créanciers de la Grèce ont réalisé des profits en lui faisant crédit. Et oui : ils ont empoché le montant des intérêts correspondant aux prêts consentis.

Mais tout cela n’est rien pour l'heure. Pas de quoi s’affoler. En tout cas, il y en a qui restent sereins. Terminons donc sur une note d'optimisme printanier et de candeur sucrée :

Publié par Coralie Delaume à 12:53

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Libellés : banques, Barroso, BCE, crise de la dette, dette grecque, défaut partiel, Europe,target="_blank" </a>href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/search/label/FMI">FMI, Grèce, Paolo Batista, bel/Europe">/search/label/Philippe%20Legrain">Philippe Legrain, Programme SMP, Zoé Konstantopoulou

  1. Répondre

    Anonyme15 juin 2015 13:18

    Les dettes grecques dans les banques allemandes ou françaises concernaient des épargnants style assurances vie françaises ou allemandes, pas des épargnants forcément riches. Le bonneteau a consisté à transférer la dette grecque sur une assiette plus large, les contribuables français ou allemands, pas forcément épargnants. Sauver les banques, a consisté aussi à sauver des épargnants pas si riches, l'oublier c'est un peu louper le centre du problème, des contribuables ou et épargnants pas richissimes de pays parfois aussi plus pauvres que la Grèce qui regimbent à soutenir un pays moins mal en point que certains pays qui le renflouent. Si vous oubliez que l'Europe n'est pas faite que d'épargnants ou de populations de riches contribuables en regard de la Grèce, alors vous avez complètement raté le problème.

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    • Coralie Delaume15 juin 2015 13:27

      Mais... qui a autorisé ces banques à jouer l'argent des épargnants pas forcément riche au casino ? Personne : elles se le sont autorisé elles-mêmes, faisant fi de toute prudence. Sanction in fine ? Aucune. Et sinon, quand on renfloue les banques comme on l'a beaucoup fait, pourquoi ne les nationalise-t-on pas ? Renflouer, c'est mettre de l'argent. En principe, quand je mets de l'argent, je deviens propriétaire. Logique non ? Et juste, me semble-t-il.

    • Anonyme16 juin 2015 20:37

      Et pourquoi moi, qui investit mon argent dans une epargne a faible rendement, mais dont les gerants ne prennent pas de risque, devrais-je payer pour ceux que leur 'gourmandise' a pousse vers des epargnes a rendement plus eleve, forcement plus risquees?

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      Anonyme15 juin 2015 13:51

      Euh, ca veut dire quoi renflouer les banques ? Les banques ont payé des intérêts sur les aides d'états, mais surtout ce sont les épargnants dans les banques qui ont été sauvegardés, c'est pour bonne partie, ce que vous oubliez, des épargnants souvent modestes qui allaient se retrouver en slip, pas Soros, d'où gros problème politique électoral en France ou Allemagne. Si la Grèce fait défaut, ce sont des contribuables de base allemands ou français qui vont essuyer les plâtres, d'où encore clashs électoraux. Les grosses fortunes ont mis leurs avoirs à l'abri par toutes sortes de montages fiscaux, pas les clients bidochons des banques allemandes ou françaises.

    • Répondre

      Anonyme15 juin 2015 14:14

      Les banques ont été renflouées par la nationalisation de leurs créances. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui prétendent que les banques créent la monnaie, alors pourquoi dans ce cas était il nécessaire de renflouer des banques qui comme le baron de Münchhausen pouvaient se sauver en se tirant par les cheveux ? Vous voyez bien que le débat actuel est ridicule. Les banques sont incapables de se sauver en créant de la monnaie, ni en conservant des créances insolvables qu'elles sont contraintes de transmettre dans le domaine public. La nationalisation de fait des banques a été faite en transmettant leurs dettes aux états. Une nationalisation de forme ne change rien au problème des banques qui de toute façons doivent gérer leurs engagements quotidiens que les compétences régaliennes de l'état sont totalement inaptes à gérer. Vous croyez sincèrement que Bercy maitrise les transactions financières au point de s'en prétendre maitre et expert ? Si oui, alors bon courage, car vous naviguez dans le brouillard de la pleine illusion.

      Réponses

      • Coralie Delaume15 juin 2015 23:25

        Mais nationaliser les créances pourries, c'est nationaliser uniquement les pertes ! En gros, vous semblez considérer que le rôle de l'Etat c'est de prendre les pertes, cependant que celui du secteur privé serait d'empocher les bénéfices quoiqu'il arrive, y compris en cas de faute lourde. Car oui, prêter à un créancier insolvable quand on est banquier (la Grèce était insolvable, tout le monde le savait) est une faute lourde. Moins pudibonds, les Anglais, eux, ont nationalisé Northern Rock. Sinon, les banques créent en effet de la monnaie, mais uniquement à partir de monnaie banque centrale. Il faut donc une action de la BCE en amont.

      • Anonyme16 juin 2015 05:39

        Coralie, bonjour. Je ne suis pas le ou la même "Anonyme" qu'au-dessus. Vous dites, "les banques créent en effet de la monnaie, mais uniquement à partir de monnaie banque centrale". Selon ce documentaire pédagogique produit par des économistes et des entrepreneurs britanniques, il semblerait que non, que l'argent soit en très grande partie créé à partir de rien, sans intervention des banques centrales et sans réelle régulation, par des banques privées. Cette création monétaire dérégulée (et sans réelle monnaie, les opérations se résumant à des transferts de montants libellées en chiffres créés sur des ordinateurs) serait l'une des grandes raisons de l'augmentation exponentielle de la dette mondiale et des bulles successives qui engendrent crise sur crise. Étant une inculte en économie, je vous laisse juge de la valeur du travail de ces personnes. http://positivemoney.org/videos/97-owned-monetary-reform-documentary/

      • Anonyme16 juin 2015 10:27

        "les banques créent en effet de la monnaie, mais uniquement à partir de monnaie banque centrale" Drôle de gloubi boulga... Les banques privées ne créent pas de monnaie du tout, pas même à partir de monnaie centrale. Les banques privées ne font qu'emprunter de la monnaie déjà créée, c'est leur boulot qui s'appelle de l'intermédiation.

      • Coralie Delaume16 juin 2015 12:02

        Ah non, ce que vous dites est faux. La création de monnaie est le fait des banques commerciales. La création a lieu au moment où la banque commerciale octroie un prêt à un emprunteur. Elle ne le fait d'ailleurs pas à partir des dépôts préexistants, elle le fait par un jeu d'écriture, à l'actif et au passif de son bilan. C'est pour ça qu'on parle souvent de "création de monnaie ex-nihilo". Les banques commerciales ne transfèrent en aucun cas de l'argent créé par la Banque centrale vers ses clients, pour une raison simple : la monnaie banque centrale (ou monnaie centrale) ne va pas dans l'économie réelle. Elle reste sur les comptes que les banques commerciales ont auprès de la banque centrale et sert à compenser les mouvements entres les différentes banques privées. Elle sert aussi de réserves obligatoires, car la capacité de création de monnaie par les banques privées est limitée par le montant des réserves obligatoires que les banques commerciales détiennent auprès de la BC. Dans mon précédent commentaire, j'ai eu le tort de vouloir expliquer hyper vite un truc assez compliqué, ce qui n'était pas forcément malin. De votre côté, il n'est pas forcément malin non plus de parler sans savoir.

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      • Répondre

        werebrouck15 juin 2015 22:37

        OUI, Mais l'irradiation provoquée par le défaut grec fera plus de mal encore. http://www.lacrisedesannees2010.com/2015/06/la-bombe-atomique-grecque-combien-de-megatonnes.html

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        Mike Guillaume16 juin 2015 01:07

        Très bon point sur l'absence de sanction et Northern Rock, Coralie... Les banques retent le seul secteur où l'on peut prendre des risques inconsidérés en faisant payer les autres (càd les contribuables) si çà ne marche pas. Too big to fail, disait-on pendant la précédente crise. Rien n'a change.

      • Répondre

        Anonyme16 juin 2015 13:14

        Enfin un papier de Coralie ! ... après une longue cure de James Ellroy ?

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        • Coralie Delaume16 juin 2015 14:06

          M'en parlez pas ! Je suis au milieu du Dalhia noir et ne parviens pas à trouver le temps de continuer !

        Répondre

        • Répondre

          Robert Mascarell16 juin 2015 14:29

          Coralie, j'apprécie beaucoup et votre article et les analyses posées que vous opposez à ce grand courageux d'Anonyme.

        • Anonyme16 juin 2015 21:52

          Bonjour et bravo pour cet article ! PS et UMP LES REPUB ont la trouille car les électeurs vont les cartonner ! C'est une honte que la dette grecque soit le fait de banques France et Allemagne....ça pue la magouille ! Qu'en pense le Front national ?

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        13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 21:01

        Alexis Tsipras, la rupture c’est maintenant

        PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART

        ARTICLE PUBLIÉ LE SAMEDI 13 JUIN 2015

        Cédric Durand, économiste, Razmig Keucheyan, sociologue et Aurélie Trouvé, agro-économiste appellent les mouvements sociaux et syndicaux à se solidariser avec le peuple grec. « Si la perspective périlleuse d’une sortie de l’euro de la Grèce se précise, la faute en est à l’acharnement des créanciers, et singulièrement à la France et à l’Allemagne. Reculer davantage ferait perdre toute consistance politique au gouvernement Syriza et affaiblirait durablement l’alternative de gauche au néolibéralisme dans toute l’Europe ».

        Le face à face épique entre Syriza et la Troïka dure depuis 5 mois. Au terme de cette phaseinitiale d’affrontement riche en péripéties, la partie grecque a incontestablement remporté une manche.

        En dépit d’une disproportion considérable de forces, David tient toujours la dragée haute à Goliath.

        Esquives, touches agiles, reculades partielles, contreattaques, l’inventivité tactique de l’équipe Tsipras force l’admiration. Elle a su jouer en finesse de toutes les subtilités technico-politiques pour prolonger et publiciser au maximum le bras de fer qui l’oppose aux institutions, empêchant le noeud coulant financier d’étouffer dans l’oeuf la première alternative gouvernementale au néolibéralisme sur le vieux continent.

        En permanence sur le fil, le gouvernement grec est parvenu à préserver un semblant de normalité dans le service de ses obligations financières, sans renoncer à l’esprit du programme qui l’a porté au pouvoir : défendre un attachement principiel au projet européen tout en croisant le fer pour desserrer l’étau de l’austérité. Ce positionnement aux limites lui a permis d’engranger un soutien populaire croissant. Et c’est là une seconde victoire. Loin de l’asphyxier sur le plan politique, l’attitude combative du gouvernement Syriza a transformé l’affrontement avec les institutions en un carburant politique interne lui permettant de renforcer son assise. Les sondages donnent aujourd’hui une confortable avance au parti de la gauche radicale par rapport à ses compétiteurs conservateurs de la Nouvelle Démocratie et d’un parti socialiste (PASOK) réduit à une présence résiduelle.

        La troisième victoire de Syriza tient à l’échec de ses adversaires. En dépit de leur acharnement, les créanciers – Merkel, Hollande et Lagarde en tête – n’ont pas réussi à faire de Syriza un exemple du There is no alternative. Les résultats électoraux en Espagne et en Italie sont à l’unisson des sondages qui indiquent une poussée des forces hostiles aux politiques coordonnées à Bruxelles. Ils signalent l’épuisement de la logique de grande coalition qui préside au consensus austéritaire appliqué avec le même enthousiasme par Manuel Valls, Matteo Renzi ou Mariano Rajoy. En regard de ce délitement de l’extrême centre – qui touche d’abord les courants sociaux-démocrates –, l’idée que d’autres politiques sont possibles fait son chemin dans les consciences des européens. Et, pour l’instant, grâce à Syriza, c’est la gauche radicale – et non l’extrême droite - qui occupe le terrain de l’alternative effective.

        Rien ne serait cependant plus dangereux que de se laisser éblouir par ces débuts éclatants. Les tactiques d’évitement, aussi habiles soient elles, ne sauraient se substituer aux décisions stratégiques qui doivent maintenant être tranchées. Pour amadouer les créanciers, la partie grecque a déjà consenti à des concessions substantielles par rapport à son programme, acceptant notamment le principe de privatisations massives (3,2 milliards d’euros en 2015-2016, 15 milliards d’ici 2022), d’un recul progressif de l’âge de départ à la retraite et d’objectifs d’excédent primaire proches de ceux exigés par la Troïka (0,6% en 2015 ; 3,5% en 2018). Les lignes rouges que Tsipras avait lui-même fixées sont déjà franchies et, comme le résume Yanis Varoufakis, l’objectif se réduit désormais à tenter d’obtenir une restructuration de la dette en échange de l’acceptation des réformes structurelles honnies. On pourrait à bon droit qualifier la dernière offre du gouvernement grec comme un reniement des engagements de Syriza… Et pourtant, de leur côté, les créanciers n’ont amendé qu’à la marge leurs projections irréalistes concernant les niveaux d’excédents primaires, tout en réaffirmant leur exigence de voir réduit un état providence déjà exsangue et parachevée la libéralisation de la relation salariale.

        La démonstration politique de l'autisme néolibéral de l'UE est faite. Si la perspective périlleuse d’une sortie de l’euro de la Grèce se précise, la faute en est à l’acharnement des créanciers, et singulièrement à la France et à l’Allemagne. Reculer davantage ferait perdre toute consistance politique au gouvernement Syriza et affaiblirait durablement l’alternative de gauche au néolibéralisme dans toute l’Europe. Seuls un moratoire sur le règlement de la dette et l’instauration d’un contrôle des capitaux peuvent désormais lui permettre de reprendre l’initiative.

        Si la Grèce, suivie peut-être d'une Espagne où Podemos aura pris le pouvoir lors des élections législatives de novembre, venait à rompre avec les politiques d'austérité, la France sera placée devant une alternative : ou bien persévérer dans l'erreur, et voir son taux de chômage continuer sa tragique envolée, ou alors rejoindre ces pays du sud dans un projet de refondation progressiste et démocratique de l'Europe.

        La décision, à vrai dire, ne sera pas tant prise par le pouvoir en place que par les mouvements sociaux et syndicaux, qui auront l'occasion dès le 20 juin prochain de démontrer dans la rue leur solidarité avec la voie choisie par le peuple grec.

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        31 mai 2015 7 31 /05 /mai /2015 09:20

         

        L’Irlande s’inventait des euros, la BCE fermait les yeux...

         

        D’un côté l’Irlande, érigée en modèle. De l’autre la Grèce, qui s’entête à imaginer d’autres solutions à la crise que celles choisies par ses créanciers. Mais, entre le bon élève et le cancre, il existe une autre différence : la mansuétude dont le premier a fait l’objet, en 2010, lorsqu’il s’est « inventé » 31 milliards d’euros. C’est ce que révèle Renaud Lambert dans son enquête « A la recherche du prochain Syriza »(dans le « Monde diplomatique » de mai).

         

        Extrait.

        mardi 28 avril 2015

        La soutenabilité supposée de la dette irlandaise s’explique en partie par un tour de passe-passe dont on s’étonne qu’il n’ait pas davantage contrarié la Banque centrale européenne (BCE). Incapable de se financer sur les marchés pour renflouer ses banques moribondes (1), Dublin décide en 2010 d’émettre des reconnaissances de dette destinées à permettre aux établissements en difficulté de se financer auprès de la Banque centrale irlandaise. Le tout pour un montant de 31 milliards d’euros, soit environ 20 % du PIB. « Dans les faits, il s’agit d’une opération de monétisation de la dette, résume Tom McDonnell, économiste au sein de l’Institut de recherche économique Nevin (NERI). La Banque centrale a tout simplement créé 31 milliards d’euros sur un écran d’ordinateur. » Une opération réputée illégale au sein de la zone euro...

        « Il est certain que la BCE n’était pas ravie, nous confie M. Dominic Hannigan, député du Parti travailliste (centre-gauche), qui gouverne le pays au sein d’une coalition formée avec le Fine Gael (droite). Mais, à l’époque, nous avions décidé de garantir les dettes de nos banques sous la pression de Bruxelles. » En janvier 2010, l’ancien directeur de la BCE Jean-Claude Trichet avait appelé le ministre des finances irlandais de l’époque pour lui demander de « sauver les banques à tout prix ». « D’une certaine façon, poursuit M. Hannigan, l’Irlande a accepté de se sacrifier pour le reste de l’Europe. Cela méritait bien un petit coup de main ! » Le type de coup de main que la Grèce ne semble pas mériter en 2015.

        (1) Complément apporté le 11 mai 2015 : les dites banques avaient préalablement été nationalisées.

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        3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 08:23

        Un article éclairant, édifiant, sur ce que devient l'Europe. De plus en plus de citoyens s'en rendent compte, inconsciemment ou non, cela explique pour une grand part: le rejet de l'Europe, l'écho favorable renvoyé aux thèses frontistes, la "décrédibilisation" du gouvernement, la mise en retrait progressive des citoyens. Le jour ou des violences se feront jour contre les "missi dominici" européens, ce processus s'accélèrera et sera difficilement contenu même dans la contre violence. L'Europe, l'idée d'Europe est en danger. L'Europe de Bruxelles - aujourd'hui - n'a plus de crédibilité, seul le parlement présente encore quelque espoir, mais si ténu...

        Erwann MARIE

        PRG29

        La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ?

        LAURENT DE SUTTER PROFESSEUR DE THÉORIE DU DROIT, À LA VRIJE UNIVERSITEIT DE BRUXELLES ET DIRECTEUR DE LA COLLECTION «PERSPECTIVES CRITIQUES» AUX PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 10 FÉVRIER 2015 À 18:26

        TRIBUNE.

        Il est temps d’ouvrir les yeux : les autorités qui se trouvent à la tête de l’Europe incarnent un fascisme nouveau. Ce fascisme, ce n’est plus celui, manifeste et assumé, qui a fait du XXe siècle l’un des grands siècles de la laideur politique ; il s’agit plutôt d’un fascisme mou et retors, dissimulant ses intentions mauvaises derrière un langage qui se voudrait de raison. Mais la raison que manifestent tous ceux qui, aujourd’hui, se trouvent forcés de discuter avec le Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, est en réalité une raison délirante. Elle l’est sur plusieurs plans.

        Premièrement, la raison européenne est délirante sur le plan politique : chaque nouveau geste posé par les autorités de l’Europe (ainsi, en dernier lieu, celui du directeur de la Banque centrale, Mario Draghi) affiche davantage le mépris des principes sur lesquels elle se prétend fondée par ailleurs. En proclamant que les traités européens sont soustraits à tout vote démocratique, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ne l’avait pas caché : la démocratie, en Europe, n’est qu’un mot vide. Qu’il ait pointé une réalité juridique (il est vrai que les traités sont négociés entre Etats et non entre populations) n’empêchait pas moins qu’il s’agissait là d’une déclaration de renégat. Non, l’Europe ne vous appartient pas, peuples d’Europe - pas plus qu’elle n’appartient aux gouvernements que vous avez élus, si ceux-ci ne marchent pas au rythme que nous souhaitons lui voir adopter. Tel était le message que Juncker souhaitait faire passer - et qui a été entendu.

        Deuxièmement, la raison européenne est délirante du point de vue économique : ce que les autorités européennes sont en train de réaliser, c’est tout simplement la ruine d’un continent entier. Ou, plutôt : la ruine de la population d’un continent entier - à l’heure où la richesse globale de l’Europe, en tant qu’entité économique, ne cesse de croître. Les autorités économiques européennes, en tentant de tuer dans l’œuf le programme grec, pourtant d’une impeccable rationalité économique, de Yánis Varoufákis, le disent là aussi sans ambages. Ce qui les intéresse, c’est la perpétuation d’un statu quo financier permettant au capitalisme, dans son caractère le plus désincarné et le plus maniaque, de continuer à produire une richesse abstraite. Il n’est pas important que la richesse en Europe profite aux personnes ; en revanche, il est d’une importance croissante qu’elle puisse continuer à circuler - et toujours davantage. Pourtant, qu’en déséquilibrant de manière aussi radicale le système économique européen, les autorités en question risquent d’aboutir à la destruction du système capitaliste lui-même, comme ne cessent de le souligner les analystes financiers, ne leur traverse même pas l’esprit. Car, au bout du compte, il ne s’agit pas vraiment de capitalisme, ni même d’économie ; il s’agit de pouvoir, et de sa pure imposition.

        Troisièmement, la raison européenne est délirante du point de vue de la raison elle-même. Derrière les différents appels au «raisonnable», que le nouveau gouvernement grec devrait adopter, se dissimule en réalité la soumission à la folie la plus complète. Car la raison à laquelle se réfèrent les politiciens européens (par exemple, pour justifier les mesures d’austérité débiles qu’ils imposent à leur population) repose sur un ensemble d’axiomes pouvant tout aussi bien définir la folie. Ces axiomes sont, tout d’abord, le refus du principe de réalité - le fait que la raison des autorités européennes tourne dans le vide, sans contact aucun avec ce qui peut se produire dans le monde concret. C’est, ensuite, le refus du principe de consistance - le fait que les arguments utilisés pour fonder leurs décisions sont toujours des arguments qui ne tiennent pas debout, et sont précisément avancées pour cela (voir, à nouveau, l’exemple de l’austérité, présentée comme rationnelle du point de vue économique alors que tout le monde sait que ce n’est pas le cas). C’est, enfin, le refus du principe de contradiction - le fait que l’on puisse remonter aux fondements mêmes des décisions qui sont prises, et les discuter, possibilité suscitant aussitôt des réactions hystériques de la part des autorités.

        Ce délire généralisé, que manifestent les autorités européennes, doit être interrogé. Pourquoi se déploie-t-il de manière si impudique sous nos yeux ? Pourquoi continue-t-il à faire semblant de se trouver des raisons, lorsque ces raisons n’ont plus aucun sens - ne sont que des mots vides, des slogans creux et des logiques inconsistantes ? La réponse est simple : il s’agit bien de fascisme. Il s’agit de se donner une couverture idéologique de pure convention, un discours auquel on fait semblant d’adhérer, pour, en vérité, réaliser une autre opération. Comme je l’ai suggéré plus haut, cette autre opération est une opération d’ordre : il s’agit de s’assurer de la domestication toujours plus dure des populations européennes - de ce qu’elles ne réagiront pas aux mesures de plus en plus violentes prises à leur encontre. Des gouvernements qui se prétendent démocratiques ont été élus par les différentes populations européennes - mais ce sont des gouvernements dont le programme caché est tout le contraire : ce sont des gouvernements qui souhaitent la fin de la démocratie, car la démocratie ne les arrange pas. Tout le reste n’est que prétexte. Or, ce que le nouveau gouvernement grec tente de réaliser, c’est réintroduire un peu de réalisme au milieu de l’invraisemblable délire politique, économique et rationnel dans lequel baigne l’Europe - donc un peu de démocratie. Mais, ce faisant, il rend apparent l’ampleur de la crapulerie régnant dans les autres pays du continent - et, cela, on ne le lui pardonnera pas.

        Laurent de SUTTER Professeur de théorie du droit, à la Vrije Universiteit de Bruxelles et directeur de la collection «Perspectives critiques» aux Presses universitaires de France

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        17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 07:00

        Bruxelles. Communiqué de Presse de Virginie Rozière Députée européenne Radical de Gauche

        Virginie-Roziere.jpegb0f0d701-330f-4e10-a706-8b30fd153c9a.jpg

         

        Victoire de la gauche européenne :

         

        La commission des Affaires Juridiques s'oppose au tribunal arbitral du TTIP.

         

        La commission des Affaires juridiques du Parlement européen (JURI) s'est aujourd'hui prononcée contre l'intégration d'un tribunal arbitral dans le cadre du traitée libre-échange transatlantique.

        Elle a amendé le projet de rapport d'Axel Voss qui se prononçait initialement en faveur d'un ISDS. Le texte finalement adopté exclut tout recours à  ce tribunal arbitral.

        La délégation socialiste et radicale française et le groupe S&D s'étaient déjà  opposés plusieurs fois à  l'ISDS, mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats, qui permettrait un arbitrage où des multinationales pourraient remettre en cause le choix du législateur européen ou français et leurs juridictions.

        Virginie ROZIERE (PRG), seule députée S&D française siégeant en JURI, se félicite de ce résultat : "la gauche européenne s'est mobilisée pour amender ce rapport, et s'opposer à l'ISDS. La justice privée n'a pas sa place dans les différends commerciaux entre des Etats démocratiques, et il serait inconcevable qu'une entreprise, pour défendre des intérêts purement économiques, puisse par exemple poursuivre un Etat pour ses mesures sociales ou environnementales.

        Le combat n'en est pas pour autant terminé : la gauche européenne devra rester vigilante lors du vote en plénière, pour de nouveau s'opposer à  ce dispositif antidémocratique, injuste pour les Etats et dangereux pour les citoyens européens.

        Je m'opposerai personnellement à  la ratification d'un traité qui mettrait en cause les intérêts stratégiques, le modèle social et économique ou les normes sanitaires et environnementales de la France et de l'Europe." 

         

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        29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 09:37

        Assiste-t-on à l'émergence

        d'un nouveau type de monarchie de pouvoir absolu ?

         

        Oui probablement. C'est ce qui risque de détruire l'Europe, l'idée d'Europe. Les nouveaux "Marquis" et "Barons" commencent à être identifiés. Que décideront les peuples ?

         

        Article imprimé sur le site Politis.fr - URL : http://www.politis.fr/Une-etude-s-inquiete-de-l-impact,30594.html

         

        Une étude s’inquiète de l’impact de l’austérité sur les droits fondamentaux en Europe

         

        vendredi 27 mars 2015, par Lena Bjurström

         

        Un rapport sur les conséquences des politiques d’austérité dans sept pays européens dresse un constat effrayant.

         

        La crise économique et les mesures d’austérité ont eu un impact non négligeable sur les droits fondamentaux en Europe. C’est, en substance, la conclusion d’une étude réalisée pour la commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures du Parlement européen.

        Menée en Grèce, à Chypre, en Belgique, en Italie, en Espagne, en Irlande et au Portugal – des pays choisis pour représenter la diversité des situations en Europe –, l’étude note une nette détérioration de plusieurs droits fondamentaux.

        Outre l’accès à l’emploi et le droit à la retraite, les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice ont également été touchés par la crise et les mesures d’austérité.

         

        Dans les sept pays étudiés, à l’exception notable de la Belgique, le budget de l’Éducation a été sévèrement amputé. Réduction du nombre d’écoles, des effectifs enseignants (et donc augmentation du nombre d’élèves par classe), des dépenses de transport scolaire et d’entretien des écoles… Autant de mesures qui ont un impact sur l’environnement d’apprentissage des élèves et la qualité de l’éducation donnée. Des pays comme la Grèce, Chypre et l’Irlande ont également coupé, si ce n’est supprimé, de nombreux systèmes d’aides aux familles les plus pauvres, comme les allocations repas ou les fonds pour fournitures de classe.
        Les budgets destinés aux plus vulnérables sont les particulièrement touchés par des mesures d’austérité. Au Portugal, le budget destiné à l’éducation des enfants handicapés a été diminué. En Grèce, les cours d’apprentissage de la langue destinés aux enfants migrants ont été sérieusement réduits...

        « Les enfants handicapés, roms, gens du voyage, tout comme les enfants de migrants ont été affectés de façon disproportionnée par les mesures imposées », note l’étude.

         

        En ce qui concerne le droit à la santé, le constat est similaire. Conséquence directe des coupes drastiques dans les budgets des hôpitaux publics (lits, effectifs…) dans la plupart des pays étudiés, les temps d’attente pour être pris en charge ont explosé. Sept mois pour un rendez-vous dans un hôpital public à Chypre. En 2012, 570 000 personnes étaient en attente d’opération chirurgicale en Espagne, 480 000 en Irlande.

        L’étude note également une réduction des aides financières des États et, en conséquence, une augmentation des coûts pour les ménages, notamment en Grèce, où « les accords de sauvetage de la dette [du pays] ont transféré le coût de la santé de l’État au patient, avec une augmentation importante des tarifs des consultations et des médicaments ».

        De manière générale, les coupes budgétaires menacent l’accès universel aux soins. Certains groupes vulnérables ne sont plus pris en charge, comme en Espagne, où les migrants sans-papiers n’ont accès à une aide médicale que dans les cas d’extrême urgence. Au Portugal, les habitants de régions isolées ont de moins en moins accès aux services de santé, conséquence directe de la fermeture de nombreux hôpitaux.

         

        Enfin, l’accès à la justice a également été affecté par la rigueur budgétaire. Suppression d’aides juridiques, taxation des frais d’avocats… Si les conséquences de l’austérité sur la Justice semble moins importantes, l’étude rappelle que l’impact de certaines mesures ne pourra être mesuré avant plusieurs années.

        De manière générale, les politiques d’austérité menées depuis le début de la crise « ont affecté les systèmes garantissant les droits fondamentaux », note l’étude. Elle remarque également « une inquiétude grandissante » autour de ces mesures, qui « non seulement pourraient échouer à remplir leur objectif principal, à savoir contribuer à la reprise économique », mais pourraient également endommager des droits « reconnus comme inaliénables, qui n’auraient pas dû être limités par des arguments financiers ».

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        26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 15:21

        Nous reprenons ici un article du magazine La Tribune.fr  que Claudio Pirrone, économiste démocrate et radical de Gauche, nous a signalé  et qui illustre les propos qu'il nous tenait quelques jours avant la parution de l'excellent papier de Romaric GODIN.

         

         

         

         

        Beaucoup ont vu dans la liste de réformes soumises

        par le gouvernement grec à l'Eurogroupe

        un abandon pur et simple des promesses de Syriza.

        Une conclusion qui semble bien hâtive

        lorsqu'on regarde dans le détail.

         

         

        Le plan de réformes du gouvernement grec soumis à la Commission est-il un abandon du programme de Syriza proclamé à Thessalonique en septembre 2014 ? La réponse est plus complexe que la question.

         

        Syriza n'a pas le monopole de l'oubli de son programme

        Un préalable, d'abord. Aucun parti politique au monde n'a jamais respecté à la lettre son programme électoral. Rappelons que les engagements de campagne de François Hollande ont été largement revus (retour à un déficit de 3 % du PIB en 2013, mise en place d'un vrai pacte de croissance contre la ratification du pacte budgétaire, «mise au pas de la finance », etc.), mais ce n'est pas une spécialité française. Antonis Samaras, chouchou de la troïka et Bruxelles en 2012, n'a guère réussi à remplir sa promesse de réviser le mémorandum ou celle de renégocier la dette. Et même la très admirée Angela Merkel a su, en son temps, abandonner ses promesses de campagne. En mai 2010, après plusieurs mois de palabres et de cacophonie, la chancelière annonçait qu'elle repoussait sine die les baisses d'impôts promises lors de la campagne de 2009. Et malgré le retour des comptes publics allemands à l'équilibre, les contribuables d'outre-Rhin, attendent toujours la grande réforme fiscale qui supprimera la « progression froide » de l'impôt sur le revenu, c'est-à-dire le phénomène qui conduit à transférer au fisc une grande partie des augmentations de salaires. Bref, le propre de la politique est de s'adapter aux circonstances. Pourquoi exiger alors du gouvernement grec ce que l'on ne reproche pas à d'autres ?

        La pression européenne et les critères de jugement

        Il faut ensuite juger cette liste pour ce qu'elle est : un document exigé par l'Eurogroupe pour obtenir un financement de quatre mois. Dès lors que le gouvernement grec avait refusé de plancher sur une sortie désordonnée de la zone euro et avait accepté un compromis, il devait remettre en cause certaines promesses de campagne. La question est donc désormais savoir si cette liste réduit largement ou non la capacité du nouveau gouvernement à atteindre ses objectifs à long terme : rompre avec l'austérité, relancer l'économie, en finir avec le clientélisme et l'oligarchie économique. Enfin, il faut aussi juger cette liste au regard de ce à quoi la Grèce à échapper : les exigences de la troïka et le plan du précédent gouvernement présenté en novembre. C'est en ayant ces critères en tête qu'il faut examiner la lettre envoyé par Yanis Varoufakis, le ministre hellénique des Finances à Jeroen Dijsselbloem, son homologue néerlandais et président de l'Eurogroupe.

        Une lutte contre l'injustice sociale

        Premier point de cette liste de réforme : l'amélioration des rentrées fiscales et sa juste répartition. Ce point est parfaitement en accord avec le deuxième pilier du discours de Thessalonique qui prévoyait de « promouvoir la justice fiscale. » Dans sa lettre, Yanis Varoufakis promet de travailler à une « nouvelle culture de conformité fiscale afin de s'assurer que toutes les parties de la société, particulièrement les plus aisés, contribuent justement au financement des politiques publiques. » Plus loin, la lettre précise que le gouvernement entend doter de nouveaux moyens « le Secrétariat général aux Recettes publiques (GSPR), notamment les unités qui concernent les grands débiteurs et les grandes fortunes. » A cela, s'ajoute l'augmentation promise des inspections, des audits et des capacités de collecte.

        Ces différentes mesures visent clairement à viser les privilèges dont bénéficient les plus riches en Grèce. Privilèges souvent dénoncés à l'étranger, mais qui n'ont jamais été sérieusement été combattus dans le pays. C'est en réalité un défi séculaire. Traditionnellement en Grèce, en effet, la collecte de l'impôt est marquée par une réelle injustice entre salariés, contraints par la retenue à la source, et non-salariés, entre plus riches, bénéficiant de passe-droit et d'une grande tolérance de l'administration, et moins riches, moins épargnés. Cette injustice a entraîné à la fois un sentiment d'impunité de l'oligarchie et un réflexe de « défense » de beaucoup par la fraude fiscale. Syriza l'a emporté aussi sur ce programme de restauration de la justice fiscale qui avait été largement ignoré par les précédents gouvernements et la troïka et que le nouveau gouvernement grec place - pour ne pas dire - impose désormais dans l'agenda des réformes. Les Européens peuvent toujours prétendre qu'ils ont forcé la main d'Athènes, mais le fait est que, sur ce point, Syriza est en parfaite adéquation avec son programme de démantèlement de l'oligarchie.

        La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale est une lutte contre l'oligarchie

        Même constat concernant la lutte contre la fraude et l'évasion fiscale. Les précédents gouvernements avaient brillé par l'absence de vraie politique dans ce domaine. On se souvient même que la fameuse « liste Lagarde », liste de 1.991 évadés fiscaux, transmise par celle qui était encore en octobre 2010 ministre française de l'Economie au gouvernement grec, était restée lettre morte. Il avait fallu deux ans pour qu'un journaliste (par la suite poursuivi pour atteinte à la vie privée) révèle l'affaire. Mais le gouvernement était resté inactif et la troïka n'avait pas jugé bon d'exiger une quelconque action. Cette fois, la lettre de Yanis Varoufakis promet « une plus large définition de la fraude fiscale et de l'évasion fiscale, ainsi qu'une destruction de l'immunité fiscale. » Il promet d'utiliser les « innovations technologiques » et les « innovations électroniques » pour lutter contre la fraude à la TVA, notamment. Ce travail devant permettre d'éviter l'augmentation très discutable sur le plan économique de la TVA sur l'hôtellerie de 6 % à 13 % prévue par le précédent gouvernement.

        Dans ce domaine, donc, le nouvel exécutif grec est cohérent : il lutte là encore contre une oligarchie qui refuse de participer à l'effort commun depuis longtemps en Grèce. On peut ainsi se souvenir du rôle des grandes fortunes lors du régime des Colonels, mais aussi de l'accélération de la fuite des capitaux lors de l'austérité, faisant porter le fardeau de cette dernière aux plus pauvres avec la complicité d'une troïka là aussi passive. L'enjeu, comme le rappelle la lettre de Yanis Varoufakis, est donc de mieux répartir l'effort dans le pays. Et ceci est parfaitement en cohérence avec le programme de Syriza. Surtout, le mouvement est bien joué : il rappelle qu'une partie du problème ne réside pas en Grèce, mais aussi dans le reste de la zone euro où l'on tolère, voire encourage, une concurrence fiscale conduisant à « l'optimisation » fiscale des entreprises et des particuliers. La Grèce ne pourra lutter efficacement contre l'évasion fiscale que si l'Union européenne engage une réflexion dans ce domaine. Le succès des réformes grecques ne dépend donc pas toujours que de la Grèce.

        Une réforme de l'administration différente des précédentes

        Troisième chantier évoqué par Athènes : la réforme de l'administration. Là aussi, le point est en accord complet avec le quatrième pilier du programme de Thessalonique où Syriza défendait une plus grande transparence de l'administration. Durant la campagne, Alexis Tsipras a largement bénéficié d'un soutien populaire grâce à son discours anti-corruption. Et là encore, le bilan des gouvernements qui ont collaboré avec la troïka sont réduits. Les dernières années ont vu le maintien du clientélisme, notamment dans l'arbitraire avec lequel les licenciements ont lieu dans la fonction publique. Cette fois, Yanis Varoufakis entend promouvoir une « administration publique moderne » plus efficace, notamment en améliorant les procédures de recrutement, en encourageant le mérite et établir des « procédés justes pour maximiser la mobilité des ressources humaines ou autres. » Par ailleurs, la transparence des marchés publics sera améliorée, le financement des partis politiques sera mieux encadré, la contrebande combattue. L'ambition est bien de casser le clientélisme qui a trop régné au sein de la fonction publique grecque. Et on ne peut y voir là aucune trahison, bien plutôt la mise en avant des insuffisances des gouvernements précédents.

        Pour autant, le gouvernement entend en finir avec les coupes franches dans les salaires et les effectifs de l'administration. Si rien n'est dit quant à la réembauche d'une partie des fonctionnaires licenciés, si la hausse des salaires ne semblent plus d'actualité, du moins l'ambition de la troïka exprimée à l'automne dernier de couper encore dans la fonction publique ne semble plus d'actualité. Le gouvernement grec veut améliorer la grille salariale pour que, sans augmenter la facture budgétaire, les salaires soient « plus justes. » On voit encore le souci de justice sociale au cœur de ces réformes. Là aussi, la logique imprimée par le nouveau gouvernement est fort différente, quoi qu'on en dise et malgré un abandon évident de certaines promesses, des précédents gouvernements et de la logique de la troïka. Cette logique est présente dans d'autres domaines de la liste Varoufakis (notamment sur la santé ou le marché du travail où Athènes réclame le soutien de l'Organisation internationale du travail (OIT) et veut établir un équilibre entre « justice et flexibilité »).

        Trahison partielle sur les privatisations

        Concernant la question des privatisations, il y a évidemment une forte concession faite aux « institutions » : Athènes s'engage à respecter les privatisations qui ont été complétées et s'engage à achever « conformément à la loi » les appels d'offre lancés. Cette réserve est importante, car elle permet d'envisager des améliorations et de casser les processus qui auraient été marqués par de la corruption ou des procédures trop rapides. Mais surtout, le gouvernement indique qu'il va procéder à une « revue des privatisations qui n'ont pas encore été lancées » afin d'améliorer les bénéfices à long terme pour l'Etat. En validant cette phrase, l'Eurogroupe reconnaît que le programme de privatisation n'était pas forcément pertinent et que les ventes rapides à prix bradés des actifs de l'Etat étaient de mauvaise politique. Là encore, c'était un point essentiel des promesses de Syriza pendant la campagne : ne pas vendre à tout prix pour simplement « privatiser. » C'est un clair coup d'arrêt là encore à la logique de la troïka.

        L'imposition du problème humanitaire à l'Europe

        Enfin, Athènes est parvenue à faire accepter et valider par l'Eurogroupe son plan de gestion de la crise « humanitaire », autrement dit le premier pilier du programme de Thessalonique. Ceci est une victoire morale incontestable, car en ne refusant pas cette partie de la liste envoyée par Yanis Varoufakis, l'Eurogroupe a implicitement accepté de reconnaître les effets désastreux de la politique qu'il a soutenue et encouragée depuis 2010. C'est d'autant plus remarquable que le gouvernement Tsipras a conservé les ambitions de son programme : accès à l'alimentation, au logement, à la santé et à l'énergie. L'augmentation du salaire minimum est réaffirmée, même si la date de sa mise en place disparaît du programme. Mais ceci signifie-t-il un abandon de cet objectif ou son renvoi au moment où la Grèce n'aura plus besoin du financement européen ? Toujours est-il que, là aussi, l'Eurogroupe a validé le principe du renversement d'une mesure imposée par la troïka.

        Déception des électeurs ? Pas si sûr

        Evidemment, il est naturel que certains électeurs de Syriza se sentent trahis par cette liste de réformes. Mais il convient de ne pas oublier que beaucoup de ces électeurs ne se faisaient, avant les élections, guère d'illusions sur la mise en place de ce programme. Le vote Syriza a moins été un vote pour son programme de Thessalonique qu'un vote contre la logique de la troïka et contre la persistance du clientélisme organisé par les grands partis Nouvelle Démocratie et Pasok soutenus par cette même troïka. De ce double point de vue, ce qu'a imposé le nouveau gouvernement à l'Europe semble assez notable. La trahison est sans doute moins forte que celle à laquelle s'attendaient bien des électeurs.

        Si la position du gouvernement grec, toujours soumis par l'accord du 20 février, à la logique de l'ancien mémorandum et aux échéances de remboursement des dettes détenues par la BCE en juillet et août, n'est guère aisée, Athènes a su imposer plusieurs de ses priorités. Il a confirmé que, désormais, les ordres ne venaient plus des institutions, mais que le gouvernement grec pouvait déterminer une grande partie de son propre agenda, notamment en mettant l'accent sur la justice sociale. Car la politique d'austérité a fortement accentué les déséquilibres sociaux déjà considérables dans la société grecque. Comme il le recommandait avant même l'élection du 25 janvier, le gouvernement grec a remplacé l'action unilatérale de la troïka à une coopération. C'est un changement qui n'est pas anecdotique.

        Romaric GODIN LATRIBUNE.FR

        Le lien vers l'article et d'autres sur le sujet ici : link

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        29 décembre 2014 1 29 /12 /décembre /2014 16:53

        Election ratée du candidat de la commission européenne.

        Faute de président, de nouvelles législatives vont être convoquées, ouvrant la voie à l'arrivée de la gauche radicale au pouvoir. En réaction, le FMI a annoncé la suspension de son aide au pays, et l'Europe, la Commission Européenne et les banques vont faire pression. Les électeurs grecques résisteront-ils ? Le gouvernement qui s'en suivra et le président qu sera élu prendra t il la voie de l'Equateur qui fit un bras d'honneur aux financiers et experts "internationaux".

        Ce sera donc une dissolution. Stavros Dimas, l'ancien Commissaire européen candidat du gouvernement grec à la présidence de la République, a définitivement perdu, lundi 28 décembre, l'élection présidentielle devant le Parlement, ce qui implique que celui-ci sera dissous dans les dix jours, et que des élections législatives anticipées vont avoir lieu.

        Stavros Dimas, qui devait réunir 180 voix sur son nom lors de ce troisième et dernier tour, n'en a réuni que 168, soit exactement le même score qu'il y a six jours au deuxième tour (après 160 au premier tour).

        "Pas de temps à perdre"

        En fin de matinée, le Premier ministre Antonis Samaras a proposé la date du 25 janvier pour la tenue de nouvelles législatives, quelques minutes après l'annonce du résultat du dernier tour du scrutin présidentiel. "Demain [mardi] je vais demander à l'actuel président de République la dissolution du Parlement et des élections anticipées pour le 25 janvier", a indiqué Antonis Samaras. "On n'a pas de temps à perdre", a-t-il ajouté.

        La Bourse d'Athènes a cédé plus de 11% après ce résultat, les marchés redoutant désormais la possible arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza.

        Le leader du parti d'opposition, Alexis Tsipras, s'est d'ailleurs félicité du résultat, assurant que par le vote des députés lundi, le peuple a montré qu'il veut "mettre un terme aux politiques d'austérité".

        Le FMI suspend son aide

        Le versement de la prochaine tranche d'aide à la Grèce est suspendu en attendant la formation d'un nouveau gouvernement qui suivra les élections anticipées de la fin janvier annoncées lundi par Athènes, a rapidement indiqué en réaction le Fonds monétaire international.

        Les discussions sur ce versement, effectué conjointement avec les autorités européennes, "reprendront une fois qu'un nouveau gouvernement sera en place" à Athènes, a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice. 

        Selon le FMI, ce report ne met toutefois pas en péril la viabilité financière du pays, qui a renoué avec la croissance après six années de profonde récession. "La Grèce ne fait pas face à des besoins de financement immédiat", a indiqué le porte-parole du Fonds, suggérant qu'Athènes avait encore assez d'argent dans ses caisses pour faire fonctionner le pays et faire face à ses obligations financières.

        Athènes a récemment suggéré qu'elle souhaitait s'affranchir plus tôt que prévu de l'aide du FMI, qui doit en théorie s'étendre jusqu'en 2016. Le volet européen du plan d'aide devait, lui, s'achever fin 2014 mais il a été récemment prolongé de deux mois.

        Même avertissement de la part de Berlin. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a ainsi prévenu que la Grèce devrait continuer sur la voie des réformes déjà engagées, quelle que soit l'issue des élections législatives prévues fin janvier.

        "Les difficiles réformes [mises en oeuvre en Grèce depuis la crise financière] ont porté leurs fruits, elles sont sans aucune alternative. [...] Les nouvelles élections ne changent rien aux accords passés avec le gouvernement grec", a affirmé le ministre conservateur, dans une déclaration écrite après l'annonce de législatives anticipées en Grèce.

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