Je n'invoquerai que deux motifs un purement objectif, voir même scientifique, l'autre purement politique, et je dirais barycentrique, pour justifier un potentiel soutien à Benoit Hamon.
Le premier est que contrairement à tous ces élus et élues qui dérivent vers Emmanuel Macron il n'est pas possible de soutenir un mouvement de "marcheurs" qui vont dans des directions politiques opposées. Un mouvement comme "En Marche" nécessite des sympathisants ayant la même ligne bleue des Vosges en ligne de mire. Certes ils pourraient nous répondre avec leur emphase et aussi leur mépris que la grandeur du pays est leur seul but et que de toutes façons je cite "les français et les françaises les comprennent". Qu'allez faire dans cette galère qui va s'avérer ingouvernable ou alors avec un gouvernement hétéroclite composé de politiques déjà anciennement placés et de tout bord!
Mais comprennent-ils que dans leur programme il n’y ait que peu d’allusion à l’agriculture (2 paragraphes sur 96), à la pêche, à la santé (5 points sur 96), à l’écologie (2 paragraphes sur 96), à la transition énergétique (1 paragraphe sur 96), à la culture ? Comprennent-ils qu’en 30 pages et 12 chapitres, la réflexion de fonds occupe 12 paragraphes sur 96 et ce programme n’est en fait qu’un catalogue de propositions (en majorité économiques) couteuses et à financer ? Comprennent-ils que les propositions sur l’Europe (10 paragraphes sur 96) sont caduques puisque l’unanimité est nécessaire pour faire bouger « le monstre » ? Il apparait que ce programme n’est qu’un « listing » de doléances glanées au cours des déplacements de campagne présidentielle. Le candidat ne part pas avec un programme, il revient avec son programme. La démarche n’est pas négative même plutôt une forme de démocratie participative non argumentée certes et facile. Il est aisé d’accepter tout ce dit et de faire un programme à partir de rien ou plutôt du tout des autres.
Le second est plus profond. Il me semble que les valeurs des radicaux de gauche sont plus proches de Benoît Hamon que d'Emmanuel Macron. Il est vrai que cela indiffèrent beaucoup de nos élus ou élues actuel(le)s qui pensent plus à l'endroit où ils poseront leurs fesses que l'usage qu'ils feront de leur cerveau. Cependant tout être sage est celui qui évolue.
Dans ce programme très factuel avez-vous remarqué que sur 96 points, 8 parlent directement d’argent et 16 indirectement ? Et certains points sont déjà en application. Pouvoir d’achat, formation, apprentissage, coût du travail, précarité, dialogue social, transition environnementale, système de retraite, fraude fiscale, travail détaché, incivilités, laïcité, langue française, discrimination, moralisation de la vie publique, participation des citoyens sont des mots-clés qui « claquent » sans qu’il y ait une réflexion de fond. Quid de la santé publique, de l’instruction publique, des luttes contre l’inflation déguisée et contre la pauvreté croissante, d’une réforme en profondeur de nos institutions, de la protection sociale des seniors, du renforcement des services publics en milieux urbain et rural ? Non au soutien de l’investissement privé ! Non au renforcement de l’autonomie des universités menant quasiment à leur privatisation ! Non au passe-droit concernant la laïcité à l’université ! Non au marché unique européen de l’énergie et donc au risque de monopole ! Non au statuquo des normes nationales face aux normes européennes affaiblissant la qualité des produits « made in France » ! Non à la mainmise sur les services publics ! Non au protectionnisme des parlementaires par d’autres parlementaires ! Non à l’unicité dans l’offre des transports privilégiant les grandes lignes !
Quant au programme de Benoît Hamon, il y a dedans une philosophie, à savoir presque un modèle de société allant au delà du quinquennat. Il vogue déjà vers la VIème république et le « Futur désirable » et s’axe sur le Progrès social et l’écologie, une République bienveillante et humaniste, une France indépendante et protectrice. Conscience d’un modèle de développement respectueux de l’homme, prise de conscience de l’environnement comme bien commun, rapport au travail, combat contre la raréfaction du travail, nouveau modèle économique et professionnel, droit universel à la formation tout au long de la vie et de un. 49-3 citoyen, démocratie participative, implication du citoyen, réforme du sénat, transition vers la VIème république et de deux. Nouveau contrat politique pour l’Europe autour de la défense européenne, transition écologique, convergence européenne sociale et fiscale, Gauche des libertés, Droit de mourir dans la dignité et de trois. Ces expressions-clés reflètent une vision à longue portée qui porte un pays vers une amélioration de sa destinée sans oublier ses citoyens et citoyennes avec le Revenu universel d’existence, l’économie sociale et solidaire, la taxe robotique, la création de nouvelles filières de formations, la présence au futur Sénat, la lutte contre le terrorisme…
A la lecture de ce programme un élan, une dynamique aussi bien fondamentale que pragmatique ressort et nous mène vers une remise à plat de ce qui est pour aller vers un nouveau modèle de société et de république. Le vouloir c’est bien. Mais le pouvoir dépend de la volonté d’un homme et aussi de l’efficacité d’un groupe en symbiose avec ce programme et majoritairement dépourvu de toute ambition carriériste dont le choix judicieux, précoce et annoncé va surement apparaître comme moteur pour la réussite de cette élection présidentielle 2017.