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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 07:03

Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat,

sur l'engagement des forces aériennes

au-dessus du territoire syrien  

Intervention de Jacques Mézard

M. le président. La parole est à M. Jacques Mézard, pour le groupe du RDSE.

M. Jacques Mézard. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, voilà tout juste un an, le Gouvernement informait le Parlement de sa décision d'engager les forces aériennes françaises en Irak, en réponse à la menace croissante exercée par Daech.

 

Le 13 janvier dernier, le Parlement, dans un large consensus, autorisa la prolongation de l'opération Chammal. Aussi est-il logique aujourd'hui d'étendre cette opération à la Syrie.

 

Lors des différents débats, le groupe du RDSE, par la voix de notre collègue Robert Hue, avait approuvé la décision du Président de la République, une approbation qui fut toutefois, je le souligne, assortie de réserves.

 

Compte tenu de l'aggravation du chaos dans la zone irako-syrienne occupée par les djihadistes, on peut aujourd'hui s'interroger sur l'efficacité des réponses apportées par la communauté internationale.

 

Je ne remets pas en cause, bien sûr, le principe des frappes aériennes de la coalition anti-Daech en Irak, qui était indiscutable pour mettre rapidement un terme à la progression fulgurante des combattants djihadistes.

 

D'abord, les autorités de Bagdad avaient demandé à la France une intervention extérieure.

 

L'instauration, au cours de l'été 2014, d'un califat terroriste sur une partie de l'Irak et de la Syrie a constitué une entreprise sans précédent et très inquiétante pour la région : al-Baghdadi a réussi là où Ben Laden avait échoué.

 

Ensuite, vous l'avez souvent rappelé dans vos interventions, monsieur le ministre, Daech constitue une menace non seulement pour la région proche-orientale, mais également pour le monde entier, notamment pour l'ensemble des pays européens, au premier rang desquels la France. Les attentats commis à Paris au début de l'année l'ont illustré tragiquement.

 

Je n'oublie pas non plus la crise des réfugiés, ce drame humanitaire qui pose un important défi à l'Europe, en termes non seulement d'accueil, mais aussi de cohésion politique. La France a pris ses responsabilités. C'est ainsi que 700 de nos militaires effectuent depuis douze mois des missions aériennes, des frappes ciblées. Saluons le courage de tous ces hommes et toutes ces femmes fortement mobilisés en soutien aux forces irakiennes !

 

Seulement voilà : cette supériorité dans les airs montre ses limites sur le terrain. De fait, si la coalition anti-Daech a évité le pire, on ne peut pas dire – soyons lucides – que la situation se soit améliorée.

 

Daech possède une capacité de résilience qui a sans doute été sous-estimée, et chacune de ses conquêtes lui ouvre une manne financière qui la régénère, ainsi qu'un réservoir humain, car les terroristes peuvent s'appuyer aussi sur une partie de la population ; ils attirent par la terreur, mais nous savons qu'une partie des sunnites, éprouvés par la politique désastreuse de l'ancien premier ministre irakien al-Maliki, n'ont pas de mal à se laisser séduire : Mossoul s'est sentie plus libérée qu'envahie. Aussi le califat irako-syrien semble-t-il avoir de beaux jours devant lui, hélas !

 

La perte de Tikrit, en mars dernier, constitue la dernière défaite majeure de Daech. Depuis lors, l'organisation terroriste a conservé Falloujah à l'est, Mossoul au nord et, à l'ouest, elle s'est installée à Palmyre, en Syrie. Résultat : nous sommes au pied du mur.

 

Alors que la question des frappes en Syrie était restée taboue jusqu'à l'été, le Président de la République a annoncé la semaine dernière des vols de reconnaissance. Autant le dire : ils sont le préambule à des frappes. Autant dire aussi qu'un revirement s'est produit dans la position française.

Les sénateurs du groupe RDSE jugent eux aussi évident que la progression de Daech appelle un coup d'arrêt. Ils sont donc favorables à l'action entreprise, mais ils savent aussi que la réponse militaire ne suffira pas ; d'ailleurs, elle a déjà montré ses limites.

Notre groupe s'est souvent exprimé sur les questions du Moyen-Orient et du Maghreb par la voix de notre ancien collègue Jean-Pierre Chevènement, dont je tiens à saluer la connaissance et la vision lucide, à laquelle nous souscrivons pleinement. Comme lui, nous considérons Daech comme un danger effroyable, qui ne saurait être combattu d'un seul côté d'une frontière devenue virtuelle ; nous sommes favorables à l'extension des frappes, en considérant, comme lui, que cette intervention n'a de sens qu'avec un minimum de coordination avec le régime syrien, ce qui ne signifie en aucune façon que l'on excuserait les dérives et les atrocités de ce dernier.

 

À ce stade de mon propos, mes chers collègues, comment n'insisterais-je pas sur le désastre de la politique menée par les puissances occidentales au Moyen-Orient, et comment ne saluerais-je pas une fois encore la sagesse dont fit preuve le président Jacques Chirac en 2003 ?

M. Bruno Sido. Très bien !

M. Jacques Mézard. Notre groupe ne s'est jamais fait remarquer par son attachement au gaullisme de la Ve République… (Sourires.) Reste qu'il est plus que temps de méditer sur la pertinence du principe de non-ingérence dans les affaires des autres États. Les peuples ont une histoire, et ces histoires sont diverses ; penser que nous allons imposer nos conceptions démocratiques par la force est une profonde erreur.

 

Certes, en Afghanistan, c'est l'URSS qui a commencé. Mais la suite n'est pas glorieuse, et voici que les talibans sont de nouveau à portée de Kaboul. Quel est le résultat de la guerre de 2003 en Irak ? La destruction totale d'un État clé dans la région, que l'Occident n'avait pas hésité à utiliser contre l'Iran. Par ailleurs, si on ne peut défendre des régimes autoritaires souvent sanguinaires, était-il judicieux de détruire en Irak et en Syrie le parti Baas, seul parti laïc dans cette région du monde ?

 

Quant aux printemps arabes, le sécateur de l'islamisme et du djihadisme en a fauché les bourgeons avant floraison. Fait-il aujourd'hui rêver un seul peuple ? Songeons à l'Égypte, où les mitrailleuses ont fait taire les manifestants pour asseoir le nouveau pouvoir, ou à la Tunisie, où, pour préserver un équilibre fragile, le concours de tous est aujourd'hui nécessaire, y compris sur le plan financier – il y a urgence, monsieur le ministre !

 

Comment pourrais-je oublier la Libye ? Kadhafi achevé dans un tunnel, ce pays avec deux gouvernements et de multiples chefs de guerre n'a désormais rien d'un État, et il est devenu un couloir de migration pour l'Afrique. Quand notre politique étrangère est inspirée par un philosophe doré, elle est fragile par définition…

 

Il est des interventions armées qui sont fondées en droit et que nous soutenons sans réserve, des interventions qui découlent de l'application de traités bilatéraux conclus par la France ou de votes de l'ONU : tel est le cas de nos engagements au Mali et en Centrafrique.

 

J'ajoute que le volet politique compte davantage que le volet militaire. En effet, il est évident que le règlement d'un conflit passe par une stratégie diplomatique claire associant tous les acteurs, dans la région et même au-delà ; une telle stratégie suppose un agenda et une concertation avec toutes les parties prenantes, hors Daech et assimilés.

 

Pour élaborer une pareille stratégie, mes chers collègues, il faut naturellement un minimum de suite dans les idées. De ce point de vue, je regrette que la position française ait évolué au gré des événements.

 

Vous nous dites, monsieur le ministre, que l'on pourrait frapper en territoire syrien, mais que ces éventuelles frappes seraient menées sans concertation avec le régime du président Bachar al-Assad. Vous nous dites aussi qu'il serait question non plus du départ de celui-ci, mais de sa neutralisation : qu'est-ce que cela signifie concrètement en langage diplomatique, et plus encore en langage militaire ? Ce nouvel objectif préfigure-t-il enfin une position plus réaliste ?

 

Ainsi que l'a conseillé Clausewitz, « il ne faut pas faire le premier pas sans envisager le dernier ». Or nous savons très bien que la stratégie de sortie devra intégrer les autorités de Damas, car tel est le vœu de la Russie et de l'Iran, qui sont, comme vous le savez, des puissances incontournables dans la région – il suffit de se rappeler pourquoi Genève 1 et Genève 2 ont échoué.

 

Ensuite, soyons honnêtes concernant les résultats de la stratégie d'appui sur les islamistes modérés – deux mots assez difficiles à accoler. Force est de constater qu'elle n'a pas fonctionné, même si elle était plus souhaitable que le jeu dangereux joué par les États-Unis avec le Front al-Nosra, qui est tout simplement al-Qaida. Qui aurait imaginé, à la fin de 2001, que les États-Unis aideraient al-Quaida ?

 

Enfin, en éteignant un incendie ici, il ne faudrait pas en allumer un autre ailleurs. Je pense à la question kurde, qui rend nécessaire la pleine association de la Turquie à une stratégie de sortie.

 

Mes chers collègues, il me semble que la paix et une structuration politique sont possibles là-bas comme ailleurs. Le monde arabe a connu son siècle des Lumières : la Nahda, dont l'esprit a été perpétué par certains partis politiques arabes.

 

Monsieur le ministre, si des frappes militaires sont nécessaires pour stopper l'avancée de Daech, je répète que les membres du RDSE y sont favorables ; mais proposez-nous aussi un scénario de sortie qui serait mis en œuvre dans le cadre de l'ONU et rassemblerait toutes les parties prenantes, je dis bien toutes. Nous vous faisons confiance, monsieur le ministre, pour agir en ce sens, au service de la sécurité régionale et internationale ! (Applaudissements sur les travées du RDSE, sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain et sur la plupart des travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 06:36

« La laïcité, écrit Eddy Khaldi, dans son ABC de la Laïcité qui vient de paraître, est un mot aux interprétations multiples et sa définition l’enjeu de querelles politiques. » Mais l’idée de laïcité devient intelligible si on situe les valeurs en jeu, ainsi que les moyens et méthodes qu’on est prêt à mobiliser pour les faire prévaloir. C’est ce à quoi s’attache ce bon manuel.

Eddy Khaldi, illustrations d’ALF, ABC de la Laïcité, Demopolis, 2015, 27 €.

Eddy Khaldi, illustrations d’ALF, ABC de la Laïcité, Demopolis, 2015, 27 €.

À la suite des générations militantes laïques qui se sont succédé aux XIXe et XXe siècles, Eddy Khaldi identifie dans la liberté la valeur cardinale de la laïcité, qu’elle soit individuelle ou politique ; d’émancipation, de création, ou d’autonomie ; qu’elle combatte les oppressions, les aliénations, ou les fanatismes haineux et débilitants… À travers la laïcité, on voit combien la liberté de choix a besoin des lumières de la raison, et on comprend qu’une république émancipée des dogmes religieux attend de ses membres qu’ils accèdent au plus haut degré d’instruction.

La première partie, Qu’est-ce que la laïcité ?, croise une approche systématique et une approche historique. Elle évite ainsi le relativisme d’une dispersion des significations de la laïcité, et le dogmatisme d’une définition simpliste. L’ABC dégage les fondamentaux de la laïcité : la liberté de conscience, l’égalité de droits, la neutralité de l’État. Il fait saisir sans détours ses contraires et ses faux amis. Il y a plus d’un siècle, déjà, Buisson ironisait sur une laïcité comblée au point d’être encombrée par trop d’amis qui l’aiment quand elle renonce à l’essentiel de ses combats… Quelques-uns des préjugés à l’encontre de la laïcité sont battus en brèche, arguments et textes à l’appui. Non, la laïcité n’est pas une exception française mais un idéal universel qui traverse les peuples et les continents. Non, la laïcité n’est pas antireligieuse pas plus qu’elle ne serait une nouvelle religion ou une multi-confessionnalité. Car la laïcité se situe sur un autre plan que les options spirituelles, religieuses, agnostiques, ou athées, relatives au sens de l’existence et au sort des défunts. Son plan est celui du droit commun démocratique, qui permet de vivre autour de l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité. L’ABC de la Laïcité fournit des repères permettant de cerner le cadre juridique de la laïcité. Il fait apparaître, références précises à l’appui, trois étapes majeures de la séparation en France d’avec les religions : celles de l’état civil, de l’école puis de l’État. Il utilise la distinction très éclairante, introduite par Catherine Kintzler, entre l’espace relevant de l’autorité publique, celui de la société civile et celui propre à la vie privée. Cette tripartition permet d’éviter des malentendus et de démasquer des dérives symétriques, qui retournent la laïcité contre elle-même, qu’elles soient xénophobes, étatiques ou communautaristes.

La seconde partie, La Charte de la laïcité à l’école, est la plus remarquable. Alors que La Charte de la laïcité à l’école est entrée en vigueur il y a juste deux ans, elle n’a pas encore été l’objet d’une appropriation par les personnels et par les élèves, pour des raisons qui tiennent autant à la politique qu’à la pédagogie. La Charte est trop souvent passée sous silence du fait d’allergies idéologiques tenaces, quoique rarement avouées, à la laïcité et à la nouvelle Charte. Il arrive aussi que la Charte soit présentée de façon si édulcorée qu’elle apparaît lénifiante, valable seulement dans un monde de bisounours. Mais les oppositions sournoises ne sont pas seules en cause. Des obstacles pédagogiques expliquent également le retard pris dans l’appropriation de la Charte par les établissements scolaires. Car il faut trouver le langage approprié pour faire réfléchir les élèves. La Charte de la laïcité ne peut être enseignée valablement que de façon… laïque. Elle ne sera en conséquence ni prêchée ni inculquée, mais expliquée, discutée ou représentée, pour être identifiée et mise à l’épreuve à partir de ses enjeux et de ses tensions vivantes. L’ABC de la Laïcité propose une approche judicieuse de ce texte : chacun des quinze articles cités est suivi d’un commentaire personnel d’auteurs spécialistes de la laïcité ainsi que de références législatives ou réglementaires. Ainsi, le difficile article 10, qui dispose qu’il appartient à tous les personnels de transmettre le sens et la valeur de la laïcité, est-il remarquablement mis en perspective par l’historien Jean-Paul Scot, qui explique que l’éducation nationale n’est pas une simple administration d’État mais une institution publique investie de la mission de transmettre aux élèves des connaissances par l’initiation à la raison et à la science, leur permettant de devenir des hommes et des femmes libres et responsables. De même, l’article 14, qui fait référence aux règles de vie dans les établissements scolaires, est-il mis en rapport à la loi du 15 mars 2004 mais aussi aux questions relatives aux sorties et à la restauration scolaires. Ces deux questions sont l’une et l’autre clarifiées, quand on aperçoit qu’un accompagnateur scolaire tient le rôle d’un contributeur au travail de l’enseignant, non celui d’un promeneur ou d’un usager. De même, les querelles qui sèment fâcheusement la discorde à propos des cantines scolaires sont dissipées si l’on n’impose pas un menu unique et si l’on opte pour la formule moderne du self service. Dans tous les cas, on aperçoit que les exigences de la laïcité scolaire ne sont en rien le symptôme d’une irréligion d’État. Elles sont au contraire pleinement « inclusives », soucieuses de la bonne marche de l’école et de l’intérêt des élèves, tout en préservant du communautarisme qui aggrave les fragmentations et les désintégrations sociales

La troisième partie, La laïcité en éducation, complète les précédentes. Est montré combien le principe d’égalité est essentiel à la laïcité de l’école, à son universalité concrète. De même, voit-on que depuis ses origines jusqu’à la Charte de la laïcité, l’école laïque a vocation à préserver la liberté de conscience de l’enfant en n’imposant aucune vision de l’existence, et en lui permettant de les connaître de façon objective. Il n’en est pas de même de l’enseignement catholique dont le nouveau statut de 2013 déclare « travailler à faire connaître la Bonne nouvelle du Salut » et que le Christ est « le fondement du projet éducatif de l’école catholique ». Pourtant, l’école catholique est financée par la collectivité publique, au moins à égalité avec l’école publique et sans disposer des mêmes obligations. On est loin des principes d’égalité et de liberté qui président à la laïcité de l’enseignement public et à la séparation des Églises et de l’État.

Eddy Khaldi se garde d’un consensualisme stérile, en assumant les discussions et même les polémiques. Il évite aussi un sectarisme désolant, en faisant converger des perspectives différentes autour d’un volontarisme laïque. En contrepoint de la liberté et de l’égalité, il insiste sur la référence à la fraternité, quelque peu désertée ces dernières décennies par les laïques qui s’étaient confortablement installés dans le cadre juridique sécurisant de l’État laïque des Trente Glorieuses. Ces laïques avaient oublié que l’édifice juridique d’égale liberté risque de s’écrouler comme un château de cartes s’il se coupe de sa base sociale concrète. La fraternité républicaine et universaliste, et non pas communautariste et exclusive, rassemble concrètement, au-delà des dogmes qui divisent. Pour cette raison aussi, le manuel de Khaldi se situe au cœur des enjeux contemporains.

On mentionnera enfin les très bonnes illustrations d’Alain Faillat, dit ALF, intelligentes et drôles, dont certaines peuvent servir de support pédagogique.
En cette rentrée scolaire, tout citoyen, enseignant, éducateur populaire ou parent, qui veut disposer d’un bon manuel sur la laïcité, actualisé et fiable, bien fourni en ressources juridiques et institutionnelles, gagnera à disposer à portée de main de l’ABC de la Laïcité.

avec l'UFAL.

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 14:41

Le monde agricole est en ébullition. La crise des éleveurs, la crise de la filière agro-alimentaire, la crise des céréaliers activée par la spéculation, ces réalités  révèlent peurs, angoisses,  de natures différentes.

 

La FNSEA ne réfléchit plus pour l’ensemble des agriculteurs, elle n’a plus qu’un mode de  raisonnement : « concentrations et subventions ». A qui profiteront les trois milliards annoncés ? Quelles conséquences ? Des milliers d’exploitations disparaîtront, des milliers de paysans disparaîtront, des chômeurs en plus pour la nation et la désertification de nos territoires ruraux s’intensifiera. Inéluctable ? Peut-être pas.

 

Car d’autres paysans ont choisis des voies différentes, en phase avec les consommateurs, avec la nature. Leurs choix de vie se révèlent favorables pour l’emploi, la qualité des produits, la protection de la biodiversité. Désormais cela se sait, cela se voit.

 

D’ailleurs une fracture s’est installée au sein même de la FNSEA, la direction actuelle tenue par les « gros » est très contestée, car contestable.

 

Dans ce « maelstrom », la commission européenne joue le jeu de l’agro-industrie, de l’agriculture concentrationnaire, s’affranchit de tout et favorise les empoisonneurs des sols, de la nature et des européens. La commission européenne pratique une politique de terre brûlée. Qui a encore des illusions sur l’action de l’institution ? Bien peu de citoyens en vérité.

Ainsi, l’opacité des négociations « secrètes » du traité transatlantique, couramment appelé TAFTA, qui ne servira que les USA et les très gros ensembles libéraux, vient renforcer la défiance de millions d’européens sur l’utilité de ce traité et le côté obscur de la commission.

 

A qui profite le crime ? Au libéralisme effréné, qui s’agite pour empêcher le bateau Europe de sombrer. Car l’Europe de la commission de Bruxelles coule, déjà le Royaume-Uni a mis les chaloupes à la mer avec son prochain référendum, l’Islande est restée prudemment  quai et si… les extrêmes droites eurosceptiques…

 

Aujourd’hui, la commission est incapable de changer de cap, les concepts d’austérité, le domaine agricole concentré, sont les seuls viatiques de la « compromission bruxelloise ». Oubliés les agriculteurs, les paysans, oubliés ceux qui veulent sauvegarder la nature, préserver la biodiversité. La FNSEA des gros pôles concentrationnaires espère bien tirer les marrons du feu.

 

Dur de poser ce diagnostic pour des Europhiles comme nous les radicaux de gauche. L’union des forces citoyennes pourrait infléchir une politique menant à la servitude.es.

La FNSEA ne réfléchit plus pour l’ensemble des agriculteurs, elle n’a plus qu’un mode de  raisonnement : « concentrations et subventions ». A qui profiteront les trois milliards annoncés ? Quelles conséquences ? Des milliers d’exploitations disparaîtront, des milliers de paysans disparaîtront, des chômeurs en plus pour la nation et la désertification de nos territoires ruraux s’intensifiera. Inéluctable ? Peut-être pas.

 

Car d’autres paysans ont choisis des voies différentes, en phase avec les consommateurs, avec la nature. Leurs choix de vie se révèlent favorables pour l’emploi, la qualité des produits, la protection de la biodiversité. Désormais cela se sait, cela se voit.

 

D’ailleurs une fracture s’est installée au sein même de la FNSEA, la direction actuelle tenue par les « gros » est très contestée, car contestable.

 

Dans ce « maelstrom », la commission européenne joue le jeu de l’agro-industrie, de l’agriculture concentrationnaire, s’affranchit de tout et favorise les empoisonneurs des sols, de la Nature et des européens. La commission européenne pratique une politique de terre brûlée. Qui a encore des illusions sur l’action de l’institution ? Bien peu de citoyens en vérité.

Ainsi, l’opacité des négociations « secrètes » du traité transatlantique TTIP, couramment appelé TAFTA, qui ne servira que les USA et les très gros ensembles libéraux, vient renforcer la défiance de millions d’européens sur l’utilité de ce traité et le côté obscur de la commission.

 

A qui profite le crime ? Au libéralisme effréné, qui s’agite pour empêcher le bateau Europe de sombrer. Car l’Europe de la commission de Bruxelles coule, déjà le Royaume-Uni a mis les chaloupes à la mer avec son prochain référendum, l’Islande est restée prudemment  quai et quant aux  extrêmes droites eurosceptiques… si elles arrivent au pouvoir, elles referont naître les funestes nationalismes.

 

Aujourd’hui, la commission est incapable de changer de cap, les concepts d’austérité, le domaine agricole concentré, sont les seuls viatiques de la « compromission bruxelloise ». Oubliés les agriculteurs, les paysans, oubliés ceux qui veulent sauvegarder la nature, préserver la biodiversité. La FNSEA des gros pôles concentrationnaires espère bien tirer les marrons du feu.

 

Dur de poser ce diagnostic pour des Europhiles comme nous les radicaux de gauche. L’union des forces citoyennes pourrait infléchir une politique menant à la servitude.

 

Jean-Pierre Bernard

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 14:02

Article de Libération

Dans une récente interview au «Figaro», le philosophe Michel Onfray fait preuve d'un simplisme polémique inquiétant, un ralliement indirect aux obsédés de l’identité. Nous avons choisi de reproduire ses propos pour ensuite les commenter et les réfuter par des arguments rationnels.

        Laurent Joffrin directeur de la publication de Libération

Les causes de ces souffrances, en tout cas, ne résident pas dans la présence d’étrangers en France. A moins de déclarer tout uniment que l’argent dépensé en faveur des étrangers est par définition retiré aux Français. Mais dans ce cas, la diatribe du philosophe a un sens : réclamer, implicitement, qu’on instaure une préférence nationale dans l’attribution des aides ou des emplois. Ainsi «le peuple» dont parle Onfray (c’est-à-dire le peuple dont il exclut les étrangers) sera rétabli dans ses droits prioritaires. Onfray pense-t-il cela, qui est la pierre angulaire du programme du FN ? Si c’est le cas, il serait honnête de le dire. Ce qui l’obligera à préciser un autre point : croit-il vraiment que la situation des Français s’améliorera notablement si la France traite plus durement les étrangers ou les immigrés ? Croit-il vraiment que si l’on faisait partir quelques millions d’immigrés (par quels moyens concrets ?), on réglerait la question du chômage, de l’équilibre de la Sécurité sociale ou encore celle des banlieues difficiles ? Si oui, qu’il le dise : le débat sera clarifié. Si non, qu’il cesse de se faire l’auxiliaire du lepénisme.

Onfray énumère un certain nombre de catégories selon lui abandonnées au profit des étrangers. Là encore les faits le contredisent. Les agriculteurs ? Ils souffrent mais personne ne peut dire qu’ils sont «abandonnés». Les dernières manifestations d’éleveurs ont débouché sur des aides substantielles versées par l’Etat, c’est-à-dire par les autres contribuables, solidaire par ce truchement du malheur paysan. Le revenu des éleveurs est constitué pour bonne partie de subventions versées par l’Europe ou par l’Etat français. La profession d’agriculteur est cogérée par les agriculteurs eux-mêmes, qui obtiennent des pouvoirs publics protections, aides et prêt à bas taux. Le salon de l’Agriculture est le passage obligé de toute la classe politique et il n’est pas un discours public qui ne rende hommage au rôle des agriculteurs dans la nation. L’abandon dont parle Onfray est un mythe complet au regard de ces réalités que le philosophe ignore superbement. La crise agricole tient à des réalités économiques qu’on peut déplorer ou dénoncer (le marché mondial, la productivité en hausse, la surproduction, les contraintes écologiques) mais certainement pas à l’indifférence de la nation envers les agriculteurs. Il serait trop long de reprendre les autres catégories citées une par une, mais là encore on s’apercevrait que la réalité n’est pas ce que dit Onfray, ce qui n’enlève rien aux souffrances dont il parle.

Si l’on parle de prestations sociales, l’argument ne tient pas. La sécurité sociale gère des assurés ; la plupart sont français et si les étrangers en bénéficient aussi, c’est pour la bonne raison qu’ils paient des cotisations, au même titre que les nationaux. Nul privilège dans ce système. Les deux seules prestations sociales spécifiques dont les étrangers bénéficient sont l’AME, qui permet de se faire soigner même si l’on est sans-papiers et le logement d’urgence prévu pour les immigrés. Mais les sommes engagées sont faibles en regard des masses financières de notre système social (même si elles portent sur plusieurs milliards). Michel Onfray veut-il supprimer ces deux types de prestation ? Si oui, qu’il le dise, au lieu de jeter un discrédit général sur la sécurité sociale, accusée de maltraiter les nationaux au profit des étrangers. On verra alors un philosophe venu de l’extrême gauche refuser qu’on soigne les sans-papiers. Onfray est-il sur cette position ? Ou bien se cantonne-t-il dans des généralités approximatives qui créent autour du FN un environnement favorable ? Quant à l’action de l’Etat lui-même, elle s’adresse à tout le monde : police, éducation, défense nationale ou équipement, ces fonctions sont remplies au bénéfice de tous, sans préférence pour les étrangers.

Ainsi nous arrivons au véritable sujet d’Onfray : Marine Le Pen. Tout l’entretien, par circonvolutions successives, tourne autour du FN et tend à rendre peu à peu légitimes ses thèses et sa politique. Ainsi Onfray en veut moins à Marine Le Pen qu’à ceux «qui la rendent possible». Qui désigne-t-il ? On devine qu’il s’agit de ceux qui la combattent verbalement, à commencer par la gauche, et qui sont accusés de mener une politique qui fait son jeu. Quelle politique ? Celle qui se livre à des «messes cathodiques» en faveur des immigrés, dixit Onfray, celle qui fait passer les étrangers avant les Français qui souffrent. Assénée de cette manière, l’affirmation ravit évidemment les lecteurs du Figaro et, au-delà, les électeurs du FN qui voient leurs idées légitimées par un philosophe médiatique venant de l’autre bord. Ainsi le gouvernement français ferait systématiquement passer les étrangers avant les Français dans la définition de ses priorités, argument repris jusqu’à plus soif par le FN avec une grande efficacité. Mais cet argument est-il juste, vrai, vérifié ? Avant de le reprendre tel quel, notre philosophe a-t-il seulement tenté de le valider ?

La réponse de Laurent Joffrin :

Michel Onfray. C’est à ce peuple que parle Marine Le Pen. Je lui en veux moins à elle qu’à ceux qui la rendent possible. Ce peuple old school se voit marginalisé alors que les marges deviennent le souci français prioritaire, avec grandes messes cathodiques de fraternités avec les populations étrangères accueillies devant les caméras du 20 heures. Si ce peuple pense mal, c’est parce que nombreux sont ceux qui l’aident à mal penser. Qu’un paysan en faillite, un chômeur de longue durée, un jeune surdiplômé sans emploi, une mère seule au foyer, une caissière smicarde, un ancien avec une retraite de misère, un artisan au bord du dépôt de bilan disent : «et qu’est-ce qu’on fait pour moi pendant ce temps-là ?», je n’y vois rien d’obscène. Ni de xénophobe. Juste une souffrance. La République n’a pas à faire la sourde oreille à la souffrance des siens.

Le Figaro. Est-ce «ce peuple» qui vote Marine Le Pen ?

En fait, quand Onfray parle de «mépris du peuple», il ne vise qu’une seule chose : l’immigration et ses répercussions sur l’identité nationale. Ceux qui acceptent ou encouragent l’immigration«méprisent le peuple» et ceux qui la combattent en sont de meilleurs représentants. Telle est l’idée de base. Le Figaro l’a bien compris, qui enchaîne aussitôt.

Il est exact d’une partie de l’extrême gauche – dont Onfray se réclamait – a focalisé son action sur les marges de la société, défendant le droit des homosexuels, des aliénés, des sans-papiers, etc. Etait-ce par mépris du peuple ? Badiou, Deleuze, Foucault, quoi qu’on pense de leurs thèses, méprisaient-ils ou méprisent-ils le peuple ? L’accusation est insultante, gratuite, arbitraire. Quant à la gauche de gouvernement, elle s’est efforcée, quoi qu’on en dise, d’améliorer la condition du peuple. Bien sûr, il s’agit de réformes partielles qu’on tient pour insignifiantes dès lors qu’on se place à des hauteurs philosophiques. Mais pourquoi juger négligeables le RSA, la CSG qui frappe tous les revenus, y compris ceux de l’épargne, les 35 heures, la couverture maladie universelle (CMU) ou bien le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt. Sont-ce des réformes «libérales» ? En aucune manière. Onfray s’en soucie d’ailleurs comme d’une guigne, rejetant dans l’enfer «libéral» toutes les politiques menées depuis 1983. Le grand échec de la gauche, c’est le chômage. Sa persistance tient-elle vraiment à un introuvable «mépris du peuple» ? En tout cas, on suppose que notre philosophe sait, lui, comment faire baisser rapidement le chômage. Sa recette, on le suppose, est tellement efficace que la gauche, par mépris du peuple, a refusé de l’appliquer…

La phrase «le peuple français est méprisé» est un pur anathème. Sur quoi repose-t-il ? Sur le virage de 1983 ? En quoi le choix européen adopté à cette époque traduit-il un «mépris du peuple» ? Ses deux principaux protagonistes, Pierre Mauroy et Jacques Delors, étaient d’origine populaire. Ils ont choisi cette politique parce qu’elle leur semblait la meilleure ou la moins mauvaise et non par mépris du peuple. On peut la contester, juger qu’elle était néfaste, dangereuse, antisociale, etc. Mais pourquoi psychologiser de la sorte cette décision qui serait fondée sur le «mépris de classe» ? Onfray stigmatise l’usage de l’émotion en matière d’immigration. Mais aussitôt, il recourt aux mêmes armes en expliquant que les artisans de la rigueur ne sont pas seulement dans l’erreur, mais qu’ils agissent par morgue ou par mépris, ce qui est faux, de toute évidence.

La réponse de Laurent Joffrin :

Michel Onfray. Le peuple français est méprisé depuis que Mitterrand a converti le socialisme à l’Europe libérale en 1983. Ce peuple, notre peuple, mon peuple, est oublié au profit de micropeuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d’après 68 – les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d’Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou. Il fallait, il faut et il faudra que ces marges cessent de l’être, bien sûr, c’est entendu, mais pas au détriment du centre devenu marge : le peuple old school auquel parlait le PCF (le peuple qui est le mien et que j’aime) et auquel il ne parle plus, rallié lui aussi aux dogmes dominants.

Le Figaro. Une partie de l’opinion publique française est réticente à l’idée d’accueillir des réfugiés. Comment analysez-vous cette réaction ?

L’idée d’une «censure bien-pensante» est une invention. Le site Fdesouche, dont on suppose qu’il n’est pas «bien pensant», selon les catégories implicites d’Onfray, remporte un grand succès, de même que Natacha Polony, Eric Zemmour, Ivan Rioufol, Elisabeth Lévy, Alain Finkielkraut, Causeur, Valeurs actuelles, ou, dans le champ politique, les partis qui se situent, avec des nuances diverses, à droite de la droite et qui ont de larges tribunes à leur disposition. Pourquoi Onfray sombre-t-il dans cette facilité qui consiste à se présenter comme un martyr de la liberté d’expression alors qu’il passe une bonne partie de son temps dans les studios et devant les micros ? Sinon parce qu’il n’ose pas vraiment exprimer des idées franchement réactionnaires et qu’il préfère les suggérer en clamant qu’on les étouffe…

De la même manière, où a-t-il vu jouer qu’un démographe qui travaille sur les taux de fécondité est aussitôt traité de raciste ? Le calcul des taux de fécondité est pratiqué tous les jours par l’Institut national des études démographiques (Ined). On n’a pas souvenir que ses chercheurs aient été traités de racistes. Pas plus qu’Emmanuel Todd, François Héran, Hervé Le Bras, ou d’autres chercheurs qui écrivent régulièrement sur les questions ayant trait à la démographie.«Nombre de questions sont devenues impossibles à poser», dit Onfray. Aimable plaisanterie : toutes les questions, dans quelque sens qu’elles aillent, sont posées toute la journée par les chaînes d’info, les sites internet, les journaux du lendemain, les hebdos, les mensuels et les revues.

Onfray se lance ensuite dans une diatribe contre ceux qui taxent de«réactionnaires» la géostratégie, la démographie et l’histoire. Mais qui sont ces procureurs ? Nul ne le sait. Qui a qualifié la démographie ou l’histoire de «réactionnaire» ? Ni Libération, ni le Monde, ni la Croix, ni France 2, ni France Inter, ni aucune radio connue, qui diffusent souvent, de surcroît, des émissions historiques de bonne qualité. Y a-t-il une citation, un document, un article, qui vienne à l’appui de cette affirmation ? Dans un procédé bien connu, Onfray attribue à des adversaires qu’il ne nomme pas des propos idiots qu’ils n’ont pas tenus et qu’il lui est ensuite d’autant plus facile de réfuter. Les polémistes usent souvent de cet artifice, destiné à se donner le rôle avantageux de celui qui revient au bon sens et à l’intelligence face à la stupidité dogmatique de ses adversaires. Problème : Onfray est censé être philosophe. Pourquoi s’abaisse-t-il en usant d’une recette aussi éculée ?

Même suggestion : la photo de l’enfant mort est une manipulation médiatique qui substitue l’émotion à l’analyse «fine, précise, argumentée, savante». L’ennui, c’est que cette idée de substitution ne repose sur rien. La position de ceux qui demandent l’accueil des réfugiés n’est pas seulement fondée sur des images ou sur l’émotion. Elle est, tout autant, appuyée par des analyses «précises, argumentées, savantes». On pense aux entretiens donnés par Patrick Weil, sociologue de l’immigration, Jean-Christophe Dumont, expert de l’OCDE, les animateurs des associations de défense des migrants, les responsables européens, à commencer par Jean-Claude Juncker, les chefs d’Etat comme Angela Merkel, les responsables du Haut-Commissariat aux réfugiés, ou encore des philosophes comme Jürgen Habermas ou des économistes comme Thomas Piketty. Onfray stigmatise un simplisme émotionnel qui n’existe pas. On peut contester l’analyse de ceux qui plaident pour l’accueil. Encore faut-il prendre en compte leurs arguments, lire leurs écrits, écouter leurs propos, au lieu de dénoncer, à tout hasard, telle ou telle photo, dans un leitmotiv anti-médias paresseux qui ne se fonde sur rien de tangible.

La réponse de Laurent Joffrin :

Michel Onfray. Oui, bien sûr. Il faut des bons mots, des petites phrases, des images chocs avec lesquelles on retient bien plus volontiers son public qu’avec une longue analyse fine, précise, argumentée, savante. Un clou chassant l’autre, ce qui est majeur un jour cesse de l’être le lendemain. La religion de l’instant présent dans laquelle communient les médias exige qu’on renvoie l’histoire à la poubelle. […] La géostratégie, la démographie, l’histoire passent pour des disciplines réactionnaires parce qu’elles disent ce qui est, ce qui a été et ce qui sera, alors que l’idéologie libérale qui domine, aussi bien sous Sarkozy que sous Hollande, préfère ce qui devrait être et communie dans ses fictions. Si un démographe travaille sur les taux de fécondité, il n’a pas encore produit un seul chiffre qu’il est déjà suspect de racisme. Nombre de questions sont désormais devenues impossibles à poser. Comment dès lors pourrait-on les résoudre ? Interdire une question, c’est empêcher sa réponse. Criminaliser la seule interrogation, c’est transformer en coupable quiconque se contenterait de la poser.

Le Figaro. L’émotion a-t-elle remplacé la raison ? Cela nous empêche-t-il de percevoir les véritables enjeux géopolitiques contemporains ?

Jeter le doute sur la photo du petit Aylan, c’est suggérer que sa diffusion est un acte de propagande subreptice destiné à faire accepter aux opinions occidentales quelque chose d’essentiellement néfaste, c’est-à-dire l’accueil des réfugiés, qui satisfera «les bobos bien-pensants» mais portera atteinte aux intérêts de la nation. Le Figaro,trop content, poursuit évidemment dans la même veine, qui consiste à affirmer que la pitié envers le petit enfant est en fait une réaction naïve, trompeuse, inconséquente, parce qu’elle obscurcit la nécessité de l’heure : limiter le plus possible une immigration dangereuse pour la France, camouflée sous la circonlocution pompeuse «les véritables enjeux géopolitiques contemporains».

Il suffisait, pour répondre à la question du Figaro, de se renseigner (sur Internet, par exemple, où des articles sérieux donnent les informations nécessaires). Pourquoi, dès lors, Onfray agite-t-il le spectre d’une manipulation que rien n’étaye ? Etrange évocation d’une fantomatique hypothèse de complot… Est-ce sérieux, est-ce rationnel ? Ou bien Onfray, gêné par l’effet supposé de la photo – une émotion compassionnelle qui incitera les gouvernants à accueillir plus de migrants – veut-il, sans trop y penser, saper cet enchaînement de causes et d’effets qu’il redoute, en jetant le discrédit sur une photo émouvante et vraie ? A-t-il réfléchi au fait que la mise en cause systématique des «versions officielles», des «émotions médiatiques», des «discours dominants» est une modalité permanente de la rhétorique complotiste selon laquelle des forces obscures manipulent par définition la conscience publique ?

Il est certes utile de rappeler que les images sont ambiguës, qu’elles peuvent frapper les esprits mieux qu’un long texte, qu’elles doivent être prises avec toutes les précautions d’usage (ce que disent tous ceux qui réfléchissent un tant soit peu au rôle de l’image depuis quelques siècles). Mais Onfray va nettement plus loin que cette banalité : il suggère avec insistance que la photo de cet enfant mort pourrait être truquée, manipulée par des moyens numériques ou que son sens aurait pu être altéré par une légende biaisée. Or, chacun peut vérifier qu’il n’en est rien. On a su très vite que la photo avait été diffusée par une agence de presse turque dont c’est la fonction, qu’elle a été prise sans aucune volonté de truquer la réalité et que cette réalité est bien celle qu’on a dite : cet enfant s’est noyé après que l’embarcation où sa famille avait pris place pour rejoindre Kos en Grèce de Bodrum en Turquie a chaviré.

La réponse de Laurent Joffrin :

Michel Onfray. Penser une photo est déjà la chose la plus difficile qui soit car on ignore tout de ce qui a présidé aux intentions et au geste du photographe : pourvu qu’elle soit bonne, une photo est toujours une idée. De plus, on sait qu’à l’ère numérique, une photo peut être une manipulation à la portée du premier venu. On ne sait donc jamais si une photo est ce qu’elle dit a priori ou ce que la légende lui fait dire. Il existe des détournements célèbres par les légendes. Ce que l’on sait, c’est que dans notre monde où n’existe plus que ce qui est montré dans un média, une photo bien légendée fait plus qu’un long discours argumenté.

Le Figaro. L’insoutenable photo de l’enfant kurde mort sur une plage de Turquie a conduit François Hollande à modifier la position de la France sur la crise des migrants. Que cela vous inspire-t-il ?

 

Citons donc les propos du philosophe, sans les tronquer, pour ensuite les commenter et – c’est du moins le but poursuivi – les réfuter par des arguments factuels et rationnels. Les questions sont du Figaro, les réponses de Michel Onfray, les commentaires de l’auteur de cet article.

 

Pour étayer ces affirmations, qui demandent à être prouvées, nous allons nous livrer à un exercice que l’on peut trouver laborieux mais qui sera intellectuellement aussi honnête que possible et qui consiste à reprendre et à commenter les derniers propos du philosophe, tels qu’il les a livrés dans un entretien au Figaro paru le 10 septembre. Cet exercice demandera au lecteur un effort et un peu de temps, mais, après tout, n’est-ce pas salutaire quand on déplore partout le règne du zapping, de la petite phrase et du clinquant médiatique ?

A lire aussi Pourquoi tant de médiaphobie chez Michel Onfray ?

Non pas qu’il soit interdit de défendre telle ou telle idée, de passer de gauche à droite, de rendre des points à ses adversaires, de répudier ses amis intellectuels et politiques, ou encore de stigmatiser ses fidélités d’origine, toutes choses qui relèvent du classique débat d’idées. Non, la tristesse vient de ce qu’on décèle désormais, dans les propos du philosophe, un simplisme polémique inquiétant, un ressentiment étrange envers les idées de gauche, un ralliement indirect aux obsédés de l’identité, un mépris des faits et une méchanceté brutale qui ressemblent plus à un règlement de comptes avec son ancienne famille qu’à une évolution intellectuelle intéressante.

Michel Onfray file un mauvais coton. On écrit cela non dans un but polémique, mais, plus simplement, avec tristesse. Onfray est à coup sûr un homme sincère, un philosophe de qualité, un esprit courageux qui n’hésite pas à braver les conformismes. Quand beaucoup se contentaient de dénonciations verbales envers le Front national, il a lancé dans la région normande une «université populaire» qui demandait effort, engagement, désintéressement, et qui a déployé au plus près des villes et des villages, là où vit la vraie politique, une pédagogie démocratique incontestable et salutaire. On n’en est que plus attristé d’observer son évolution vers la zemmourisation ou la ménardisation, tous penchants qui, franchement, ne sont pas de son niveau et qu’il faut juger comme un inquiétant signe d’époque.

 

 

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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 10:26
Marché du porc : la loi de la jungle gagne encore !

Hier, la table ronde du ministre de l’agriculture au sujet de la crise de la filière porcine, s’est tenue sans les deux premiers groupes de la fillière, qui jugent la hausse du prix du porc demandée trop élevée. Malgré tout, la cotation du Marché du porc breton devrait reprendre aujourd’hui.

Une réouverture totalement illusoire

Cela fait plus de deux mois que les éleveurs manifestent contre la baisse des cours sous le prix de revient, que certains estiment autour de 1,50 euro le kilo, alors que les prix étaient tombés à 1,23 euro. D’abord, le gouvernement a pris les manifestants à la légère, Stéphane Le Foll ayant le culot de répondre à un éleveur « c’est moi le ministre, mais moi je ne peux pas tout régler hein, un ministre n’est pas là pour décider tout ce qui se fait dans le monde », le gouvernement se contentant d’aides totalement dérisoires. Avec le maintien de la pression, le montant des aides a été revu à la hausse, le gouvernement a fixé un prix objectif de 1,40 euro, sans coercition, ce que les deux premiers acheteurs ont refusé.

Pour donner le change et entretenir l’illusion que la majorité agit, Stéphane Le Foll est venu à l’Elysée avant de tenir une table ronde avec les principaux acteurs de la filière pour essayer de rouvrir le marché breton du porc qui avait fermé du fait du refus des deux principaux acteurs, Bigard et Cooperl, de se plier au prix non contraignant fixé par le gouvernement. Toutefois, le président du marché a annoncé sa réouverture demain malgré l’absence des deux principaux acheteurs, rise-des-eleveurs/cooperl-et-bigard-qui-sont-les-deux-mastodontes-de-l-industrie-porcine_1040479.html">qui pèsent environ 40% de l’abattage de porc en France, et demandent « un retour à un prix de marché libre ». Ainsi, il n’est pas assuré que les prix se situent à 1,40 euro aujourd’hui, puisqu’il n’y a aucune mesure contraignante. ..

S’agiter pour faire semblant d’agir

En demandant aux acteurs de la filière en France de consentir librement à acheter le porc plus cher que sur les autres marchés européens, le gouvernement montre qu’il a renoncé à vraiment agir et qu’il ne propose pas de solution durable pour les éleveurs. Avec la pression des immenses exploitations de nos voisins, qui ont aussi l’avantage de salaires bien plus faibles, la concurrence est totalement déloyale pour nos éleveurs. Devant des politiques qui refusent d’agir, les éleveurs sont poussés à des actions choc pour trouver de l’aide et essayer de sensibiliser l’opinion, ce qui a poussé certains distributeurs à répliquer à la décision de Bigard et Cooperl par un boycott de leurs produits pour soutenir les éleveurs.

La crise des éleveurs est profondément symptomatique des excès des marchés non régulés. Ces derniers peuvent ruiner d’honnêtes travailleurs. Chaque acteur défend ses propres intérêts, à sa manière, dans un cadre collectif qui a renoncé à agir et ne fait plus que tristement laisser faire.

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19 août 2015 3 19 /08 /août /2015 13:13

ETATS "REBELLES" 1/4

L'Islande: une sortie de crise sans douleur

Mardi 18 Août 2015 à 5:00

Bruno Rieth

"There's no alternative" disait Margaret Thatcher, alors dame de fer du Royaume-Uni. Pourtant certains pays ont essayé et parfois réussi à imposer un autre modèle que le tout-libéralisme. Cette semaine Marianne propose un tour du monde de ceux qui ont essayé une autre voie. Aujourd'hui l'Islande, un modèle de sortie de crise sans austérité.

Manifestation d'islandais en 2009 contre la renflouement des banques. Brynjar Gauti/AP/SIPA

C’est une réalité que les technocrates et économistes européens préféreraient sans doute ne pas voir. Une épine de plus dans le pied des tenants du tout austéritaire, des adeptes de la disparition des prérogatives de l’Etat providence et des garants du sacro-saint ordolibéralisme. L’Islande, petit état insulaire situé entre la Norvège et le Groenland, prouve par sa réussite économique et sa sortie de crise, que d’autres choix sont possibles. Il n’y a peut-être que le FMI pour se réjouir d’un tel succès, lui, qui depuis quelques années, poussé par son collège d’experts "hétérodoxes" et par le constat des dégâts économiques et sociaux causés par les cures d’austérité imposées à travers le monde et leur efficacité toute relative, n’hésite plus parfois à reconnaître ses erreurs et à proposer des solutions – comme la restructuration à hauteur de 30 % de la dette grecque- qui viennent rompre avec les dogmes de l’orthodoxie économique.

Avec une croissance de 2,7 % en 2015, un chômage passé sous la barre des 5 % depuis 2013 et une inflation ramenée de 13 % en 2008 à 0,8 % en 2015 (bien en deçà des prévisions de 2,5 % de la banque centrale islandaise), le voisin nordique a de quoi faire des envieux. Et pourtant, nulle trace de son évocation dans les récents débats européens qui ont agité les experts et négociateurs en tous genres, lors de la séquence grecque. Cette absence n’est pas un hasard, loin de là même, comme nous le confiait un économiste de Bercy : « L’exemple islandais est tout ce qu’ils redoutent. Que ce soit par les méthodes employées que par les résultats obtenus. Ils ont peur que la Grèce prenne le même chemin, qu’elle sorte de l’euro et se rétablisse vite », expliquait-il en pleine incertitude sur le sort de la Grèce alors que l’hypothèse de sa sortie était encore évoquée. L’Islande, auréolée de son succès, s’est même permis d’envoyer gentiment sur les roses l’Union européenne, en annonçant en mars dernier qu’elle retirait officiellement sa candidature d’entrée dans l’UE. Quelle insolence politique quand certains piaffent encore d'impatience pour y entrer...

Que les plus craintifs se rassurent, le pays, sous le choc de la crise de 2008, n’a pas encore hissé le drapeau rouge sur Reykjavik, la capitale, ni collectivisé son économie. Elle n’a pas non plus échappé à la mise en place de certaines mesures sociales difficiles. Ni utopie, ni miracle. Les islandais ont simplement, comme l’écrivait le FMI dans un rapport de 2012 sur la situation économique du pays, « dévié de l’orthodoxie » pour tenter de trouver une alternative à la chape de plomb de l’austérité, renouant avec les méthodes de la social-démocratie à la mode scandinave.

Les excès de la financiarisation de l'économie

Depuis les années 2000, l’Islande s'était lancée tête baissée dans la financiarisation de son économie. Avec un secteur bancaire qui correspondait en 2008 à 10 fois le PIB du pays, porté par l’appétit démesuré des particuliers islandais pour les crédits, les banques de l’archipel, bien au-delà du raisonnable, multiplient les recours aux produits financiers les plus risqués dans une course folle au rendement à court terme. Résultat, lorsque le château de carte commence à s’effondrer outre-Atlantique, sous l’effet de la crise des subprimes, l’Islande se prend de plein fouet la crise financière puis économique. Le retour de bâton est particulièrement rude avec une chute de son PIB de 6,6 % en 2008 et une explosion du chômage qui passe de 1,6 à 8 % en quelques mois, l’Islande s’enfonce à vitesse grand V dans la récession. Victime de leurs excès et de leurs investissements hasardeux, les trois plus grosses banques islandaises (Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing) s’effondrent.

Mais plutôt que de les renflouer à grand renfort de deniers publics, faisant ainsi passer, comme ce fût le cas en France, le fardeau sur les épaules des contribuables, le gouvernement islandais promulgue une loi d’urgence pour les nationaliser. Les transformant ainsi en banque de dépôts pour assurer les épargnes des islandais pour ensuite les recapitaliser laissant ainsi les activés de spéculations sur le bord de la route. Par la suite, deux des établissements sont revendus à des institutions financières européennes. Mais l’Etat, dans sa reprise en main de son économie, ne s’arrête pas en si bon chemin. Les islandais, forts consommateurs de crédit, se retrouvent vite acculés par des taux d’emprunt grimpant en flèche. Pour éviter d’assister à des scénarios à l’américaine, le gouvernement contraint les banques privées à abandonner toutes les créances à taux variable dépassant 110% de la valeur des biens immobiliers. Pan sur la dette ! Et en 2010, la Cour Suprême islandaise rend un jugement déclarant comme illégaux, tous les prêts indexés sur des devises étrangères octroyés à des particuliers obligeant les banques à s’asseoir ainsi sur leurs créances de ce type. Re pan ! Des prêts particulièrement « toxiques » que les collectivités locales françaises, sous les promesses de taux d’intérêts bas des VRP de Dexia, avaient massivement investi pour se retrouver, une fois la crise venue et sous l’effet de l’envolé des courts, complétement surendettées. Enfin, pour éviter une situation de bank run (fuite massive de capitaux) et une situation d’hyperinflation, le contrôle des capitaux est instauré.

Des coupes budgétaires sans austérité

Le dos au mur, l’archipel va aussi se tourner du côté du Fond monétaire international pour demander de l’aide. Mais, à l’inverse de l’habituel chantage du versement de milliards de dollars contre des plans d’austérité drastiques, l’Islande va minimiser l’impact des mesures sur son système social tout en procédant à des réformes structurelles.

Dans un rapport de 2012, le FMI tire un bilan de ces méthodes loin de l’« orthodoxie » économique et constate que si « les réductions de dépenses ont couvert toutes les catégories budgétaires, y compris la formation et la rémunération des salariés », l’Etat a aussi fait en sorte que « les prestations sociales soient préservées dans un objectif d'après-crise de maintenir les éléments clés de l'État-providence islandais » pour « protéger les groupes vulnérables en mettant en place des réductions de dépenses qui ne compromettent pas les prestations sociales et ciblant l'augmentation des recettes en mettant davantage du fardeau fiscal des groupes à revenu élevé ». Si l’Islande a bien connu une augmentation de sa fiscalité, elle s’est surtout concentrée sur les classes les plus aisées tout en gardant un niveau de protection sociale élevée. La durée d’indemnisation du chômage a même été rallongée d’une année. Autre élément rappelait le FMI, les programmes structurels de réduction des coûts ont été fait avec « la participation des partenaires sociaux à un stade précoce des négociations », ce qui a permis d’« aider à forger une plus large appropriation ».Des choix politiques qui, selon une étude de l’OCDE, place l’Islande en tête des pays sur le front de la lutte contre les inégalités de revenus disponibles. « S’agissant des autres pays, les pertes de revenu se sont ralenties en 2011 en Estonie, en Islande et au Mexique. Dans les pays ayant mis en place des mesures fiscales visant à réduire le poids des impôts pour les ménages les plus pauvres, notamment l’Islande, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et le Portugal, le revenu des 10 % les plus pauvres a moins diminué que celui des plus riches depuis les toutes dernières années », explique ainsi le rapport.

Il faut ajouter à cela le travail de « purge » du secteur financier, résultat du travail de la commission mise en place en 2009 qui a pour objectif de chercher et d’amener devant la justice ceux qui ont eu un rôle actif dans la crise financière qui a touché le pays. Trois anciens dirigeants de la banque Kaupthing ont ainsi été condamnés en 2013.

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8 août 2015 6 08 /08 /août /2015 07:31
POUR UN NOUVEAU SOMMET EUROPÉEN
SUR LES MIGRANTS DE LA MÉDITERRANÉE

 

 

Roger-Gérard Schwartzenberg, président du groupe RRDP de l’Assemblée nationale :

 

« Depuis le 1er janvier, 2 000 migrants, dont la plupart fuyaient la guerre ou la dictature, ont trouvé la mort en Méditerranée. Dans une certaine indifférence de plusieurs États européens.

 

Certes,  l’Italie  de  Matteo  Renzi  se  montre très  active.    Certes,  la  France  accepte  d’accueillir  un  quota

de 6 700 migrants. Son action est donc positive, mais elle le serait encore plus sans les décisions contestables prises à Vintimille et à Calais.

 

Face à l’urgence, il importe de réunir un nouveau Sommet européen à la mi-août pour qu’enfin les États membres de l’Union européenne acceptent et mettent en œuvre la proposition de Jean-Claude Juncker, président de la Commission, d’accueillir 20 000 migrants selon une clé de répartition par État membre.

 

Il importe de rappeler à chacun que l’Europe n’est pas seulement un marché ou une monnaie, mais une communauté de civilisation fondée sur la solidarité. Céder à la xénophobie serait le plus sûr moyen de la renforcer. Car si le populisme gagnait aujourd’hui dans les esprits, il gagnerait demain dans les urnes. »

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 14:37

DÉGRADATION ET PROFANATION DE TOMBES :

RENFORCER LES SANCTIONS PÉNALES 

 

    

Roger-Gérard Schwartzenberg, président du groupe RRDP de l’Assemblée nationale :

« Il est particulièrement indigne de profaner ou de dégrader des cimetières, c’est-à-dire des lieux où devraient s’imposer la paix et le respect de tous.

Cependant, ces dégradations ou profanations deviennent de plus en plus fréquentes. Pour dissuader les auteurs potentiels de tels actes, il importe de modifier l’article 225-17 du code pénal et de renforcer les sanctions encourues par ceux qui se livreraient à de tels délits. » 

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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 11:57
Projet de loi relatif à la mise en accessibilité
des établissements recevant du public,
des transports publics,
des bâtiments d'habitation
et de la voirie pour les personnes handicapées

Intervention de Jean-Claude Requier - CMP
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier.

M. Jean-Claude Requier. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, nous arrivons enfin au terme de l'examen de ce projet de loi, qui permettra de donner un nouveau souffle au dispositif de la loi de 2005 et de répondre à toutes les attentes suscitées par celui-ci.

Si le vote de cette loi a été un formidable signe d'espoir pour les personnes handicapées et leurs familles, force est de constater, dix ans après, que les délais imposés étaient particulièrement ambitieux et, malheureusement, assez peu réalistes.

Cela explique que, l'année dernière encore, à peine plus de la moitié des écoles et seulement 42 % des réseaux de bus étaient accessibles aux personnes handicapées. De même, trouver des cabinets médicaux ou paramédicaux et des commerces de proximité accessibles relève souvent d'un véritable parcours du combattant. Aujourd'hui encore, les personnes en situation de handicap rencontrent quotidiennement de grandes difficultés pour mener une vie sociale comme tout un chacun.

Le constat, implacable, imposait un changement de méthode. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement mène depuis quelques années une politique volontariste pour qu'enfin notre société puisse accueillir les différences et permette à toute personne handicapée d'être un acteur de la vie sociale, culturelle, professionnelle et sportive.

Je tiens à saluer tout particulièrement le travail, reconnu de longue date, de notre collègue Claire-Lise Campion, ainsi que celui de Philippe Mouiller, rapporteur de la commission mixte paritaire.

Certes, plusieurs associations de personnes handicapées, qui attendent depuis des décennies un effort concret en faveur de l'accessibilité, déplorent les nouveaux délais et condamnent un texte qui revient sur les acquis de quarante années de réglementation en matière d'accessibilité. Bien sûr, nous comprenons leur désarroi.

Pour autant, nous tenons à rappeler que ce projet de loi ne remet pas en cause l'objectif de mise en accessibilité fixé par la loi du 11 février 2005. Cette réforme est nécessaire au maintien de cet objectif. Elle permettra d'accélérer les aménagements dans les prochains mois et d'engager un processus irréversible de réalisation de l'accessibilité universelle.

La mise en place des agendas d'accessibilité programmée et l'adaptation des dispositions techniques et réglementaires garantissent, en effet, que les objectifs de mise en accessibilité pourront être tenus et offrent aux gestionnaires d'ERP et de services de transport une solution adaptée et réaliste.

J'ajouterai que l'Association pour adultes et jeunes handicapés a estimé qu'« au vu des retards accumulés, [les Ad'Ap] apparaissent comme la solution la plus réaliste pour avancer de façon pragmatique, dans des délais resserrés » vers l'accessibilité pour tous.

Dans cette perspective, je me félicite des améliorations que chacune des assemblées a pu apporter au texte. Comme l'a souligné en première lecture notre collègue Hermeline Malherbe, « il s'agissait de trouver un juste équilibre entre les demandes légitimes d'équité citoyenne des personnes porteuses d'un handicap et les possibilités des collectivités et des établissements recevant du public de mettre en œuvre l'accessibilité ».

Mes chers collègues, je pense que le texte, tel qu'il résulte des travaux de la commission mixte paritaire, va dans le bon sens et conserve ce juste équilibre.

Nous avons davantage encadré les conditions de prorogation des délais de dépôt et de mise en œuvre des agendas d'accessibilité programmée ; nous avons abondé le fonds national d'accompagnement de l'accessibilité universelle par la totalité du produit des sanctions financières prévues par l'ordonnance ; nous avons renforcé la formation des professionnels à l'accueil et à l'accompagnement des personnes handicapées ; enfin, nous avons ouvert le service civique aux personnes handicapées jusqu'à l'âge de 30 ans.

La recherche d'un compromis entre les deux assemblées a conduit à la suppression de l'article 9, qui prévoyait une incitation financière pour les établissements recevant du public n'ayant pas encore procédé à la mise en accessibilité. C'est une très bonne chose, car, comme l'a très justement rappelé Mme la secrétaire d'État, ce dispositif revenait à accorder une prime à ceux qui ont traîné les pieds jusqu'à présent.

S'agissant de l'article 3, relatif à l'assouplissement des conditions de mise en accessibilité du parc locatif social et à la prorogation des délais de dépôt et de la durée des agendas d'accessibilité programmée, je me félicite de l'accord qui a été trouvé en CMP.

La mise en accessibilité de la cité est une attente forte et légitime des personnes en situation de handicap. C'est dans un esprit constructif que le groupe du RDSE apportera son soutien au texte élaboré par la CMP. (Applaudissements sur les travées du RDSE, du groupe écologiste et du groupe socialiste et républicain.)

C'est pas gagné.

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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 11:52
Projet de loi portant
adaptation de la procédure pénale
au droit de l'Union Européenne (nouvelle lecture)

Intervention de Jacques Mézard Président du Groupe Radical de Gauche

M. le président. La parole est à M. Jacques Mézard.

M. Jacques Mézard. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, ce qui caractérise les réactions au projet de loi qui nous est proposé, c'est d'abord l'étonnement.

En effet, nous voyons qu'un simple texte de transposition de trois directives, composé de huit articles et ayant pour objet de renforcer substantiellement la coopération judiciaire en matière pénale et de garantir l'exercice effectif des droits des nationaux, s'est transformé – il ne s'agit pas de génération spontanée ! – en un véhicule législatif porteur de quarante et un articles sans lien direct avec son objet premier, et dont certains nous paraissent particulièrement contestables. Comme cela a été dit en commission des lois, cette mutation, qui ne respecte aucunement les règles constitutionnelles basiques du débat parlementaire, est inacceptable tant sur le fond que sur la forme.

La procédure accélérée avait été engagée par le Gouvernement du fait de l'arrivée à échéance du délai de transposition ; un tel comportement n'est propre ni à ce texte ni à ce gouvernement. La transposition des directives-cadres, qui devait être effective avant le 1er décembre dernier, résulte d'une nécessité logique inhérente au principe de reconnaissance mutuelle : celui-ci ne peut fonctionner si les États membres concernés n'ont pas correctement mis en œuvre les instruments dédiés.

Trois avancées procédurales majeures, attendues par nos concitoyens, étaient proposées : la consolidation du principe non bis in idem et la reconnaissance, d'une part, des décisions relatives à la probation et aux peines de substitution, et, d'autre part, des décisions relatives à des mesures de contrôle judiciaire.

Ces dispositions, qui vont dans le sens d'une intégration toujours croissante des droits matériels et dont nous avions souligné le caractère ambitieux, ont, pour la majeure partie d'entre elles, été adoptées de manière conforme par l'Assemblée nationale. Ce ne sont pas celles qui nous préoccupent et qui expliquent que, en ce 23 juillet, nous échangions à nouveau sur projet de loi.

Lors de l'examen du texte à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a introduit des dispositions, dont certaines, je l'ai souligné, sont très contestables, au mépris – il faut le dire, monsieur le secrétaire d'État – du bicamérisme, auquel nous vous savons pourtant très attaché personnellement, puisque vous avez été député et sénateur ; vous êtes l'exemple type du parlementaire ayant connu et aimé nos deux assemblées ! (M. le secrétaire d'État sourit.)

Ces dispositions ont été introduites, disais-je, au mépris du bicamérisme et du débat démocratique, dans une matière qui est loin d'être anodine, car elle soulève des questions de principe : la procédure pénale. Elles appellent, pour nous, plusieurs sortes de commentaires.

L'article 5 septdecies A fait suite à l' « affaire de Villefontaine ». Or la création législative française en matière de droit pénal a été très prolixe, tout autant que brouillonne, ces dernières années. Monsieur le secrétaire d'État, je me souviens de ce que nous disions ensemble – vous étiez alors sénateur – de certaines lois d'un précédent gouvernement : nous les qualifiions de « lois médiatiques », adoptées en réaction à des faits divers ; l'une d'entre elles avait par exemple été votée à la suite de morsures de chien…

Vous vous éleviez, plus encore que moi, contre ces lois médiatiques ! Je vous vois cependant, aujourd'hui, faire comme les gouvernements d'avant 2012. Vous me répondrez peut-être que c'est l'exercice du pouvoir qui l'exige, mais ce qui n'était pas bon il y a trois ans ne saurait le devenir aujourd'hui. Je m'efforce pour ma part de faire preuve de constance dans mes positionnements.

Cette politique pénale réagissant à l'actualité est la partie émergée, publique, d'un iceberg beaucoup plus important : l'édifice pénal. Celui-ci doit garder sa stabilité, sans succomber aux assauts du réchauffement de l'actualité, pour un plus grand respect des libertés publiques et de nos concitoyens.

Monsieur le secrétaire d'État, il est nécessaire que l'Assemblée nationale entende la sagesse du Sénat. Le procédé qui a été utilisé n'est pas bon. Il existe d'ailleurs des risques d'inconstitutionnalité, voire d'inconventionnalité. À tout le moins, si le texte était adopté en l'état, il aurait des conséquences inacceptables, tant sur le plan des principes que pour la vie de nos concitoyens.

Quant à la suramende destinée à financer l'aide des victimes – j'en terminerai sur ce point –, le projet de loi prévoit qu'elle sera calculée à partir du montant des amendes pénales et des sanctions pécuniaires prononcées par certaines autorités administratives indépendantes.

Ce matin, en compagnie notamment de notre excellent collègue Pierre-Yves Collombat, je participais aux travaux de la commission d'enquête sur les autorités administratives indépendantes, dont je suis le rapporteur, et dans le cadre de laquelle nous organisons en ce moment des auditions chaque semaine.

Or vouloir financer l'aide des victimes au moyen de la suramende prononcée par l'Autorité des marchés financiers, l'Autorité de régulation des jeux en ligne, l'ARJEL, ou l'Autorité de la concurrence, c'est tout de même une drôle d'idée, monsieur le secrétaire d'État !

M. Pierre-Yves Collombat. C'est ingénieux ! (Sourires sur les travées du RDSE.)

M. Jacques Mézard. Vous qui avez si bien rapporté une commission d'enquête à l'Assemblée nationale sur un sujet de droit pénal majeur, monsieur le secrétaire d'État, je m'étonne que vous puissiez aujourd'hui venir défendre une telle mesure devant le Sénat de la République. Ce n'est pas possible, et vous allez sans nul doute nous annoncer que le Gouvernement renonce à cette idée ! (Sourires.)

Je tenais, mes chers collègues, à développer ces quelques propos, afin d'exprimer l'opposition de notre groupe au texte, adopté par l'Assemblée nationale, qui nous est aujourd'hui soumis. (Applaudissements sur les travées du RDSE, de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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